samedi 29 août 2020

Les archives théâtrales saguenéennes

 

Le théâtre est éphémère et du coup, sa mémoire (à long terme) pose un sérieux défi de conservation. De décennies en décennies, que de noms, que de troupes, que de projets sombrent dans l'oubli.

Pourtant, chaque projet, chaque production, chaque événement laisse dans son sillage des documents papiers (photos, affiches, programmes, croquis, budgets et demandes de subventions), un dossier de presse, une captation. Souvent, tout est là: de l'idéation à la réalisation en passant par les crédits des artistes et partenaires. Une solide mine d'informations plus souvent qu'autrement inaccessible (parfois inconnue quand il s'agit de spectacles plus anciens)... ou, à tout le moins, dispersée! Une partie de celle-ci est assurément disparue...

Le tout est rangé tant bien que mal dans des classeurs, des boîtes... chez d'anciens participants (pour les troupes aujourd'hui disparues) ou au sein d'organismes qui manquent de plus en plus d'espace. Et le temps fait son oeuvre... aidé parfois par des envies de ménage et de soulagement spatial!

Chacun (artiste et organisme) pourrait s'ouvrir un fonds d'archives, il va de soit. 

Mais il pourrait aussi y avoir plus... 

J'ai déjà évoqué (et d'autres aussi) la création d'un fonds d'archives pour le théâtre régional (ceci dit, il en existe déjà certains). Un fonds d'archives constitué en concertation. Un fonds d'archives créé et entretenu par des professionnels, dans des conditions professionnelles. 

Dans un monde idéal, ce fonds pourrait contenir de multiples sources:

  • de nombreux documents: photos, affiches, programmes, croquis, budgets et demandes de subventions, captations (sur différents supports dont plusieurs seraient à numériser!);
  • ceux des troupes anciennes (plus difficiles à récolter, mais certaines personnes ont encore de ces éléments au fond d'un album ou dans une boîte à souvenir);
  • ceux des compagnies actuelles, actives ou non;
  • ceux d'artistes indépendants et de concepteurs;
  • ceux des institutions scolaires (université, cégeps, séminaire, polyvalentes);
  • des entrevues avec des artisans, des artistes de la première heure pour garder une trace tangible de l'histoire;
  • des artéfacts (comme des costumes significatifs, des accessoires remarquables, des maquettes);
  • une liste faisant la recension de fonds théâtraux déjà existants et les liens pour y accéder.

Le but serait d'abord de réunir une masse d'informations (la plus exhaustive possible) sur le milieu théâtral régional tout en permettant une préservation optimale des souvenirs d'un milieu dynamique. Par la suite, par son accessibilité, ce fonds serait disponible pour les chercheurs, les historiens intéressés à dresser l'évolution de la pratique théâtrale ici en région éloignée... à tracer les contours de sa professionnalisation, par exemple... Enfin, d'un point de vue romantique (!), ce serait aussi donner à ce qui se fait aujourd'hui et ce qui se fera demain, un ancrage historique, une continuité.

Comme artistes, comme praticiens, comme organisations, il est de notre responsabilité de nous assurer de mettre en place les mécanismes nécessaires à une transmission de la mémoire théâtrale...

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