Dans ses écrits sur le théâtre (publiés en français sous le titre Le théâtre libéré), Alexandre Taïrov rapporte (p. 32) cette amusante anecdote:
Connaissez-vous la vieille fable d'Esope que Coquelin cite comme ayant été vécue? À la foire, un bateleur imita le grognement d'un cochon de lait et le fit si habilement que tous, transportés d'enthousiasme, se mirent à l'applaudir très fort. Alors, un paysan paria qu'il crierait aussi bien: il cacha sous son manteau un cochon de lait vivant et se mit à le pincer; le cochon, naturellement, poussa des cris perçants, mais on siffla le paysan. «Que voulez-vous! dit Coquelin, le cochon criait fort bien, sans doute, mais il criait sans art.»
[...] Il y a deux vérités, celle de la vie et celle de l'art. Certes, par endroits elles se recoupent, mais dans la majorité des cas la vérité de la vie est un mensonge dans l'art et, inversement, la vérité de l'art sonne faux dans la vie.
Le Coquelin en question est l'un des grands comédiens de l'histoire du théâtre (1841-1909). C'est lui qui sera le premier Cyrano de Rostand. Il sera de beaucoup d'autres créations illustres. Le portrait qui illustre ce billet (de Raimundo de Madrazo y Garreta peint en 1879) le représente dans le rôle de Don Cesar de Bazan du Ruy Blas de Hugo.
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