lundi 18 avril 2011

Devant la parole...


Depuis quelques semaines, je suis à la recherche d'un nouveau rapport au texte, d'une nouvelle façon de l'aborder en tant qu'interprètes (terme générique qui regroupent, à mon sens, metteurs en scène, acteurs et concepteurs) à partir, essentiellement, de deux grandes questions: quel est le rôle du texte? quelle est le rôle de la parole?

Dans cette quête toujours un peu plus inaccessible se retrouve, sur mon chemin, une série de réponses plus philosophiques les unes que les autres...

Dans cette même veine, voici un petit extrait (en p.20) d'un ouvrage de Valère Novarina, Devant la parole, qui édifie -bien métaphoriquement!- la fonction du langage, de la parole, et donc, par extension théâtrale, du texte à la scène.

La parole se souvient, annonce et transmet; elle nous traverse et passe par nous sans qu'on sache. Les mots ne sont pas des objets manipulables, des cubes agençables à empiler, mais des trajets, des souffles, des croisements d'apparences, des directives, des champs d'absence, des cavernes et un théâtre de renversement: ils contredisent, il chutent. La langue ne saisit rien, elle appelle - non pour faire venir mais pour jeter de l'éloignement et que vibre de la distance entre tout; elle prend sans prendre, éloigne-rapproche; elle maintient loin et touche. Il y a une dynamique verbale, une physique-antiphysique, un drame géologique de la parole. Le langage est une terre, un sol: ici sont des ondulations, là des traces, des failles; ici des soulèvements, des entrailles, des plis; là des effondrements, des gouffres; ici des poussées. La langue est une matière innommable, invisible et très concrète, sédimentée. Elle bat, elle ondule, va et vient. On est dedans comme dans le théâtre de la matière universelle.

Quel beau programme.




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