lundi 17 février 2014

«La paix chez soi et autres bêtises humaines»...[Carnet de mise en scène]


Aujourd'hui, nous lançons - car effectivement, ce sera la première lecture! - le chantier qui nous mènera à la prochaine production estivale (la quinzième!) du Théâtre 100 Masques, LA PAIX CHEZ SOI et autres bêtises humaines.

Ce spectacle sera constitué d'une succession de treize courtes pièces en un acte de Georges Courteline où les hommes et les femmes rivalisent en bêtises pour se dévoiler dans tous leur travers. Petits bourgeois, médecins, femmes du monde, fonctionnaires, belles-mères...personne ne sera épargné.

Les treize textes qui seront montés (après certaines coupures, certains ajustements, certaines réécritures) par moi-même (avec quatre interprètes pour tous les rôles: Josée Gagnon, Patrick Simard, Mélanie Potvin et Pierre Tremblay) seront (dans le désordre):

LA PEUR DES COUPS
MONSIEUR BADIN
GROS CHAGRIN
LA VOITURE VERSÉE
LA PAIX CHEZ SOI
LE GORA
SIGISMOND
LE MAÎTRE DE FORGES
L'HONNEUR DES BROSSARBOURG
L'IMPOLI
LE PETIT MALADE
LES BOULINGRIN
AVANT ET APRÈS

Pourfendant l’absurdité humaine sous toutes ses formes en mettant en lumière ses pires défauts - la naïveté, la paresse, la frivolité, l’avarice, la jalousie, l’ignorance, la soumission, etc. -, cette production tendra aux spectateurs, sous le couvert de la comédie et du divertissement, un miroir tout aussi décapant qu’ironique.



dimanche 16 février 2014

Du Grand Guignol

S'il est un genre particulier, au théâtre, c'est bien le Grand Guignol... surnommé le théâtre de l'horreur, théâtre du sang (l'équivalent des films d'épouvante de série B). Un genre que j'apprécie beaucoup et qui recèle de nombreuses perles théâtrales... d'une loufoquerie sans nom! (J'en ai déjà parlé ici.)

Voici un fort bon petit documentaire (malheureusement en anglais) pour en connaître la teneur... et dont la succession d'affiches donne une fort bonne idée de ce que ça peut donner:

samedi 15 février 2014

«Théâtre interrompu»

Dans Le Devoir de ce matin, dans le cahier Culture, Fabien Deglise signe un article percutant et fichtrement inquiétant, Théâtre interrompu (qu'on peut lire ici), sur un «hiver théâtral [qui] met en scène un trouble de financement qui va croissant» et qui oblige les programmateurs à annuler des productions.

Décidément, le théâtre est dans une bien mauvaise passe.

vendredi 14 février 2014

«Au champ de Mars»... [Carnet de mise en scène]


Nous reprendrons, à compter de demain matin (et pour les six prochaines fins de semaines), au Théâtre Mic Mac, les répétitions d'Au champ de Mars de Pierre-Michel Tremblay après un long arrêt d'un peu plus d'un mois... le temps de mettre en scène la plus récente opérette de la SALR. 

Quand nous avons mis le projet sur la glace (enfin, façon de parler... parce que depuis, il y a eu de nombreuses rencontres de leur côté, pilotées par Sonia Tremblay qui m'assiste) nous en étions à la mise en place d'une ébauche de mise en scène. Maintenant, il nous faut revenir sur l'ensemble du travail et peaufiner, fignoler, préciser, polir, détailler... tant l'interprétation que la mise en espace, la dynamique et la rythmique des scènes, le rapport au public. 

Cette pièce est somme toute intimiste (donc toute en nuances) et, par son contexte scénique (ce long couloir), elle se construira sur un mouvement qu'il nous faut inscrire dans le temps et dans l'espace. Parlant d'espace... Voici où il en est (photographie de Christian Roberge):


À partir de demain, donc, le labeur reprend. Avec intensité et, je l'espère, avec le plaisir de la rigueur et de l'engagement.

Comment rendre cette pièce concrètement? Comment faire passer ce texte, ce discours? Comment lui donner, scéniquement, une force d'impact? Comment le rendre percutant? Comment marquer les tensions (elles sont nombreuses!) et les utiliser comme pivots? Comment bâtir des images fortes, peu importe l'angle de vue? Telles sont les questions que nous aurons à aborder dans les jours à venir!

Soupir.




jeudi 13 février 2014

Une histoire de cheval...


Alors que Sarah Bernhardt répète L'Aiglon d'Edmond Rostand, elle a à dire, à un moment donné, J'empoigne la crinière! Alea jacta est! Se tournant vers Rostand pour avoir des explications sur cette étrange remarque, croyant qu'il s'agit d'une métaphore pour parler d'une comète, elle apprend, stupéfiée qu'il s'agit en fait d'un cheval qu'elle réclame aussitôt... 

Voici comment Sacha Guitry décrit la scène dans son ouvrage Si j'ai bonne mémoire:

Deux jours plus tard, le lad revint avec un autre cheval [N.d.a.: le premier, fougueux, effraya la grande actrice...]. Il était gros, il était gris, il était énorme - et il avait la tête entourée d'un vieux caleçon de laine. Pourquoi? Nous allions le savoir.  Le lad le lui retira, ce caleçon, découvrant un visage, si je puis dire, dont la douceur extrême confinait à la stupidité. Mme Sarah se leva et fit deux pas prudents vers lui.
- Est-ce qu'il est doux, au moins, celui-la?
- Oh! Madame. Donnez-lui votre main, vous allez voir.
- Ma main?... Mais jamais de la vie. Laissez-moi faire... et tenez-le bien.
Alors, le regardant bien en face, elle fit:
- Hou!
Le cheval en fut peut-être un peu surpris, mais il n'en laissa rien paraître.
- Nous allons faire une autre expérience, dit-elle. Apportez-moi le tonnerre.
On lui apporta cette plaque de tôle dont on se sert dans les théâtres pour imiter l'orage. Elle la fit remuer par deux hommes, avec le plus de violence possible. Le bruit était assourdissant, mais le cheval ne broncha pas. Alors, tranquillisée, heureuse, Mme Sarah eut une idée. Tendant sa main droite à Rostand, sa main gauche à mon père, elle dit:
- Donnons-nous tous la main.
Et nous nous donnâmes tous la main comme pour faire une ronde. Mais elle nous conduisit à reculons jusqu'au fond de la scène et, là, elle nous dit à voix basse, afin de n'être pas entendue par le cheval:
- Nous allons tous courir sur lui en criant: Vive l'empereur!... Attention... une, deux, trois!...
Et nous avons couru, entraînés par elle, vers ce pauvre cheval en criant à tue-tête: «Vive l'empereur!»
Alors il se produisit une chose qu'il est bien difficile de raconter. Aidez-moi. Devinez. Imaginez ce que peut faire un animal qui a peur et qui n'a pas l'usage de la parole. Il ne peut faire que du bruit, n'est-ce pas? Vous avez deviné. C'est ce qu'il fit. Il fit du bruit. Un bruit qui ressemblait à un écho sonore et tardif du tonnerre de tout à l'heure. Il n'y fallait pas voir l'expression brutale d'une opinion républicaine - mais néanmoins, Mme Sarah Bernhardt en fut très offusquée. Elle dit:
- Nous allons le garder parce qu'il n'est pas méchant... mais c'est un cochon!
Puis se tournant vers Rostand, elle lui dit, comme s'il avait neuf ans et comme si elle en avait quinze:
- Vous l'avez, votre cheval, soyez heureux!

Elle apprit alors que ce n'est pas un mais deux chevaux qu'il lui fallait... et que, du coup, il fallait en trouver un autre que cette pauvre bête qui avait peur de ses semblables, d'où le caleçon autour de sa tête pour l'amener au théâtre...

Ah. Ces belles histoires d'une époque bien révolue...

mercredi 12 février 2014

«Théorie de l'art du comédien»

Voici - grâce à Google Books - quelques extraits choisis de cette Théorie de l'art du comédien - manuel théâtral publié en 1826 par Abraham Bernier... Les explications sont superflues alors que le titre dit tout!


Tout l'art du comédien en un seul bouquin... rien de moins! Ça promet.



mardi 11 février 2014

De la mise en scène d'une oeuvre musicale...

Dans les écrits meyerholdiens (écrits qui composent, en quelque sorte, mes principales lectures théoriques), une large part est faite à la mise en scène de l'opéra ou d'autres oeuvres lyriques. Des écrits fort intéressants qui prennent, après une production comme La Fille du Tambour Major de la SALR, une nouvelle résonance...

Voici donc ce que Meyerhold écrivait*, le 30 octobre 1909, par rapport à sa mise en scène de Tristan et Isolde de Wagner, au Théâtre Mariinski (qui a rouvert en grandes pompes l'an dernier):


Ôtons la parole à l'opéra, tout en le représentant sur scène, nous obtiendrons au fond une sorte de pantomime.

Car dans la pantomime chaque épisode, chacun des mouvements de cet épisode (ses modulations plastiques), de même que les gestes de personnages isolés et les groupements d'ensemble sont précisément déterminés par la musique, ses changements de rythme, sa modulation et, d'une manière générale, par son dessin.

Dans la pantomime le rythme des mouvements, des gestes et celui des groupements sont rigoureusement synchronisés avec celui de la musique; et c'est seulement quand on est parvenu à une concordance rythmique totale entre ce qui est présenté sur scène et la musique qu'on peut tenir la pantomime pour idéalement exécutée.

[...] Le chant d'une partie d'opéra accompagnée d'une interprétation réaliste du rôle suscite inévitablement chez un spectateur un peu fin un sourire moqueur. Il y a une convention à la base de l'art lyrique: on y chante! C'est pourquoi il ne faut pas introduire dans le jeu un élément de naturel, car la convention, aussitôt mise en désaccord avec le réel, révélera alors sa prétendue faiblesse, et, privé de sa base, l'art s'écroulera. Le drame musical doit être interprété de telle sorte que l'auditeur-spectateur ne se demande pas une seconde pourquoi les acteurs chantes dans ce drame au lieu de parler

[...] La musique, qui détermine la durée de tout ce qui se passe sur scène, donne un rythme qui n'a rien à voir avec le monde du quotidien. La vie de la musique n'est pas celle de la réalité quotidienne. «La vie ni comme elle est, ni comme elle devrait être, mais telle que nous la voyons dans les rêves» (Tchekhov).

Toute l'essence du rythme scénique est aux antipodes de celle de la réalité, de la vie quotidienne. C'est pourquoi l'aspect de l'acteur en scène doit être celui d'une fiction artistique, qui peut sans doute s'enraciner parfois dans un sol réaliste, mais qui doit en fin de compte être présentée d'une manière assez éloignée de ce que nous voyons dans la vie. [...]

Et ainsi de suite... 
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* Écrits sur le théâtre, Éditions l'Âge D'homme, 2001, Lausanne (trad. Beatrice Picon-Vallin)

Après «La Fille du Tambour Major»...

Je reviens à ce blogue après près d'un mois d'arrêt... Un mois intense qui s'est passé principalement dans le sous-sol de l'église où niche la SALR et au Théâtre Banque Nationale. Un mois intense et pourtant fantastique qui m'a permis de faire de nouvelles rencontres artistiques mémorables.

(photographie: Rocket Lavoie, Le Quotidien)

Il est de ces productions où, tout à coup, tout semble être réuni pour cheminer vers un projet amusant, drôle... et terriblement facile dans le travail! Si des regrets subsistent, c'est beaucoup plus sur le peu de temps mis à ma disposition pour mener à bien ce projet et pousser encore plus loin les réalisations scéniques...

Le retour à la réalité se passe bien... d'autant plus que d'autres projets sont présentement en attente et/ou débuteront dans quelques jours!  De retour au  boulot!
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Voici quelques commentaires sur cette production...
Avec tambours et trompettes (Denise Pelletier, Spécial du jour)
La fille du Tambour-Major, pur délice! (Christiane Laforge, Orage sur océan)
On s'amourache dès la première note (Roger Blackburn... et non Daniel Côté, Le Quotidien)

vendredi 17 janvier 2014

Écho d'une crispation estivale...

Tout à l'heure, je suis allé enregistré deux publicités radiophoniques pour La Fille du Tambour Major.

Pendant que j'attendais dans le hall, je suis tombé - par hasard! - sur le plus récent dépliant promotionnel de la Dam-en-terre Centre de villégiature à Alma... avec, à l'intérieur, ce magnifique passage (écrit en 2013... eh oui... et pas en 1980...) qui démontre bien comment ce producteur/diffuseur est complètement déconnecté du milieu théâtral d'ici (pour ne pas dire qu'il  le méprise...). Je le cite au texte (et dans sa quasi intégralité):

THÉÂTRE D'ÉTÉ DAM-EN-TERRE
présente la pièce «Le Dîner de cons»

Seul théâtre d'été au Saguenay-Lac-Saint-Jean à présenter une production avec comédiens professionnels, le théâtre d'été de la Dam-en-terre vous garantit une soirée où le divertissement où le rire est à l'honneur.

Du 2 juillet au 24 août 2013, le Théâtre Voix d'Accès (NDR: compagnie de Québec dont le site est ) au Théâtre Dam-en-terre «Le Dîner de cons», ce classique moderne de la comédie.

Etc.

Pendant ce temps, au Saguenay, il y a eu le Collectif À Tour de Rôles, le Théâtre 100 Masques et le Théâtre du Faux Coffre... Mais bon. Il faut savoir tenir son rang. 

«La Fille du Tambour Major»... [Carnet de mise en scène]


Voici, tiré de cette éclectique vidéothèque qu'est Youtube, une version longue (mais pas la meilleure!) de La Fille du Tambour Major d'Offenbach... Des airs que j'apprends à apprécier de plus en plus! Il faut dire qu'il y a une grande différence entre les écouter par le biais d'un média et les voir chanter...

D'ailleurs, je serai plongé, dans les prochains jours (et pour les semaines à venir!), du soir au matin, dans cette oeuvre... alors que s'amorcent les répétitions intensives.

Ce soir, ce sera la première rencontre avec tous les solistes et demain, le début de ce sprint qui nous mènera à la première du 7 février!

jeudi 16 janvier 2014

Le 100 Masques s'expose.

C'est aujourd'hui le vernissage de l'exposition Théâtre 100 Masques - 15 ans à l'affiche! qui regroupe les affiches des 28 productions de la compagnies... de même que 85 photographies, des anecdotes, trois costumes et les logos qui ont ponctué son existence.

15 ans... dont 14 qui se mêlent aux miens (surtout les 8 derniers)...

Sur les murs, donc, 15 ans de production... avec de bons et de moins bons spectacles... des souvenirs de comédiens, de jeu, de décors... une certaine nostalgie. Il y a aussi tous ces moments de crises, de brouilles, ces moments difficiles où l'argent manque, ces questionnements incessants sur l'utilité de ce travail... 

Ce n'est, au fond, qu'une pause... le temps de jeter un oeil sur cette vue d'ensemble... parce que le véritable intérêt est devant et non derrière.