jeudi 3 novembre 2011

L'oeuf ou la poule: une question d'esthétique...

Image de produits vestimentaires tirée de ce site.

En lisant la revue Alternatives théâtrales (le même numéro - janvier 97 - dont il était question dans le billet précédent) je suis tombé sur cet entretien d'Olivier Besson avec le comédien Nicolas Pignon qui décrit un problème fort intéressant quand on y pense... et qui remet en cause une certaine façon de travailler... façon qui est pourtant quasi une norme dans le milieu théâtral:

Le problème est que la plupart du temps, le travail se fait trop vite. De ce fait, les décisions esthétiques sont le plus souvent prises avant la première répétition avec les acteurs. Les maquettes du décor et des costumes sont faites, et n'évolueront plus. Or avec les répétitions, les choses changent, parce qu'elles vivent.

Point de vue intéressant... bien que le contraire demanderait une logistique plus complexe: plus de temps et surtout, de l'espace...

[...] Il faudrait qu'en répétition, tout le monde répète, pas seulement les acteurs, mais le décor, les objets et les costumes aussi. Le travail théâtral est intéressant lorsque c'est mouvant, quand ça évolue.

Il y a donc là un appel à une construction esthétique plus intrinsèquement liée à la scène dans sa globalité (incluant la mise en scène et le jeu de l'acteur), plus essentielle... Une construction esthétique qui se pense non pas en amont des répétitions mais au cœur même de celles-ci.

[...] Si les éléments esthétiques du spectacle ne répètent pas avec les acteurs, ils ne vivent pas, et deviennent des principes, des signes du sens, des images dans l'air du temps. Ce n'est pas pour rien qu'on retrouve la même esthétique dans les spectacles d'une même époque: ça ne fait que répéter des préoccupations partagées, des codes connus et souvent même éculés.

Bien sûr, cette position est un peu radicale et voit le travail de conception complètement immobile, figé... sur lequel sera plaqué le travail d'interprétation. Ce n'est, bien sûr, pas tout à fait ça...

Cependant, il y a là plusieurs éléments qui se posent pour développer un nouveau rapport à la scène... dont le refus (et l'impossibilité) du travail sectoriel. Il y a là un tout - le théâtre! - qu'on ne peut fragmenter.

Ce n'est donc pas l'œuf ou la poule mais plutôt l'œuf et la poule: l'un est dans l'autre et vice-versa.

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