samedi 13 juin 2009

Le Médecin malgré lui [quelques notes]

La distribution du Médecin malgré lui du Théâtre 100 Masques:
Marc-André Perrier, Émilie Jean, Alexandre Larouche, Martin Giguère
Mélanie Potvin, Pierre Tremblay, Jérémie Desbiens (photographie: Erika Brisson)

La photo qui illustre ce billet montre, outre la distribution, un premier essayage de quelques costumes de la production en cours.

Ce premier véritable essayage - avec en prime, un filage complet de la pièce... - permets de vérifier la cohérence des choix, les ajustements à faire, la façon dont les costumes tombent sur les corps en mouvement...

Là réside peut-être le plus grand problème des costumes... dans beaucoup de productions (et dans la photo ci-dessus!).

Les costumes ne sont pas des vêtements. En fait, pour être plus juste, je devrais dire que ceux-ci sont plus que des vêtements! Les costumes participent à la construction du personnage. Ils sont, en quelques sortes, une véritable architecture et doivent donc être portés comme tel... Encore plus! Si nous prenons pour acquis que la psychologie, les sentiments, la réflexion et les questionnements font l'endo-personnage (l'intérieur), les costumes en sont l'exo-personnage (l'extérieur).

Ainsi, les costumes réclament (et là, souvent, le bât blesse!) une tenue de la part des acteurs, du tonus et une rigueur dans la façon de se mouvoir. Une conscience d'être non pas vêtu mais revêtu! Le costume au théâtre constitue un système de signes qui a trois fonctions: 1- dire le théâtre en exhibant un élément essentiel (sauf exception) de la différence entre le théâtre et la vie de tous les jours; 2- dire l'individu dans la particularité de la personne avec une insistance sur le corps, ses particularités anatomiques et sa gestuelle; 3- assurer ou conforter la référence, référence à l'histoire, à la classe sociale, ou même à l'histoire du théâtre. [...] Le costume, outre ses fonctions dans le récit, est aussi un élément dans les constructions artistiques que propose la scène, en relation de formes, de couleurs, de mouvements avec les éléments du décor; le costume est bien évidemment une part dans la construction des images scéniques. (Anne Ubersfeld, Les termes clés de l'analyse du théâtre, p.22)

En d'autres termes, les costumes ne servent ni à cacher le corps ni à réchauffer. Les costumes sont une œuvre en soi.

Pour en revenir à notre production, c'est le temps, désormais, des négociations et des apprentissages entre les acteurs et leurs costumes!




3 commentaires:

  1. Tu dis «Si nous prenons pour acquis que la psychologie, les sentiments, la réflexion et les questionnements font l'endo-personnage (l'intérieur), les costumes en sont l'exo-personnage (l'extérieur).»
    Mais il me semblait que le costume avait une double influence... sur l'intérieur ET l'extérieur. Suis-je dans le champ?

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  2. En fait, non, tu n'es pas dans le champ! Il est évident que le costume influence le jeu...

    Je me suis peut-être mal exprimé dans mon billet...

    Le sujet en est plus le costume comme architecture, comme structure... et il ne tient pas (assez) compte de l'influence qu'il procure...

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  3. Oui, bon, je ne suis pas certain de comprendre comment le costume est architecture...
    Mais ce à quoi je pensais c'est à la façon dont le costume est un signe en lui-même, perçu par le spectateur, mais aussi par le comédien. En le pensant de cette façon, le costume porté par un comédien pourra influencer sa manière d'être le personnage, le rapport entre le joueur et le joué...
    C'est tout cet habillage (là je ne parle pas seulement du costume mais de tout ce qui habille le texte lors de la mise en scène) qui fait qu'on ne se trouve jamais devant la même oeuvre, devant les mêmes personnages, quand on va voir la même pièce montée par différents artistes.
    Je pense, par exemple, à la différence qui pourrait intervenir entre Les Reines montées avec des costumes royaux, et Les Reines montées avec des strings (j'exagère, c'est pour l'image, qui me plaît sans doute un peu plus qu'à toi). Selon moi, ce ne serait pas que la perception des spectateurs qui changerait (ce que je comprends être l'exo-personnage); les comédiennes ne pourraient pas incarner leurs personnages de la même manière.

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