C'est cette semaine que j'ai pris officiellement la direction du Théâtre Les Amis de Chiffon. Je suis parti, lundi matin, avec mon carton d'objets personnels (on ne déménage pas sans apporter sa tasse à café et ses pantoufles de travail faites par Sophie Châteauvert!) et mon trousseau de clés alourdi pour m'installer dans mes nouveaux espaces, pour faire mon intégration dans cette vénérable institution qui célèbre, en 2024, son demi-siècle d'existence!
L'arrivée dans un organisme culturel - c'est ma cinquième expérience après le 100 Masques, la SALR, le Côté-Cour et le FMC - reste toujours pareille, avec la fébrilité de se fixer des objectifs opérationnels, la stimulation d'entreprendre un nouveau chapitre, l'enchaînement des projets dans la tête, la période un peu chaotique où tous les dossiers s'empilent et demandent une prise de possession rapide, la rencontre des collaborateurs et la mise en place d'un nouveau fonctionnement. Il y a aussi, dans ce cas, le poids d'être à la hauteur de l'Histoire du TAC et de ses générations d'artistes et de petits spectateurs... de quoi ficher de l'anxiété même au plus endurcis.
Alors j'ai triché pour avoir une entrée en poste performante!
Il faut savoir que comme tous les organismes culturels soutenus à la mission par le CALQ, le TAC doit déposer une nouvelle demande pour couvrir le prochain cycle (2024-2028). L'échéance approche à une vitesse grand V: le 1er février (ce qui me laisse, si mon compte est bon, 23 jours)!
Dès la confirmation de mon embauche, en décembre, je me suis donc attelé à trois tâches majeures:
- lire et faire le tri de quantité de documents liés au TAC (rapports annuels, documents constitutifs, états financiers, courriels de direction) pour avoir une idée du positionnement actuel de l'organisme avant de m'attaquer à la demande (qui comporte une bonne part de reddition);
- établir une ébauche cohérente de programmation (d'objectifs) sur quatre ans pour savoir où je veux amener le TAC;
- et enfin, budgéter la première année (2024-2025) - et prendre du coup la mesure des différents paramètres édictés par les grandes associations comme l'UDA, l'AQAD et l'APASQ - parce qu'il me faut m'assurer que mes projets soient viables financièrement.
Depuis lundi donc (jour où s'est notamment tenu mon premier conseil d'administration pour faire approuver mes orientations et me donner les outils pour avancer), je suis dans la rédaction à temps plein. Mais je ne m'en plains pas: j'aime ce type d'exercice de rationalisation et de projection que je perçois comme une mise en scène de l'organisme où s'entremêlent forme (structure, organigramme, programmes) et contenu (projets, objectifs, discours), conception (manières de nous y prendre) et distribution (au sens large de qui fera quoi). Ça aura le mérite de m'avoir fortement imposé la réflexion du pourquoi de mon intérêt et de mes visées.
Finalement, les pages se noircissent allégrement, avec plus de facilité que ce que je craignais!
Au point où je me suis même permis d'entreprendre une autre tâche importante: faire de la place (physique et mentale!) en triant les documents qui emplissent armoires, bibliothèques, classeurs et chemises pour faire éventuellement (et certainement) un dépôt d'archives! Cinquante ans, ça en laisse, des traces! Futile? Pas vraiment. Là aussi, c'est un labeur (presque nécessaire) qui m'intéresse et me plaît parce qu'il me permet une plongée drastique et fichtrement efficace dans les méandres de l'organisme, de m'en constituer - presque par osmose! - un bagage de connaissances intimes qui me serviront tout au long de mon parcours avec le TAC!
Me voilà donc à mon premier weekend de ma nouvelle vie!
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