vendredi 25 juin 2021

Credo meyerholdien

Je suis, encore une fois, un fervent admirateur de Vsevolod Meyerhold, metteur en scène russe de la première moitié du XXième siècle, depuis le moment où, dans une bifurcation soudaine de ma maîtrise au début des années 2000, il est devenu le principal objet de mes recherches. Ce blogue en est d'ailleurs rempli.

Oui il y a le cliché meyerholdien de l'acteur biomécanique... de ce jeu codifié, saccadé, presque automate... Mais c'est réduire sa vision a bien peu. C'est autrement plus développé. Avec de multiples ramifications.

Ce grand metteur en scène combattif s'est réinventé, du Théâtre d'Art sous la direction réaliste et tchekhovienne de Stanislavski (1896-1905) au symbolisme du théâtre de Véra Kommisarjevskaïa (1906-1908)... des grands théâtre impériaux et de la proclamation du théâtre de la convention aux expérimentations grotesques de son alter ego, le Dr Dapertuito (1908-1918)... de son Octobre théâtral révolutionnaire faisant entrer le théâtre de plein pied dans le constructivisme, la biomécanique, la réécriture des classiques  et la quête de pièces soviétiques (1917-1935) jusqu'aux grands projets entravés, inachevés (1936-1939)...

Entravés, inachevés parce qu'avec la montée en puissance du stalinisme, Meyerhold - par ses prises de position, sa fougue, son caractère - devient une figure à abattre et dès 1936 (qui marque un tournant décisif bien que les obstacles s'enchaînent depuis une décennie au moins), ses jours sont comptés comme l'indique ce petit encadré paru dans La Presse, le 18 décembre 1937:


La menace sera grandissante... et mènera à la fermeture définitive de son théâtre en 1938, à son arrestation en juin 1939 et à sa fusillade en février 1940.

Oui, Meyerhold c'est , pour une bonne part, cette histoire tragique. 

Mais c'est aussi une œuvre colossale, marqué par des spectacles majeurs. Toujours en mouvement. Qui n'hésite pas à se questionner. À critiquer. À tout remettre en cause. À sortir du cadre.

Le texte et le travail avec l'auteur. La place du metteur en scène. L'espace... tant scénique que du bâtiment lui-même. L'esthétique. Les courants artistiques. Le jeu du comédien. La musique. La technique (dans le sens d'utilisation - interdisciplinaire avant le terme! - des moyens technologiques contemporains comme le cinéma, la lumière). La mise en place de groupe, de masses. Le rôle politique du théâtre. Chaque élément a été pensé. Repensé. Revisité. Rejeté. Remplacé. 

Mais parmi toutes ces (r)évolutions des constantes majeures. Le texte (intégral ou remanié s'il le faut) doit être porteur de forces dynamiques, rythmiques. Le metteur en scène doit les transcrire dans une forme scénique efficace. L'acteur doit y mettre à profit sa virtuosité et sa performativité. Pour résumer en peu de mots, c'est redonner/préserver au théâtre sa théâtralité. 

Peut-être est-ce seulement mon interprétation. Qui sait... Mais c'est ce qui me fascine le plus chez-lui. C'est ce qui m'intéresse comme praticien. Et à chaque production que je fais, je finis par y revenir. Comme un ancrage artistique. Comme pour prendre du recul, réfléchir à ce que je veux. 

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