Voici quelques photos de la scénographie (une réalisation de Carol Émond et moi), quelques heures avant la première, ce soir... Imaginez maintenant en vrai ce que ça donne avec les éclairages d'Alexandre Nadeau, les costumes et les comédiennes!
jeudi 5 juillet 2012
Et d'une autre!
C'est ce soir que débute la première représentation du treizième théâtre d'été du 100 Masques: La Marmite! Après une générale qui a tourné rondement, je pense que ça ne peut qu'être bien avec du public (public qui manque beaucoup, à cette étape!). Des mots écrits il y a plus de deux millénaires (bon... avec une
traduction plus contemporaine de la fin du XIXième siècle... mais quand
même...)... Une comédie antique comme je les aime!
À toute l'équipe de cette production, la metteure en scène Elaine Juteau... les comédiennes Valérie Essiambre, Cynthia Bouchard, Marilyne Renaud, Andrée-Anne Giguère, Isabelle Boivin et Émilie Gilbert-Gagnon... aux concepteurs Alexandre Nadeau, Carol Émond, Julie Bernier (qui fait aussi le Panégyrique) et moi... Je souhaite un antique mais toujours actuel
MERDE!
mardi 3 juillet 2012
De la convention comme essence du théâtre vivant
Ceux qui s'écartent du théâtre et le méprisent, sous prétexte qu'il est un art conventionnel, n'y entendent absolument rien. Ils pensent à de bas artifices, à de grossiers truquages qui n'ont rien à voir avec le théâtre vivant. Ce que nous appelons convention est une haute création de l'esprit, un fruit de la culture, l'une des sources éternelles du style. C'est ce qui donne au comique de Molière sa force et son élévation, au tragique racinien sa pureté; c'est le choeur antique et la structure de Nô japonais; c'est la scène de Shakespeare délivrée de l'esclavage du temps et de l'espace sur laquelle l'intensité du drame le dispute à la grandeur de l'épopée. J'appelle convention au théâtre l'usage et la combinaison infinie de signes et de moyens matériels très limités, qui donne à l'esprit une liberté sans limites et laissent à l'imagination du poète toute sa fluidité.
Tels sont les mots inspirants de Jacques Copeau dans le premier tome de ses Registres (et cité dans le Dictionnaire de la langue du théâtre). Une ôde à l'efficacité de la scène. Une quête de la théâtralité (et non du théâtralisme) dans la simplicité. Une confiance absolue dans la forme amenée par le texte sans la surcharge de l'effet, de la vedette, de l'esthétique.
Libellés :
Citations,
Convention,
Théâtralité et performativité,
Théories
lundi 2 juillet 2012
«La Marmite» [Carnet de production]
Jean Naudet
Voici, à quelques jours de la première de La Marmite du Théâtre 100 Masques, la préface de la pièce écrite, au milieu du XIXième siècle par le traducteur retenu, Jean Naudet... Un avant-propos marquant, qui met la table pour la pièce à venir.
(Avant de commencer, il faut savoir que pendant quelques temps, nous avons jonglé avec l'idée de nommer la pièce de son nom latin (plus connu mais moins vendeur): Aulularia...)
La Marmite! pourquoi déroger à l'usage, et remplacer par ce mot trivial et bas l'ancien titre plus savant et plus connu? Plus connu, oui; mais compris? et c'est à l'être qu'un traducteur aspire avant tout. Qu'est-ce que ce nom Aululaire, latin dans son thème, français par sa terminaison, et qui n'appartient en propre à aucune langue, et n'a par lui-même aucun sens? Est-il bien sûr encore qu'au siècle d'Auguste, tout le monde, même à Rome, entendit la signification du terme aulularia, sans qu'un Varron, un Verrius Flaccus expliquât comment ce meuble de cuisine, appelé olla, avait eu nom aula chez les anciens, lorsqu'on ne voulait point de doublement de consonne; et comment aulularia provenait du diminutif de aula, parceque les vieux Romains aimaient beaucoup les diminutifs; ce qu'on n'aurait guère attendu de la rudesse de leurs mœurs?
La Marmite, voilà le vrai titre en français de la pièce de Plaute. J'y tiens beaucoup, non de cette affection que le bonhomme Chrysale portait en son cœur aux choses de cette espèce, quoique je prise fort son bon sens et ses discours; je tiens à mon titre par un motif de raison et d'équité. C'est la Marmite qui, avec Euclion, occupe le plus constamment la scène; c'est elle qui, avec lui, joue le rôle le plus important; elle est le personnage moral du drame. Que le vieillard pousse comme un furieux sa servante dans la rue; c'est qu'il veut visiter sans témoins, avant que de sortir, sa marmite pleine d'or. Qu'il s'afflige de quitter un moment son logis, même pour aller chez le magistrat de la curie chercher sa part d'un congiaire; c'est sa marmite qui le met en peine. Que l'affabilité de l'honnête Mégadore, et l'empressement de ce riche pour un pauvre homme tel que lui, le troublent et l'alarment; c'est pour sa marmite qu'il tremble. Qu'au bruit des ouvriers travaillant dans la maison du voisin, il rompe l'entretien brusquement, et coure chez lui tout effaré; c'est encore sa marmite qu'il va sauver des voleurs. Pourquoi chasse-t-il à grands coups de bâton les cuisiniers que son gendre futur a envoyés chez lui en son absence pour apprêter le festin de noces, un festin qui ne doit lui rien coûter? Et sa marmite! comment la tenir cachée avec de pareils fripons? Cette marmite est comme l'Achille de l'Iliade; dans son repos, elle domine toute l'action, toujours présente et invisible. Mais la voici enfin qui paraît. Euclion la porte en ses bras; il lui cherche un asile plus sûr. Le bois sacré de Sylvain est tout proche; il l'y enfouit. Mais de noirs pressentiments, mais le cri du corbeau et la rencontre d'un maraud d'esclave, ne lui laissent point de sécurité. Malgré les difficultés et les périls du déplacement, il faut choisir un autre dépositaire. La marmite reparaît encore pressée contre le sein d'Euclion, et c'est la Bonne Foi qui la reçoit dans son temple, sans pouvoir elle-même se flatter d'inspirer à l'avare une confiance entière. Le coquin d'esclave le guettait, et la cachette est éventée. Entendez les cris d'Euclion, voyez ce masque grimaçant une colère qui va jusqu'à la rage, une douleur qui va jusqu'à la démence. C'est sa marmite qu'il redemande aux dieux et aux hommes, et pour laquelle il ferait pendre amis et ennemis, et lui-même après eux; cette marmite plus chère à son cœur que sa fille, dont il apprend, pour comble de désespoir, le déshonneur en ce moment même. Ainsi la marmite, ou son image, est attachée après lui, comme son génie malfaisant, comme sa Furie, en punition de sa dureté pour les siens, de sa folie cruelle pour lui-même. Elle l'agite, elle le torture sans relâche par des transes mortelles, jusqu'à ce qu'enfin il n'y ait plus pour lui de nouveau malheur, de nouveau chagrin possible; et ce terrible supplice ne cesse d'être le spectacle parfois le plus bouffon, presque toujours le plus comique.
Que Plaute eût été bien inspiré, s'il n'eût pas voulu ajouter à cette moralité un miracle incroyable, la métamorphose de l'avare en un bon père affectueux et libéral! Ce qui se tolère en un conte d'enfants pour l'édification des lecteurs, au théâtre n'est point admis par les hommes.
Ce fut néanmoins une conception hardie et puissante, une œuvre habile de l'art, que de renfermer, dans la simple peinture d'un caractère, l'intérêt d'une grande comédie, et de soutenir l'action exempte de monotonie et de langueur, sans les accessoires d'une intrigue amoureuse ou des fourberies d'un esclave. Servante, cuisiniers, voisins, tous les personnages de la pièce se groupent autour d'Euclion sans l'éclipser un instant, et ne tendent qu'à mettre son vice en saillie et en lumière, la vieille Staphyle par ses doléances, Mégadore par sa générosité, les cuisiniers par leurs récits, l'amant par ses aveux mal interprétés, tous par les tribulations qu'ils lui causent.
Gardons-nous donc de renvoyer cette œuvre aux tréteaux des bateleurs, comme l'insinuerait un certain critique, sans que notre admiration toutefois aille jusqu'à la préférer à l'imitation originale et féconde de Molière. Entre l'enthousiasme érudit et systématique de M. Schlegel et le dédain superficiel de La Harpe, il est possible de porter un jugement plus équitable, si l'on a égard aux conditions diverses de la comédie latine et du théâtre français, soit pour le rôle que jouent les femmes, soit pour les bienséances des temps et des lieux, soit pour la déclamation, qui augmente ou diminue, selon qu'elle est plus ou moins chantante, l'étendue , des poèmes et la complication des fables.
La composition et le sujet nous induiraient à penser que cette production appartenait à la maturité de l'auteur, lors même que des conjectures assez positives ne nous en donneraient pas à peu près la certitude.
L'an 559 de Rome, on se reposait à peine de la seconde guerre punique, lorsqu'un grand débat agita la ville. La loi d'Oppius avait interdit, vingt ans auparavant, aux dames romaines, les bijoux, les robes brodées et les voitures. Deux tribuns proposèrent de l'abroger, deux autres voulaient qu'elle fût maintenue. Caton était alors consul; on pense bien de quel côté il se rangea. Les femmes assiégeaient les maisons des magistrats, remplissaient le Forum et ses abords, lâchant de gagner des protections et des suffrages; et même il accourait à Rome de tous les lieux voisins des solliciteuses; c'était presque une émeute. Caton n'arriva qu'à grand'peine" murmurant et grondant, à la tribune; il lui avait fallu traverser une armée de femmes qui l'étourdissaient de leurs plantes, peut-être aussi de leurs imprécations, lorsqu'elles croyaient n'être pas reconnues dans la foule et le bruit. L'éloquence du consul fut vaincue avec la loi.
N'était-on pas encore échauffé par ces disputes ou par un souvenir récent, lorsque les réflexions du sage Mégadore sur le luxe des femmes, sur l'usage des chars et sur l'abus des parures, venaient s'accorder si bien avec les véhémentes harangues de Caton? Plaute fut le poêle des plébéiens, comme Caton en était l'orateur. Ils ont signalé en plus d'une occasion, l'un et l'autre, cette lutte de la vieille pauvreté latine contre les nouvelles richesses et les nouvelles voluptés apportées de la Grèce par la victoire. Cette pièce ne dut pas être donnée plus de dix ou douze ans avant la mort de Plaute, qui n'atteignit pas la vieillesse.
Il ne nomme point l'auteur dont il s'est approprié l'ouvrage. On cite, parmi les pièces de Ménandre, le Trésor, ainsi que parmi celles de Philémon et d'Anaxandride. Ménandre avait fait aussi YHydria (la Cruche), et il s'y agissait d'un trésor. Leurs sujets étaient-ils semblables à celui de Plaute? Dioxippe, et, après lui, Philippide, deux poêles athéniens, avaient composé des pièces intitulées l'Avare. On a conservé un vers d'une Aulularia de Névius. Mais qu'avaient-ils à revendiquer ici? on n'en sait rien.
Peut-être le silence de Plaute vient-il de la conscience de son plein droit sur sa comédie. Il l'avait faite toute romaine, toute à lui, en la transportant sur la scène de Rome. C'était une conquête, et non un larcin.
La Marmite! pourquoi déroger à l'usage, et remplacer par ce mot trivial et bas l'ancien titre plus savant et plus connu? Plus connu, oui; mais compris? et c'est à l'être qu'un traducteur aspire avant tout. Qu'est-ce que ce nom Aululaire, latin dans son thème, français par sa terminaison, et qui n'appartient en propre à aucune langue, et n'a par lui-même aucun sens? Est-il bien sûr encore qu'au siècle d'Auguste, tout le monde, même à Rome, entendit la signification du terme aulularia, sans qu'un Varron, un Verrius Flaccus expliquât comment ce meuble de cuisine, appelé olla, avait eu nom aula chez les anciens, lorsqu'on ne voulait point de doublement de consonne; et comment aulularia provenait du diminutif de aula, parceque les vieux Romains aimaient beaucoup les diminutifs; ce qu'on n'aurait guère attendu de la rudesse de leurs mœurs?
La Marmite, voilà le vrai titre en français de la pièce de Plaute. J'y tiens beaucoup, non de cette affection que le bonhomme Chrysale portait en son cœur aux choses de cette espèce, quoique je prise fort son bon sens et ses discours; je tiens à mon titre par un motif de raison et d'équité. C'est la Marmite qui, avec Euclion, occupe le plus constamment la scène; c'est elle qui, avec lui, joue le rôle le plus important; elle est le personnage moral du drame. Que le vieillard pousse comme un furieux sa servante dans la rue; c'est qu'il veut visiter sans témoins, avant que de sortir, sa marmite pleine d'or. Qu'il s'afflige de quitter un moment son logis, même pour aller chez le magistrat de la curie chercher sa part d'un congiaire; c'est sa marmite qui le met en peine. Que l'affabilité de l'honnête Mégadore, et l'empressement de ce riche pour un pauvre homme tel que lui, le troublent et l'alarment; c'est pour sa marmite qu'il tremble. Qu'au bruit des ouvriers travaillant dans la maison du voisin, il rompe l'entretien brusquement, et coure chez lui tout effaré; c'est encore sa marmite qu'il va sauver des voleurs. Pourquoi chasse-t-il à grands coups de bâton les cuisiniers que son gendre futur a envoyés chez lui en son absence pour apprêter le festin de noces, un festin qui ne doit lui rien coûter? Et sa marmite! comment la tenir cachée avec de pareils fripons? Cette marmite est comme l'Achille de l'Iliade; dans son repos, elle domine toute l'action, toujours présente et invisible. Mais la voici enfin qui paraît. Euclion la porte en ses bras; il lui cherche un asile plus sûr. Le bois sacré de Sylvain est tout proche; il l'y enfouit. Mais de noirs pressentiments, mais le cri du corbeau et la rencontre d'un maraud d'esclave, ne lui laissent point de sécurité. Malgré les difficultés et les périls du déplacement, il faut choisir un autre dépositaire. La marmite reparaît encore pressée contre le sein d'Euclion, et c'est la Bonne Foi qui la reçoit dans son temple, sans pouvoir elle-même se flatter d'inspirer à l'avare une confiance entière. Le coquin d'esclave le guettait, et la cachette est éventée. Entendez les cris d'Euclion, voyez ce masque grimaçant une colère qui va jusqu'à la rage, une douleur qui va jusqu'à la démence. C'est sa marmite qu'il redemande aux dieux et aux hommes, et pour laquelle il ferait pendre amis et ennemis, et lui-même après eux; cette marmite plus chère à son cœur que sa fille, dont il apprend, pour comble de désespoir, le déshonneur en ce moment même. Ainsi la marmite, ou son image, est attachée après lui, comme son génie malfaisant, comme sa Furie, en punition de sa dureté pour les siens, de sa folie cruelle pour lui-même. Elle l'agite, elle le torture sans relâche par des transes mortelles, jusqu'à ce qu'enfin il n'y ait plus pour lui de nouveau malheur, de nouveau chagrin possible; et ce terrible supplice ne cesse d'être le spectacle parfois le plus bouffon, presque toujours le plus comique.
Que Plaute eût été bien inspiré, s'il n'eût pas voulu ajouter à cette moralité un miracle incroyable, la métamorphose de l'avare en un bon père affectueux et libéral! Ce qui se tolère en un conte d'enfants pour l'édification des lecteurs, au théâtre n'est point admis par les hommes.
Ce fut néanmoins une conception hardie et puissante, une œuvre habile de l'art, que de renfermer, dans la simple peinture d'un caractère, l'intérêt d'une grande comédie, et de soutenir l'action exempte de monotonie et de langueur, sans les accessoires d'une intrigue amoureuse ou des fourberies d'un esclave. Servante, cuisiniers, voisins, tous les personnages de la pièce se groupent autour d'Euclion sans l'éclipser un instant, et ne tendent qu'à mettre son vice en saillie et en lumière, la vieille Staphyle par ses doléances, Mégadore par sa générosité, les cuisiniers par leurs récits, l'amant par ses aveux mal interprétés, tous par les tribulations qu'ils lui causent.
Gardons-nous donc de renvoyer cette œuvre aux tréteaux des bateleurs, comme l'insinuerait un certain critique, sans que notre admiration toutefois aille jusqu'à la préférer à l'imitation originale et féconde de Molière. Entre l'enthousiasme érudit et systématique de M. Schlegel et le dédain superficiel de La Harpe, il est possible de porter un jugement plus équitable, si l'on a égard aux conditions diverses de la comédie latine et du théâtre français, soit pour le rôle que jouent les femmes, soit pour les bienséances des temps et des lieux, soit pour la déclamation, qui augmente ou diminue, selon qu'elle est plus ou moins chantante, l'étendue , des poèmes et la complication des fables.
La composition et le sujet nous induiraient à penser que cette production appartenait à la maturité de l'auteur, lors même que des conjectures assez positives ne nous en donneraient pas à peu près la certitude.
L'an 559 de Rome, on se reposait à peine de la seconde guerre punique, lorsqu'un grand débat agita la ville. La loi d'Oppius avait interdit, vingt ans auparavant, aux dames romaines, les bijoux, les robes brodées et les voitures. Deux tribuns proposèrent de l'abroger, deux autres voulaient qu'elle fût maintenue. Caton était alors consul; on pense bien de quel côté il se rangea. Les femmes assiégeaient les maisons des magistrats, remplissaient le Forum et ses abords, lâchant de gagner des protections et des suffrages; et même il accourait à Rome de tous les lieux voisins des solliciteuses; c'était presque une émeute. Caton n'arriva qu'à grand'peine" murmurant et grondant, à la tribune; il lui avait fallu traverser une armée de femmes qui l'étourdissaient de leurs plantes, peut-être aussi de leurs imprécations, lorsqu'elles croyaient n'être pas reconnues dans la foule et le bruit. L'éloquence du consul fut vaincue avec la loi.
N'était-on pas encore échauffé par ces disputes ou par un souvenir récent, lorsque les réflexions du sage Mégadore sur le luxe des femmes, sur l'usage des chars et sur l'abus des parures, venaient s'accorder si bien avec les véhémentes harangues de Caton? Plaute fut le poêle des plébéiens, comme Caton en était l'orateur. Ils ont signalé en plus d'une occasion, l'un et l'autre, cette lutte de la vieille pauvreté latine contre les nouvelles richesses et les nouvelles voluptés apportées de la Grèce par la victoire. Cette pièce ne dut pas être donnée plus de dix ou douze ans avant la mort de Plaute, qui n'atteignit pas la vieillesse.
Il ne nomme point l'auteur dont il s'est approprié l'ouvrage. On cite, parmi les pièces de Ménandre, le Trésor, ainsi que parmi celles de Philémon et d'Anaxandride. Ménandre avait fait aussi YHydria (la Cruche), et il s'y agissait d'un trésor. Leurs sujets étaient-ils semblables à celui de Plaute? Dioxippe, et, après lui, Philippide, deux poêles athéniens, avaient composé des pièces intitulées l'Avare. On a conservé un vers d'une Aulularia de Névius. Mais qu'avaient-ils à revendiquer ici? on n'en sait rien.
Peut-être le silence de Plaute vient-il de la conscience de son plein droit sur sa comédie. Il l'avait faite toute romaine, toute à lui, en la transportant sur la scène de Rome. C'était une conquête, et non un larcin.
dimanche 1 juillet 2012
Au théâtre, cette semaine! (du 1er au 7 juillet 2012)
Avec la saison des productions estivales, je reprends ici mon habitude du calendrier hebdomadaire pour bien marquer ce qui se passe sur le territoire régional... Cette semaine, ça ressemble à ça. Et c'est maintenant qu'il faut profiter de ces offres avant d'être submergé par l'accumulation de productions qui s'en vient!
PREMIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS
Les 3 et 4 juillet 2012 (mardi et mercredi), 20h30
Jardins des Vestiges (Bâtiment 1912), La Pulperie de Chicoutimi
La Pulperie revient pour un nouveau théâtre d'été confié, une fois de plus, à Jimmy Doucet: Le divan. Et si votre divan pouvait raconter votre vie après sa mort... Des amours
de jeunesse aux chicanes de famille en passant par les grandes
révolutions des années 70 et 80, suivez les histoires colorées d'un
divan à travers les époques. Attention à ce que vous faites en présence
de votre divan, car un jour il pourrait bien tout dévoiler ! Pour plus d'informations, il est possible de consulter le site web de la Pulperie.
PREMIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS
Du 5 au 7 juillet 2012 (du jeudi au samedi), 20h
Salle Murdock, Centre des arts et de la culture de Chicoutimi
Le Théâtre 100 Masques (voir leur espace internet) présente sa treizième production estivale, La Marmite, une comédie grinçante de Plaute sur le rapport à l'argent. Mis en scène par Élaine Juteau, ce spectacle réuni six comédiennes pour incarner tous les personnages (presque exclusivement masculins!): le vieil avare obsédé par son or, son voisin aussi riche qu'âgé qui veut marier sa fille, des esclaves, des cuisiniers et des revirements de situations en tout genre! Le coût d'entrée est fixé à 20$ (15$ pour les étudiants et les artisans sur présentation de la carte privilège). Pour réserver, deux façons: par téléphone au 418.698.3895 ou par le biais de la page Facebook consacrée à l'événement.
Les 5 et 7 juillet 2012 (jeudi et samedi), 19h30
Palais Municipal, La Baie
La Fabuleuse histoire du Royaume reprend du service pour une autre année. Pour avoir toutes les informations relatives aux représentations, il est possible de consulter le site web.
À SURVEILLER!
La Route des milles et une histoire, l'immense projet de Jimmy Doucet dans le haut du Lac Saint-Jean, débute aussi cette semaine, par La marche des Trappistes, du jeudi au samedi, jusqu'au 25 juillet. Vu le nombre élevé de productions dans ce cadre, je ne renverrai donc qu'à son site qui sera mieux détaillé.
________________________________________________Si j'oublie des trucs, il est possible de les ajouter dans les commentaires.
samedi 30 juin 2012
Un Théâtre 100 Masques nouveau?
C'est bientôt la fin de la saison pour le Théâtre 100 Masques... enfin, après une production, deux semaines de camps thématiques et une douzaine d'heures d'ateliers dans des terrains de jeux!
Une année riche en événements de toutes sortes (et fort occupée!) qui place maintenant la compagnie à une croisée des chemins. Cinq ans déjà que j'y occupe la fonction de directeur général et artistique. Cinq ans de travail à donner de solides assises à nos actions. Comment maintenir ce développement? Mieux encore, comment le surpasser? Comment (et sur quelles bases) reprendre un nouvel élan?
Il ne faut pas s'en cacher: ce métier use rapidement quiconque s'y frotte. Le financement - que ce soit par les dons, les commandites, les partenariats, les subventions, les activités bénéfices - occupe un temps fou... pour ne pas toujours donner les résultats escomptés. Comment alors se donner les outils nécessaires, consolider les acquis (souvent bien éphémères devant les coupes budgétaires) pour faire de cette aventure une aventure artistique au-delà de celui-ci?
Cinq ans, donc, à travailler d'arrache-pied mais ça en valait le coup. Et je le pense encore. C'était là, en quelque sorte, une période de (re)construction. Maintenant, il faut passer aux choses sérieuses.
Sans tout chambouler (parce que dans l'ensemble, ça va plutôt bien), il est peut-être temps, maintenant, de brasser les cartes. D'insuffler un nouveau dynamisme au sein de l'organisme. Tracer de nouvelles lignes. Cultiver et déployer de nouveaux projets. Mettre en place de nouvelles stratégies de communication, de promotion, de création... En somme, de l'air frais! Miser sur nos forces (il y en a!) et combler nos lacunes (toutes aussi nombreuses!).
Plusieurs scénarios ont été (et continueront) d'être envisagés au cours des prochaines semaines en vue de bonifier les cinq prochaines années! Plutôt stimulant...
Mais avant, encore un petit coup estival à donner!
vendredi 29 juin 2012
Les 15 ans du Théâtre C.R.I.
15 ans déjà! Voici la toute nouvelle vidéo faisant la promotion de cette année-aniversaire du Théâtre C.R.I. (avec extraits vidéos et photos), à Jonquière. La réalisation est d'Andrée-Anne Giguère.
jeudi 28 juin 2012
«La Marmite» [Carnet de production]
À quelque jours de la première, il reste quelques dossiers à finaliser: des détails de costumes à finir, des éléments de la scénographie à peaufiner, et une promotion à mettre en branle.
Pendant ce temps, les comédiennes et la metteure en scène sont entrées dans une série d'enchaînements qui culmineront, dans quelques jours, par les générales... elles aussi ajustant, détaillant, peaufinant leurs actions.
mercredi 27 juin 2012
«La Marmite» [Carnet de production]
Voici un premier aperçu d'un bout de la scénographie de La Marmite... La photo est d'Isabelle Boivin. Sur la scène, un immense dépotoir d'un côté... un hammam de l'autre! Le décalage entre les pauvres et les riches! Un espace gigantesque...
(soupir)
En cette période estivale ou de nombreuses productions prendront l'affiche (j'en compte sept sur le territoire... sans compter tous les autres évènements qui sortent du cadre théâtral), la couverture médiatique de la chose culturelle régionale dévoile, à tout coup, ses nombreuses failles.
Alors que ça grouille, que ça fourmille partout, les journaux et la radio font une large part à la première (la seconde et les suivantes!) du film Omertà... avec une large part fait à Michel Côté qui, rappelons-le, vient de la région! Une couverture digne de revues à potins... (D'ailleurs, au moment même où j'écris, l'équipe de Café Boulot Dodo, à Radio-Canada, le reçoit...)
Quand l'intérêt pour ce film ce sera estompé, viendront assurément les grands spectacles...
mardi 26 juin 2012
Les egos théâtraux...
Sacha Guitry et Michel François, Théâtre du Gymnase, 1950
Je suis un fan de Sacha Guitry... et plus j'en lis, plus j'ai envie de remonter un autre de ses textes (après le Nono du Théâtre 100 Masques, en 2008). C'est un auteur avec de l'esprit. Vif. Doté d'une écriture souple. Et animé d'une véritable passion théâtrale... Une passion pour le mot juste, le quiproquo, la joute verbale, les personnages verbeux! Une passion enfin, pour un métier. Une vie pour la scène... À ce titre, ses deux plus belles pièces sur le théâtre, Le Comédien et Deburau, sont de très belles odes à l'art dramatique, sa pratique, ses egos!
Voici un extrait de cette dernière pièce (c'est la dernière que Guitry a jouée, en 1953)... alors que le fils, Charles Deburau, vient voir son père, comédien réputé pour la pantomime, pour lui apprendre qu'il veut suivre ses pas. Une rencontre qui ne se passe pas très bien:
Charles Deburau
Je crois que tu serais, papa, plus éloquent
Si tu vantais ses qualités.
Tu ne parviendras pas à me décourager.
Et tu n'effaceras jamais de ma mémoire
Les jours où je t'ai vu tout rayonnant de gloire
Revenant du théâtre après un grand succès.
Je n'oublierai jamais les mots que tu disais.
Tu disais: «Quel triomphe!» ou bien «Quelle victoire!»
Ou bien tout simplement: «Je suis assez content.»
[...]
Tout ce que tu peux dire aujourd'hui m'est égal,
Je t'ai vu glorieux!... Tu n'as jamais été,
Dis-tu, qu'un pitre, en vérité?
Ne te souviens-tu pas d'un grand jour triomphal
Où tu m'as même demandé mon avis sur toi-même?
Deburau
Ton avis?
Charles Deburau
Oui, papa. Tu m'as dit: «Toi qui m'aimes,
«Dis-moi la vérité.
«Comment ai-je joué ce soir?
«Ai-je été
«Bien?
«N'ai-je pas des défauts que l'on commence à voir,
«N'as-tu rien remarqué?» Je t'ai répondu: «Rien!»
Car je t'avais trouvé, comme toujours, superbe -
Et je t'ai dit que tu étais probablement
Le plus grand acteur de la terre! Et, souriant,
Tu m'as dit: «Pourquoi cet adverbe?
«Pourquoi le mot probablement?»
Pourtant, tu insistais, tu me disais: «Dis-moi
«Sincèrement comment, toi, tu m'as trouvé, toi!»
Tu semblais implorer de moi quelque critique,
Tu répétais: «Je t'en supplie, allons, dis-moi
«Si quelque chose dans mon jeu, dans mon physique
«Était moins bien ce soir... ça me rendrait service...
«Un mouvement de moi t'a-t-il semblé factice?
«Parle enfin!»
Alors, ma foi, j'ai dit: «Peut-être qu'à la fin
«Tu n'avais pas, ce soir...» Mais un regard sévère
Interrompit ma phrase et, soudain, suffocant,
Tu m'as dit: «Fous le camp!
«Oh! Petit malheureux qui critiques ton père!»
Ce sont là de belles descriptions qui pourraient s'accoler à des noms plus contemporains... Malgré les années, les textes de Guitry demeurent encore d'actualité...
lundi 25 juin 2012
Le concepteur Léonard...
Le schéma ci-dessus (reconstitué par infographie) a été dessiné par Léonard de Vinci (dans le folio 812r du Codex Atlanticus) et a, pendant longtemps, été considéré comme étant la «première automobile».
Depuis quelques temps, les spécialistes ont (re)découvert la véritable fonction de cette machine... de même que de plusieurs autres de ce créateur universel: créer des effets sur les scènes des théâtres! Ses inventions - du moins, celle-ci - répondait donc à des besoins spécifiques... artistique. Le grand génie est, au fond, un grand concepteur d'espace, d'accessoires!
(Merci à Michel Lemelin de m'avoir donné ce lien.)
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