mercredi 6 mai 2009

Du théâtre érotique...

Le théâtre des marionnettes amoureuses, eau-forte de Félicien Rops

J'ai déjà émis le souhait d'écrire, de mettre en scène un véritable théâtre érotique... Un théâtre des sens. Un théâtre de la chair et du désir. Un théâtre aux relents de phéromones et de jeux sulfureux. Un théâtre du corps à corps, de la lubricité, du sexe.

Je parle ici d'une véritable recherche scénique. D'un travail de rigueur et d'investissement... afin de surpasser le simulacre et la caricature pour verser, de plein pied, dans une théâtralisation de l'acte... sans vulgarité...

Les plumes d'auteurs talentueux mises au service de situations grivoises ou franchement obscènes font du Théâtre érotique français du XIXè siècle un recueil pétri d'humour et de drôlerie, véritable mine pour les lecteurs et, qui sait, les metteurs en scène audacieux. A côté de textes anonymes ou signés de pseudonymes dont les personnalités ne furent jamais percées à jour, on trouvera également l'étonnant « Théâtre érotique de la Rue de la Santé ». Chefs-d'oeuvre d'une certaine notoriété comme La Grisette et l'étudiant d'Henry Monnier, Les Jeux de l'amour et du bazar de Lemercier de Neuville, La Grande symphonie des punaises de Nadar et Charles Bataille (fantaisie jouée sur une musique composée par Offenbach!), mais aussi des pièces peu connues et jamais rééditées. Guy de Maupassant lui-même contribua à ce genre littéraire en écrivant A la feuille de rose, Maison turque, pièce qu'il qualifiait « d'absolument lubrique » et à la représentation de laquelle il convia un public prestigieux Tourgueniev, Zola, Daudet et Edmond de Goncourt, entre autres. Flaubert, parlant de cette pièce, lançait cette invite toujours d'actualité : « j'ai vu la répétition. Ce sera superbe. Vous vous amuserez énormément. »

Représentée dans la plus stricte intimité, ou dans des maisons closes, cette littérature clandestine précède de bien loin le "théâtre érotique" contemporain. Désormais, seule l'exhibition des corps y fait office d'écriture, et l'obscénité de style de prédilection. (Dico de l'amour)

À l'époque de la performance, du post-dramatique, de la surexposition de corps de toutes sortes, des spectacles parfois controversés (je pense entres autres au saisissant Un peu de tendresse bordel de merde de Dave Saint-Pierre), jusqu'où serait-il possible d'aller? Jusqu'où le public suivrait?
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Pour une idée de cette curiosité théâtrale, lire Histoire du Théâtre érotique de la rue de la Santé.

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