Ai assisté hier à la dernière présentation de Filles de guerres lasses de Dominik Parenteau-Lebeuf... projet de fin de maîtrise de Josée Laporte.
D'emblée, le projet est fascinant: une quarantaine de participants dans 4 lieux différents... et des textes magnifiques. Josée Laporte y trouve là une riche matière pour construire des ambiances et des atmosphères en lien direct avec les points de rencontre. Elle y contraint, dans un même petit espace et les spectateurs et les interprètes pour y modifier la perception du temps et du théâtre.
D'emblée, le projet est fascinant: une quarantaine de participants dans 4 lieux différents... et des textes magnifiques. Josée Laporte y trouve là une riche matière pour construire des ambiances et des atmosphères en lien direct avec les points de rencontre. Elle y contraint, dans un même petit espace et les spectateurs et les interprètes pour y modifier la perception du temps et du théâtre.
Icône 1 : Vive la Canadienne !
Ce premier tableau se passe dans la forêt... enfin, dans une coulée derrière le Pavillon sportif de l'UQAC. Tous assis autour d'un feu, les spectateurs sont encerclés par des bruits étranges puis, par des soldats. Des proies. Et de dessus la colline apparaît une femme (excellente Vicky Côté) qui entreprend dans un même souffle une narration rhapsodique où elle règle ses comptes avec sa mère (Chantale-Éric Dumais) et décrit toute l'horreur d'une initiation perverse. Des voix s'élèvent également du public pour faire écho à ses paroles.
Retour ensuite vers ce qu'il est convenu d'appeler l'aquarium de la cafétéria de l'UQAC... petite salle vitrée.
Icône 2 : Vices cachés
Un endroit clos, immaculé. Des femmes frottent dans un mouvement déchaîné, pendant qu'une (Sara Moisan) s'immobilise sur la table, en proie à une fixation terrible de propreté... qui se mue en sécheresse. Une rupture puis une folie. Laver. Se nettoyer l'âme et pourtant, surprise, un rat. Un gigantesque rat déambule dans ce lieu javelisé. De ce huis-clos est exclus le public qui regarde par les fenêtre. Le tout sur fond sonore contrôlé par Janine Fortin (et j'y reviendrai).
Icône 3 : Nacre C
Le hall du Pavillon des arts transformé en galerie d'art érotico-contemporaine. Des tableaux. Arrive, chantonnant, une femme exquise (mon premier coup de coeur, Sara Létourneau, d'une justesse surprenante et d'une beauté sans pareille), muse d'un grand peintre. Cette marque de déférence envers elle se transforme rapidement en tyrannie de la beauté et de l'orgueil de l'homme. Pour se soustraire à ces sourires et ces poses, elle développe une maladie qui la fait disparaître: elle se couvre de nacre peu à peu. Malheureusement, ce problème accentue la pression sur elle. Un partition pour deux intense et troublant qui se termine par un grand fracas.
Icône 4 : Catwalk, sept voix pour sept voiles.
Un grand défilé de mode sis sur la frontière de la Palestine et d'Israël. Un grand défilé moderne au son d'une DJ excentrique (mon autre coup de coeur, Janine Fortin... avec une voix et une présence superbe) qui commente. Une jeune fille (Jessyka Maltais Jean) sur le catwalk... et une chute. Du public s'élève alors et la mère qui crache sa honte (Maude Côté) et le tailleur mégalomnae (Gabriel Fortin) et l'oncle troublé (Éric Laprise) et le juif heureux de cette gaffe (Pierre Turcotte).
Voici à quoi était convié le spectateur.
Quatre espace pour des réceptions différentes... qui bien que chacun offre un rapport au théâtre spécifique, demeurent somme toute construits sur le même schéma: réciprocité des uns et des autres en parlant des spectateurs avec des actants-spectateurs parmi eux. Construits sur le même schéma et pourtant divergents... dû à l'atmosphère? Peut-être. Du au lieu même? Assurément.
Une expérience fort intéressante qui me demande encore de la réflexion! Du théâtre stimulant.
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