mercredi 18 janvier 2012

Les trois fonctions dramaturgiques

Mon assiduité sur ce blogue est mise à mal par les temps qui courent. Il faut dire, à ma décharge, que le temps me manque pour monter les dossiers nécessaires à l'avancement du Théâtre 100 Masques et la préparation de mon cours, Dramaturgie et mise en scène.

D'ailleurs, pour tenter de bien cerner ce qu'est la dramaturgie (dont la notion est mouvante selon les théoriciens et autres sémiologues...), j'en ai fait un tableau synthèse qui en trace les trois grandes et principales fonctions.



Si l'on tente de donner une définition toute simple, la dramaturgie est la compréhension d'une oeuvre en vue de son appropriation et de son interprétation.

dimanche 15 janvier 2012

Au théâtre, cette semaine! (du 15 au 21 janvier 2012)

 
Est revenu le moment de reprendre ces calendriers hebdomadaires des pratiques théâtrales régionales... après une pause pendant laquelle aucune activité publique n'a eu lieu.

Ça reprend doucement, mais sûrement!
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Mercredi - 18 janvier 2012
Salle Lionel-Villeneuve (Rob.), 19h30

Le Théâtre Mic Mac reprend ses activités de lectures publiques. Tout au cours de l'année, diverses équipes présentent des textes québécois contemporains dans une véritable mise en lecture théâtralisée. Un bon moyen de découvrir ce répertoire. Cette fois, c'est au tour du Porc-Épic de David Paquet: Cassandre est belle, drôle et seule. Aujourd’hui, jour de son anniversaire, elle préférerait être belle, drôle et entourée. Commence alors une chasse aux invités – personnel travaillant au dépanneur du coin et autres inconnus croisés par hasard – qui la mènera bien plus loin qu’elle ne le croit. Agréable mélange d’absurde, d’humour noir et de poésie, ce texte est une tragédie festive où les genres comme les gens s’entrechoquent et s’apprivoisent sur le chemin de la solitude, de l’ouverture et de la vulnérabilité, car peut-on toucher sans être piqué?

De merc. à samedi - du 18 au 21 janvier 2012
Salle Murdock (Chic.), 20h

Le Théâtre du Faux Coffre reprend une nouvelle fois le solo de Diogène, Les lectures de Diogène. Pastiche des spectacles-lectures de Fabrice Lucchini, ce solo se construit (pour le plus grand plaisir des spectateurs) autour d'un roman écrit par un jeune Martin Giguère, âgé de 9 ans et des poussières. Dès qu'il est question des Clowns noirs, il vaut mieux réserver soit par Facebook (sur la page de l'événement), soit par téléphone, au 418-698-3000 poste 6561.

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C'est ce qui se passera cette semaine. Il se peut que j'oublie des trucs (ou pire, que j'en ignore l'existence!). Si c'est le cas, il est possible de faire des ajouts via les commentaires.

samedi 14 janvier 2012

Les lettres de noblesse du rire


Petite incursion, ce matin, dans le monde du rire... grâce à l'ouvrage Coulisses de bourse et de théâtre de Messieurs Edmond Benjamin et Henry Buguet, publié en 1882 (qu'on peut retrouver ici) et dans lequel il est fait une certaine analogie entre ces deux univers que sont, évidemment, la bourse et le théâtre. 

Un chapitre consacré à l'art dramatique s'intitule Les révélation d'un chef de claque (de ces personnes chargées de forcer, en quelque sorte, le succès d'une pièce). On y retrouve toute une nomenclature des rires selon les situations:

Dernièrement un chef de claque fameux nous racontait qu'il avait été le premier à inventer le rire de convention. Voici comment il expliquait sa théorie, c'est-à-dire la manière dont il rit à certaine partie d'une pièce pour encourager ses claqueurs à faire mousser les passages à effet:

D'après lui, il y a cinq espèces de rires, basés sur les cinq voyelles de l'alphabet. Le rire en A, le rire en E, le rire en I, le rire en 0 et le rire en U.

Le rire en A, c'est le rire fin, provoqué par un trait d'esprit. Il signifie : ah! ah! ah! que c'est joli, que c'est délicat!

Le rire en E, c'est le rire gai, provoqué par une forte saillie. Il signifie : eh! eh! eh! que c'est plaisant, que c'est drôle!

Le rire en
I, c'est le rire d'attendrissement provoqué par une grosse bêtise. Il signifie : ih ! ih! ih ! que c'est amusant, que c'est farce!

Le rire en 0, c'est le rire de la franche gaîté, provoqué par une balourdise. Il signifie : oh! oh! oh! que c'est rigolo, que c'est épatant.

Enfin, le rire en U, c'est le simple sourire provoqué par un mot à double entente. Il signifie : uh ! uh ! uh! cela va tout seul; cela se comprend ce n'est pas mal! 


Fallait y penser.

vendredi 13 janvier 2012

Un nouveau Villeneuve...

Pour ou contre ce média «alternatif» qu'est Saguenay Ville en action? La réponse importe peu. Je tenais à montrer cette capsule, juste pour noter, au passage, que l'éclairage de cette «nouvelle» exposition a été réalisé par Alexandre Nadeau, éclairagiste de son état. Le seul. L'unique.




jeudi 12 janvier 2012

Une première définition «néo-maniériste meyerholdienne»

Le néo-maniérisme meyerholdien revient, en quelque sorte, en une approche résolument formelle et physique  des trois pôles théâtraux que sont la littérarité, la théâtralité et la performativité

En d'autres termes, ce néo-maniérisme meyerholdien vise une matérialisation concrète (et non hiérarchique...) de son rapport au texte (comme moteur dramatique générateur de tensions, de décalages, de rythme), de son rapport à la scène (comme esthétique motrice et dynamique), de son rapport au corps (comme paramètres de jeu, de potentiel événementiel, de liberté).

Maintenant, ça donne quoi? On y revient:


Dans sa quête de parfaite harmonie de l'ensemble théâtral, le néo-maniérisme meyerholdien doit (nécessairement?) se retrouver au centre de ce schéma (soit dans la petite partie rouge).

Maintenant, que signifie «une approche physique, matérielle, concrète» du texte, de la scène ou du jeu? Ça reste encore à voir... mais c'est si simple sur papier...

mercredi 11 janvier 2012

Pause «ecce mundienne»


Reviendra? Reviendra pas?

L'annonce a été faite hier: le spectacle à grand déploiement Ecce Mundo des Farandoles (pas du théâtre mais quand même dans la catégorie «art de performances») ne reviendra pas l'été prochain. Une pause décrétée par le conseil d'administration après la diminution des assistances (voir ici une partie de l'article du Quotidien).

Une autre victime de la désaffection du public pour ces grands spectacles. Un peu partout au Québec, dans les régions où de telles productions prenaient l'affiche, le constat est similaire: ce type de spectacles n'attire plus pour diverses raisons. Effet de mode passé. Spectacles gratuits ailleurs. Durée dans le temps.Outre ces éléments, qu'est-ce qui peut être en cause? La forme même? La qualité du spectacle? Je ne saurais me prononcer... après tout, il y a si longtemps que je ne l'ai vu...

Il y a aussi quelques années que la Fabuleuse (et feue sa suite, Les aventures d'un Flo) se débat avec le même genre problème en réussissant année après année pourtant (mais pour combien de temps encore?) à revenir sur les planches...

Quelque chose cloche manifestement... mais il semble que les bonnes questions ne sont pas toujours posées...

Manifestement, nous sommes rendus ailleurs dans l'offre culturelle. Alors, on tire la plogue et on passe à autre(s) chose(s)?

lundi 9 janvier 2012

Le critique (suite)

 Critique d'art (Honoré Daumier)

Et je continue, ce matin, avec la suite du billet d'hier portant sur le critique, tiré de l'ouvrage Le Théâtre d'aujourd'hui, paru en 1855 sous la plume d'Auguste Muriel. Et si hier l'auteur faisait part de ses aspirations, il se lance maintenant dans une diatribe contre le critique. Pittoresque.

[...] Pour faire un critique dans un journal de théâtres, vous prenez un jeune homme qui a fait à peu près ses études. Du moment où il sait écrire l'orthographe il est capable de remplir cette noble tâche; vous ne le payez pas et vous avez parfaitement raison, c'est l'estimer à sa valeur. Ce qu'il veut, c'est avoir ses entrées, soit pour obtenir un coup d'œil protecteur des actrices parce qu'il est riche, soit pour assister gratis au spectacle parce qu'il est pauvre; quelques-uns ont pour motif le désir de se mettre bien avec les directeurs pour leur écouler leurs vaudevilles et leurs drames. Vous donnez à ce jeune homme une liste des abonnés du théâtre dont il fait la critique; c'est le livre d'or ; il lui est interdit de toucher à ceux qui y sont inscrits. Il doit savoir choisir dans le dictionnaire une épithète qui reste accolée à leurs noms, comme celles-ci par exemple : X... le délirant comique; la ravissante B... ; le sublime C..., etc., etc. [...]

Il est généralement persuadé de son importance et tâche d'avoir une mise particulière qui le fasse remarquer des spectateurs. — II mettrait volontiers son nom sur son chapeau. Il va au café du théâtre et tranche les discussions des habitués sur la.pièce nouvelle avec une insolence qui en impose aux niais. —Détestable! — ravissant! il ne sort pas de là ; mais le motif de ce résumé d'appréciation? Pour qui le prenez-vous? Il décide, cela doit vous suffire.


Au reste, il faut avouer que les artistes et, le directeur aident beaucoup à propager cette espèce de critiques. [...]


Pauvres jeunes gens qui perdent le temps de l'étude à griffonner du papier sans utilité pour leur style, sans honneur pour leur avenir. [...]
Mais il faudrait pouvoir donner des conseils; pour cela il faudrait apprendre, étudier, et la jeune littérature a bien autre chose à faire, elle aime bien mieux écrire sans s'inquiéter de ce qu'elle écrit, cela fatigue moins, demande moins de travail, et puisque le public ne s'en plaint pas, qu'importe!

Le plus dangereux de ces critiques est celui qui subit telles ou telles influences, impose son amour pour un article, et se fait le serviteur du premier nez au vent qui excite sa convoitise. [...]

Et pourtant ces jeunes ignorants qui s'arrogent le droit de juger les autres de par leur porte-monnaie, sont cependant plus amusants que méprisables ; le malheur est que beaucoup de gens se laissent prendre à leurs analyses et entourent encore du même respect la critique et ses pitres ridicules qui se disent ses représentants. [...]

Il y a une autre espèce de critiques; celle-là est cent fois plus méprisable que l'autre; qu'on vende
ses louanges pour une somme ou un abonnement, on ne porte préjudice qu'à soi-même, et l'on n'a de comptes à rendre qu'à sa conscience; mais exhaler sa rage contre tout ce qui est beau, fouler aux pieds avec fureur tout ce qui est talent, s'acharner, sans motifs, sans justice, contre ceux qui travaillent pour atteindre une position digne et honorable; accabler d'expressions méprisantes une femme qui a eu le bon goût ou la vertu de refuser votre hommage; s'acharner après une direction parce qu'elle ne vous accorde pas vos entrées ou n'accepte pas vos pièces, c'est là un métier honteux et méprisable; si l'on est un petit de la presse, c'est de l'envie, et l'envie est un vice qui répugne-, si l'on est puissant dans le journalisme, c'est une infamie et une lâcheté, parce qu'on use pour le mal du pouvoir que l'esprit vous a donné pour le bien; et combien de gens se servent de ce moyen pour se créer un nom à l'abri des talents qu'ils attaquent, parce qu'un jour vient où, fatigués d'entendre aboyer après leurs jambes, ceux-ci se retournent et chassent l'importun à coups de pied, ce qui lui donne le droit de crier plus fort. Disons bien vite, pour l'honneur du critique, que c'est là une exception très-rare, et que le mépris en fait vite justice. [...]

Aussi ne le voyez-vous aux premières représentations que dans les foyers des coulisses, où il écoute les histoires scandaleuses et pince le menton à l'actrice en vogue ; quelquefois il se chauffe les pieds dans le foyer du théâtre, afin de faire voir qu'il était là, et pouvoir dire le soir dans les salons, en bâillant et s'essuyant le front :


— Quel métier! mon Dieu! quel métier!

Et franchement, dans un autre sens, nous dirons absolument comme lui :

— Quel métier!

dimanche 8 janvier 2012

Le critique

Voici l'un de mes sujets de prédilection: la critique dramatique. Parce que je déplore sa quasi absence. Parce que j'aspire à une plus grande participation de celle-ci (comme il se devrait). Parce que, finalement, c'est devenu une véritable lubie pour ma part.

Le critique d'art (Honoré Daumier)

Cette fois, il s'agit d'un chapitre (allégé!) d'un petit bouquin (qu'on peut retrouver ici) paru en 1855 par Auguste Muriel, rédacteur en chef de la Presse Théâtrale, Le Théâtre d'aujourd'hui - l'auteur, le directeur, l'acteur, l'actrice, le critique, le public. J'y crois encore!

Le critique. L'homme qui doit fixer le goût du public, celui qui a pour mission de diriger l'art, d'en montrer les débauches et les beautés, la plus sérieuse et la plus honorable des missions.

Quelle immense influence a le critique, que de bonnes choses il peut faire, que de mauvaises il peut empêcher! Ses études ont une application constante; le public a confiance en ses jugements et ne se décide en faveur d'une pièce qu'après avoir pris conseil de lui.
 À la première représentation il est là, assis dans un coin obscur, s'isolant le plus possible de toute distraction; il suit avec une attention sérieuse les progrès de la pièce, il en cherche les ressorts, il épie les fautes, note les passages remarquables, cherche s'il n'y a pas un point de ressemblance avec des œuvres connues ; s'il sent une fâcheuse tendance de style, il la grave dans sa mémoire pour la reprocher à son auteur. Bienveillant sans faiblesse, sévère sans dureté, juste toujours, il prépare les matériaux qui formeront sa décision.

Il revient le lendemain, et alors il étudie le jeu des artistes à leur tour.
[...] ce qu'il cherche, ce qu'il voit, c'est la manière dont leurs rôles sont remplis, et ses louanges et ses reproches tomberont juste, seront appuyés sur des considérations détaillées, sur des observations précises, seront présentés comme des conseils et ne se formuleront pas par une épithète banale.

Puis, rentré chez lui, le critique relira ses notes, se rappellera ses impressions, les examinera froidement, recherchera dans tel auteur les jugements portés en pareil cas, compulsera, comparera, étudiera et fera son article en toute connaissance de cause et de telle sorte que tout le monde puisse reconnaître la justesse de ses appréciations.

Voilà le critique!

Que cherchez-vous ainsi autour de vous? Vous vous demandez avec étonnement qui j'ai voulu peindre ici.

Ne cherchez pas, vous fatigueriez inutilement vos yeux et votre mémoire. Je vous ai peint le critique tel qu'il n'est pas et devrait être; voyons-le un peu tel qu'il est aujourd'hui, et si vous y trouvez un seul trait de ressemblance avec le portrait que je viens de faire, soyez assuré que je me trompe et que je vois avec trop d'indulgence.

Et ça continue encore sur quelques pages... que je publierai demain pour ne pas faire un billet trop long...

samedi 7 janvier 2012

«Sortez le bouffon! »

Sortez le bouffon !dessin de Schot paru dans NRC Handelsblad
J'aime bien lire le Courrier International... une revue synthèse hebdomadaire des grands médias papiers partout dans le monde. Et ce qui est bien avec cette revue, c'est tout l'apport des caricaturistes étrangers (qu'on peut retrouver sur leur site)... comme cette théâtrale image du bouffon Berlusconi (avec un chapeau aux grelots significatifs...) qu'on pousse vers la sortie. 

vendredi 6 janvier 2012

Espace(s)


Il est de l'espace au théâtre comme d'une chose parfaitement changeante, selon le point de vue adopté et selon les visées du lecteur ou du metteur en scène. Car l'espace est mouvant. Et le choix de donner la priorité à l'un d'entre eux influe directement sur l'esthétique choisie.

Dans son Dictionnaire encyclopédique du théâtre - ma bible -, Michel Corvin (enfin, Anne Ubersfeld... l'auteure de l'article) y va de ces distinctions:

Si le comédien est l'élément fondamental au théâtre, il ne saurait exister sans un espace où se déployer; et l'on peut définir le théâtre comme un espace où se trouvent ensemble des regardants et des regardés et la scène comme l'espace des corps en mouvement. L'espace théâtral comprend acteurs et spectateurs, définissant entre eux un certain rapport. L'espace scénique est l'espace propre aux comédiens; le lieu scénique est cet espace en tant qu'il est matériellement défini; l'espace dramatique, lui, est une abstraction: il comprend non seulement les signes de la représentation, mais toute la spatialité virtuelle du texte, y compris ce qui est prévu comme hors-scène.

En d'autres termes, si on reprend la pyramide à partir d'en bas... Dans le texte il est question d'une cuisine. Cette cuisine est décrite avec son mobilier et ses différentes portes donnant sur un ailleurs. C'est l'espace dramatique. Puis, on voit, sur scène, une table et un mur de portes. C'est l'espace physique ou le lieu scénique. Ce lieu est limité par un cadre précis, la scène. Avec sa dimension, ses coulisses. Cette aire de jeu est dans un espace plus grand, le théâtre. 

Ubersfled  va plus loin dans son article:

[...] [De nos jours] l'espace théâtral n'est plus un donné, il est une proposition, où peuvent se lire une poétique et une esthétique, mais aussi une critique de la représentation, et du même coup la lecture par le spectateur de ces espaces-créations le renvoie à une nouvelle lecture de son espace socioculturel et à la limite de son rapport au monde. Dans tous les cas, l'espace théâtral joue un rôle de médiation entre le texte et la représentation, entre les divers codes de la représentation, entre les moments de la scène (comme espace-temps unificateur), enfin entre spectateurs et comédiens.

Cette question, je la trouve intéressante. Parce qu'il en va de même, au fond, de tous les éléments théâtraux tout au long du processus qui transforme l'écriture textuelle en écriture scénique.

jeudi 5 janvier 2012

De l'ennui... encore...


Alfred de Musset, en son temps (et je prends ici quelques raccourcis, parce que là n'est pas l'objet de mon billet), écrivait des pièces réputées injouables - qui se heurtèrent, comme Les nuits vénitiennes, à l'échec - ou ambigües, complexes, comme son Lorenzaccio (écrit en 1834 mais joué qu'en 1896...) . 

Toujours est-il que l'orgueilleux dramaturge, désenchanté par la chose théâtrale, mets une croix sur la scène et, au lieu de faire jouer ses pièces, les publie dans un recueil sous le titre Un spectacle dans un fauteuil.

Voici comment, dans un sonnet savoureux, il règle son cas au théâtre:

Au lecteur du «Spectacle dans un fauteuil»

Figure-toi, lecteur, que ton mauvais génie
T'a fait prendre ce soir un billet d'Opéra.
Te voilà devenu parterre ou galerie,
Et tu ne sais pas trop ce qu'on te chantera.

Il se peut qu'on t'amuse, il se peut qu'on t'ennuie;
Il se peut que l'on pleure, à moins que l'on ne rie;
Et le terme moyen, c'est que l'on bâillera.
Qu'importe? c'est la mode, et le temps passera.

Mon livre, ami lecteur, t'offre une chance égale.
Il te coûte à peu près ce que coûte une stalle:
Ouvre-le sans colère, et lis-le d'un bon œil.

Qu'il te déplaise ou non, ferme-le sans rancune;
Un spectacle ennuyeux est chose assez commune.
Et tu verras le mien sans quitter ton fauteuil.

mercredi 4 janvier 2012

Du plaisir

 Thomas Ostermeier. Photographe: Falko Siewert

Ce qui doit primer, c'est la dimension ludique, le fait que le théâtre ne doit pas être un espace de souffrance, mais un espace de vie et de joie, la joie du jeu vivant, du jeu accéléré, rythmique, explosif, avec un montage d'attractions, avec quelque chose qui est plus vivant que la vie. C'est cet aspect du théâtre de Meyerhold que je revendique.

Bravo, Thomas [Ostermeier... le mi-jeune metteur en scène allemand qui co-dirige artistiquement la Schaubühne de Berlin]! C'est un metteur en scène pro-meyerholdien... une référence contemporaine pour mes recherches. Toujours est-il que cette philosophie théâtrale me plaît bien et se rapproche  sensiblement de la mienne... Elle est tirée du petit ouvrage simplement titré Thomas Ostermeier paru en 2006 aux éditions Actes Sud-Papiers.