L'une des choses que je trouve difficile à mettre en scène, c'est le silence... ce moment suspendu qui doit rester accrocher à l'ensemble. C'est là un réel problème quant à sa durée. Pour l'interprète, c'est le faire «trop» ou «pas assez». Les techniques pour avoir un silence constant sont nombreuses... mais jamais tout à fait efficaces (comme compter dans sa tête, se fier à l'ampleur d'un geste, d'un déplacement, etc.). Il faudrait presque, au théâtre, avoir une notation comme celle ayant cours en musique (et illustrant ce billet)...
Voici, sur le même thème, ce qu'en dit Philippe Torreton dans son délicieux Petit lexique amoureux du théâtre paru en 2009 chez Stock:
S comme Silence.
C'est ce que l'on craint le plus lorsque l'on débute au théâtre, un feu de plancher en guise de talent. Plus tard, il deviendra un rendez-vous, un partenaire indispensable, un autre texte.
Il faut laisser du silence au silence.
[...] Tourner sept fois son envie d'en découdre dans le noir de la salle avant de répondre à votre partenaire, oser réfléchir, écouter totalement ce que l'on vous dit et faire confiance, différer certains mots, toutes ces choses que l'on fait naturellement dans la vie et que l'on met toute un vie à retrouver sur scène.
Le silence a une durée de vie exacte, et c'est cette durée qu'il s'agit de retrouver exactement.
Elle s'inscrit entre la fébrilité et la complaisance.
Il y a donc du vide de chaque côté du silence.
Je l'ai déjà dit mais je le réitère: c'est un petit bouquin qu'il fait bon lire... Ce Torreton écrit sur le théâtre avec une telle intimité (il est comédien-français) qu'on ne peut que s'y reconnaître à chacune de ses phrases...
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