Sarah Bernhardt par Hans Makart, 1881
Il fut une époque où les auteurs et les poètes célébraient les acteurs de belle façon. Il faut dire qu'en ce temps, les scènes théâtrales étaient le royaume de grands monstres sacrés de leur vivant.
Voici, en exemple, un sonnet écrit par Edmond Rostand (qui lui a écrit de grands rôles) dans le cadre d'un grand banquet d'auto-célébration qui a eu lieu en décembre 1896.
En ce temps sans beauté, seule encore tu nous restes,
Sachant descendre, pâle, un grand escalier clair,
Ceindre un bandeau, porter un lis, brandir un fer,
Reine de l'attitude et Princesse des gestes!
En ce temps sans folie, ardente, tu protestes!
Tu dis des vers, tu meurs d'amour, ton vol se perd!
Tu tends des bras de rêve... et puis des bras de chair,
Et quand Phèdre paraît, nous sommes tous incestes...
Avide de souffrir, tu t'ajoutas des cœurs!
Nous avons vu couler, car ils coulent tes pleurs!
Toutes les larmes de nos âmes sur nos joues!
Mais aussi, tu sais bien, Sarah, que, quelque fois,
Tu sens furtivement se poser, quand tu joues,
Les lèvres de Shakespeare aux bagues de tes doigts.
Wow! Quelle lisibilité!
RépondreSupprimerQuant au sonnet, quelle ferveur fin de siècle!
N'est-ce pas?
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