J'ai relaté, dans un billet précédent (ici), le chambardement provoqué par l'implantation du CALQ en 1994. Une implantation chaotique, sur fond de crise de gouvernance, à très forte connotation montréalocentriste...
Une époque tumultueuse!
D'une part, cette nouvelle créature, le CALQ, était le fait du Ministère de la Culture (qui venait de se voir accoler le et des Communications) dirigé par Liza Frulla et qui coïncide avec la fin du règne libéral (1985-1994), le rejet de l'Accord du Lac Meech, les négociations constitutionnelles, la remontée en flèche du nationalisme. Les passions sont exacerbées.
Le premier conseil d'administration est composé de 13 membres (tous de la Métropole... dont une seule provenait des régions). Inutile de dire que de multiples voix se sont élevés contre le biais naturel qu'aurait l'organisme envers la grand'ville.
Une tempête parfaite se lève avec l'arrivée des premiers résultats à l'automne 94: c'est l'hécatombe culturelle dans toutes les régions.
Avant le CALQ, les subventions proviennent essentiellement des directions régionales (du Ministère de la Culture et du Ministère des Loisirs (et de la Chasse et de la Pêche) qui gèrent des enveloppes et redistribuent les montants. Le CALQ fait, en quelques sortes, disparaître ces enveloppes et centralise l'octroi par jury de pairs (eux aussi provenant essentiellement des grands centres).
Les intentions sont bonnes. Mais la réalité frappe de plein fouet. Au Saguenay, le CALQ modifiera de façon assez importante la composition du milieu théâtral. Qui défend la culture dans les régions? Quelle valeur a-t-elle? Qui se préoccupe des contraintes et des réalités régionales? Qui connaît ce qui se fait dans les régions? Quel avenir culturel pour elles?
Suite aux nombreuses critiques (souvent vitrioliques) et au changement de gouvernement, lui aussi fort critique, la direction générale part dans le courant de 95 et de nombreuses tribulations s'accumulent en vue de son remplacement. Et tout ça, alors que se succéderont non pas un mais bien quatre ministres péquistes de la Culture en mois de douze mois: Marie Malavoy, Rita Dionne-Marsolais, Jacques Parizeau, Louise Beaudoin.
Bref, une crise de confiance majeure ébranle le CALQ dès sa mise en place.
Les nombreux articles de l'époque sont fort éloquent: la culture et son Ministère deviennent un élément discordant dans le monde politique d'alors (par ailleurs centré sur le second référendum).
Les mois qui suivent les résultats de ce premier concours seront déterminants pour le CALQ: une grande tournée dans les régions, de multiples communications, une révision de ses politiques et de son fonctionnement...
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