J'aime bien lire les grands pourfendeurs du théâtre qui ont parsemé son histoire tout au cours des siècles. Des pères de l'Église aux moralisateurs des Lumières, s'attarder sur ces écrits et ces pensées résolument négatives donne à percevoir toute la charge qu'a eu (et que devrait avoir encore) l'art dramatique.
L'un de ceux-ci, Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, contemporain de Molière et illustre orateur y va, dans Maximes et réflexions sur la comédie (écrit en 1694... qu'on peut retrouver ici), de son grain de sel contre cette plaie de la société qu'est le théâtre:
L'un de ceux-ci, Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, contemporain de Molière et illustre orateur y va, dans Maximes et réflexions sur la comédie (écrit en 1694... qu'on peut retrouver ici), de son grain de sel contre cette plaie de la société qu'est le théâtre:
Je crois qu'il est assez démontré que la représentation des passions agréables porte naturellement au péché, quand ce ne seroit qu'en flattant et en nourrissant de dessein prémédité la concupiscence qui en est le principe. On répond que, pour prévenir le péché, le théâtre purifie l'amour ; la scène, toujours honnête dans l'état où elle paroît aujourd'hui, ôte à cette passion ce qu'elle a de grossier et d'illicite; et ce n'est, après tout, qu'une innocente inclination pour la beauté, qui se termine au nœud conjugal. Du moins donc, selon ces principes, il faudra bannir du milieu des chrétiens les prostitutions dont les comédies italiennes ont été remplies, même de nos jours, et qu'on voit encore toutes crues dans les pièces de Molière ; on réprouvera les discours, où ce rigoureux censeur des grands canons, ce grave réformateur des mines et des expressions de nos précieuses, étale cependant au plus grand jour les avantages d'une infâme tolérance dans les maris, et sollicite les femmes à de honteuses vengeances contre leurs jaloux. Il a fait voir & notre siècle le fruit qu'on peut espérer de la morale du théâtre qui n'attaque que le ridicule du monde, en lui laissant cependant toute sa corruption. La postérité saura peut-être la fin de ce poète comédien, qui, en jouant son Malade imaginaire ou son Médecin par force, reçut la dernière atteinte de fa maladie dont il mourut peu d'heures après, et passa des plaisanteries du théâtre, parmi lesquelles il rendit presque le dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez
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