Tout mon travail, comme metteur en scène, en répétition, est profondément marqué par l’approche meyerholdienne du théâtre. Il importe alors, pour l’interprète, de la saisir pour mieux aborder le texte, la pièce, la scène, le jeu. Et de l'assimiler rapidement pour évoluer efficacement dans ces paramètres qui peuvent dérouter.
Que serait alors une schématisation du jeu meyerholdien? Bien sûr, il y a, associé au grand metteur en scène, les principes de la biomécanique, mais celle-ci pourrait se poser en d’autres termes tel que l'illustre l'image ci-haut.
Que dit-il, ce schéma? Et bien c’est simple (en apparence!): le jeu part d’un stimulus qui excite le comédien en scène et qui agit comme un catalyseur, un activateur de réaction qui oblige l’interprète à se commettre complètement dans une action pour répondre à ce stimulus et à attendre – une attente dynamique, il va sans dire! – le prochain stimulus qui l’entraînera dans une autre réaction, etc.
Cette effet de causalité prend sa source dans un stimulus originel (un stimulus zéro) qui embraye cette mécanique et qui fait s’incorporer les chaînes de jeu les unes dans les autres: la réponse de l’un à un stimulus devient stimulus de l’autre, etc.
C’est approche dynamique implique donc un va-et-vient constant entre l'action et la conséquence (l’action-réaction). Ce qui me fait privilégier un type de jeu résolument séquentiel : une chose à la fois, dans un ordre et un rythme précis, qui s’imbriquera dans celui du partenaire et vice-versa.
Dans ce type de jeu, deux choses sont fondamentales: le comédien doit, d'une part, savoir parfaitement ce qu’il a à faire sans se fier sur personne, sans être à la traîne, sans ralentir l'action ni la rendre brouillonne. D’autre part (et simultanément, pour être plus exact), il doit être capable de coordonner ses faits et gestes dans l'ensemble, dans un rapport constant à l'autre, à l'objet, à l'espace. Une parfaite maîtrise gestuelle dans une écoute collaborative. Bref, il lui faut être autonome dans un tout exigeant.
Une dichotomie nécessaire tout comme le fait de posséder sur le bout des doigts mots et actions au point où, pendant l'interprétation, une mécanique interne – la mémoire du corps – portera le spectacle: le mot appelle le geste qui appelle le mot qui appelle le geste, qui appelle etc.
Ce jeu séquentiel, pour bien fonctionner, ne supporte aucune hésitation, aucun doute. Une fois qu’il est lancé, rien ne peut l’arrêter. C’est un jeu qui ne pardonne pas et qui comporte la faille de sa force : un réel risque de se figer dans une exécution vide.
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