C'est fait. Il est toujours intéressant de voir à quel point un spectacle peut souffrir, en fin de production, de l'absence de spectateurs... particulièrement lorsqu'il s'agit d'une comédie. Et cette impression s'accroît doublement lorsque, comme aujourd'hui (alors que nous devions en être, vu le contexte parascolaire, à une première générale), nous ne pouvions nous appuyer sur les moyens techniques habituels (éclairages, musique) qui procurent - si non une renaissance - un élan bénéfique.
Nous en sommes donc là... aux prises avec les doutes de cet art éphémère. Sommes-nous prêts? Nous ne le saurons qu'à compter de mardi soir... et c'est cette qualité disons temporelle (le fait de n'être que présent) qui confie au théâtre tout son charme. On peut prévoir, on peut espérer, on peut créer sur papier, on peut tenter de réconforter, rassurer ses comédiens... seule la représentation (et chacune est unique) donnera la véritable mesure du résultat.
Meyerhold disait: Une représentation théâtrale ne connaît ni "hier" ni "demain". Le théâtre est un art d'aujourd'hui, de l'heure, de la minute, de la seconde même. "Hier", pour le théâtre, ce sont les récits, les traditions, les légendes, les textes des pièces; "demain", ce sont les rêves de l'artiste. Mais la réalité du théâtre, c'est seulement "aujourd'hui". Le poète, le musicien peuvent travailler pour un lecteur ou un auditeur futur. [...] Pour l'acteur, semblables rêves n'ont aucun sens. Son art n'existe que tant qu'il respire, tant que sa voix vibre, tant que la salle l'écoute, en retenant son souffle. C'est précisément pour cette raison que le théâtre est un art résolument contemporain.
C'est un peu vertigineux... et je conçois bien que ce charme puisse paraître, pour l'interprète (d'autant plus amateur), comme un gouffre sans filet.
Désormais, seuls la confiance et le plaisir pourront nourrir ce spectacle... Alea jacta est.
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