samedi 31 janvier 2009

Théâtre Capitol


Hall du Théâtre Capitol de Chicoutimi... démolli (de nuit!) en 1991... comme tant d'autres bâtiments historiques qui succombent sous le pic des démolisseurs régionaux... (Voir le billet d'Andrée Rainville dans le Quotidien du jour...)

Haut lieu de culture chicoutimien qui n'a su résister au temps... ni à l'homme...

Pour les néo-saguenéens - dont je suis malgré tout! - le Théâtre Capitol était situé sur la rue Racine, à l'endroit où aujourd'hui se trouve un magnifique stationnement. Décidément, les élus municipaux de toutes les époques savent où mettre les priorités!

jeudi 29 janvier 2009

Haro sur les retardataires!

Véritable Portrait de Monsieur Ubu, Alfred Jarry

Oh tiens! Le fait de voir des spectateurs arriver en retard (et déranger les spectateurs déjà attenfifs) n'est pas qu'une plaie de notre contemporanéité...

VI - Un roman connu (*) a glorifié le «théâtre de dix heures». Mais il y aura toujours des gens qui couvriront les premières scènes du bruit de leur retard. L'heure choisie actuellement pour le lever de rideau est bonne, si l'on prend l'habitude de fermer les portes non seulement des loges mais aussi des couloirs sitôt les trois coups.
Alfred Jarry, 12 arguments sur le théâtre, 1896

Dans cet optique, la chose la plus inconcevable est lorsque ces retardataires s'adonnent, qui plus est, à être également des artisans du théâtre!

Il n'y a pire retardataires que les comédiens... et parfois aussi les metteurs en scènes!

mercredi 28 janvier 2009

Les Pleureuses

Je commence la mise en scène de Les Pleureuses ce soir avec mon groupe Élite (les participants sont adultes et suivent cette activité de loisir). Pour guider le début de cette re-création (première version ayant été présentée en octobre 2001), pour donner un esprit à ses huit nouveaux personnages, un corps, je m'inspirerai (en espérant que ça inspirera mes apprentis comédiens!) de ce texte de Beaudelaire, Les sept vieillards, écrit en 1859 (tiré des Fleurs du mal):

Fourmillante cité, cité pleine de rêves,
Où le spectre en plein jour raccroche le passant !
Les mystères partout coulent comme des sèves
Dans les canaux étroits du colosse puissant.

Un matin, cependant que dans la triste rue
Les maisons, dont la brume allongeait la hauteur,
Simulaient les deux quais d'une rivière accrue,
Et que, décor semblable à l'âme de l'acteur,

Un brouillard sale et jaune inondait tout l'espace,
Je suivais, roidissant mes nerfs comme un héros
Et discutant avec mon âme déjà lasse,
Le faubourg secoué par les lourds tombereaux.

Tout à coup, un vieillard dont les guenilles jaunes,
Imitaient la couleur de ce ciel pluvieux,
Et dont l'aspect aurait fait pleuvoir les aumônes,
Sans la méchanceté qui luisait dans ses yeux,

M'apparut. On eût dit sa prunelle trempée
Dans le fiel ; son regard aiguisait les frimas,
Et sa barbe à longs poils, roide comme une épée,
Se projetait, pareille à celle de Judas.

Il n'était pas voûté, mais cassé, son échine
Faisant avec sa jambe un parfait angle droit,
Si bien que son bâton, parachevant sa mine,
Lui donnait la tournure et le pas maladroit

D'un quadrupède infirme ou d'un juif à trois pattes.
Dans la neige et la boue il allait s'empêtrant,
Comme s'il écrasait des morts sous ses savates,
Hostile à l'univers plutôt qu'indifférent.

Son pareil le suivait : barbe, oeil, dos, bâton, loques,
Nul trait ne distinguait, du même enfer venu,
Ce jumeau centenaire, et ces spectres baroques
Marchaient du même pas vers un but inconnu.

A quel complot infâme étais-je donc en butte,
Ou quel méchant hasard ainsi m'humiliait ?
Car je comptai sept fois, de minute en minute,
Ce sinistre vieillard qui se multipliait !

Que celui-là qui rit de mon inquiétude,
Et qui n'est pas saisi d'un frisson fraternel,
Songe bien que malgré tant de décrépitude
Ces sept monstres hideux avaient l'air éternel !

Aurais-je, sans mourir, contemplé le huitième.
Sosie inexorable, ironique et fatal,
Dégoûtant Phénix, fils et père de lui-même ?
- Mais je tournai le dos au cortège infernal.

Exaspéré comme un ivrogne qui voit double,
Je rentrai, je fermai ma porte, épouvanté,
Malade et morfondu, l'esprit fiévreux et trouble,
Blessé par le mystère et par l'absurdité !

Vainement ma raison voulait prendre la barre ;
La tempête en jouant déroutait ses efforts,
Et mon âme dansait, dansait, vieille gabarre
Sans mâts, sur une mer monstrueuse et sans bords !

Et c'est parti...


C'est dans ce froid sibérien que débute, ce soir, La Maison face au Nord de Jean-Rock Gaudreault. C'est pourquoi je reprends, pour le bénéfice de toute l'équipe de production, les paroles... ou plutôt le digne mot du général Cambronne:

MERDE À TOUS!!!

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Qui a vaincu à Waterloo ?...
C'est un mot !
Un mot qui fracture la poitrine,
une insulte à la foudre !
Le plus beau mot qu'un français ait répété !
Dire ce mot et mourir ensuite
quoi de plus grand ?
C'est foudroyer le tonnerre !

Victor Hugo (Les misérables, 1862)

mardi 27 janvier 2009

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Guy Bedos caricaturé par Gérars Éleouët

Aujourd'hui c'est le dépôt du Budget du gouvernement fédéral... dans lequel, selon une fuite calculée, la Culture se verrait accorder 160 millions de dollars de plus. Bien sûr, après le fiasco de la dernière élection, les plaies culturelles sont béantes...

Ce qui, dans une sourire ironique, me fait revenir en tête cette phrase bien sentie de Guy Bedos dans Merci pour tout: «La différence entre le peuple et le public, c'est que le public paye... Mais à l'usage, on s'aperçoit qu'un billet de théâtre est souvent moins coûteux qu'un bulletin de vote.»

Et vlan. Après tout, comme le disait Galabru: «On a coutume de dire: tout est politique. Non. Tout est théâtre, surtout la politique.»

lundi 26 janvier 2009

Théâtre intellectuel...


Voici (d'un simple clic sur le lien suivant!) un petit mot croisé sur le théâtre... facile et pourtant... Pour voir la définition, il faut glisser le curseur sur le numéro... Bonne soirée!

La pièce de théâtre dans "Ding et Dong le film"...

Belle illustration (quasi réaliste!) de ce qui peut survenir en cours de représentation!!!



dimanche 25 janvier 2009

«Le Retour» de Pinter, force de frappe

Edward Hopper (1882 - 1967), Summer Interior, 1909,
oil on canvas. Whitney Museum of American Art, New York


Longtemps pièce du T.N.M n'avait eu une telle force de frappe (même si, plusieurs réserves majeures peuvent se manifester!)...

Avec la dramaturgie d'Harold Pinter, le théâtre est renvoyé à sa base élémentaire avec des dialogues qui basculent de manière inattendue et des pièces closes où les êtres sont livrés les uns aux autres et où le masque des convenances sociales tombe. Les personnages, fondamentalement imprévisibles, révèlent sans spectaculaire une faille ou une étrangeté dans leur identité, due à leur passé insaisissable. Le dramaturge situe presque toujours ses pièces dans des intérieurs minutieusement décrits mais saturés d'objets hétéroclites et dont l'inutilité n'a de cesse d'être souligné. (Wikipédia) Il en est de même avec Le Retour, oeuvre écrite et présentée pour la première fois en 1964, où règnent la suspicion et la menace, où les mots servent à exercer le pouvoir, où les mots s’avèrent même être une arme de destruction massive. [...] Décrite tantôt comme un panier de crabes, tantôt comme un noeud de vipères, la famille est là, dit-on, pour connaître nos secrets les plus intimes et nous trahir avec ! La famille, avec ses tabous et ses non-dits, ses conflits inexprimés et ses pots cassés, maladroitement dissimulés sous le tapis... (Programme du T.N.M.)

Si «la scène reflète la quintessence de la vie» selon les dires de Tcheckov, Pinter y puise dans la marge pour en concentrer le négatif. Ainsi, le déploiement dans les marges se manifeste-t-il par tout un jeu de de décalages, de distorsions, de contre-pied, d'attentes déçues, de surenchère rhétorique. La marge n'est toutefois pas la forme autre mais l'autre de la forme... (Corvin).

Ce texte - dont la traduction québécoise de René Gingras m'apparaît un peu faible - devient, des les premières répliques, un combat extrême et caustique où tous les coups (verbaux et physiques) sont permis entre ces frères jusqu'à l'arrivée de Ruth, la belle-fille. De là, les paroles acerbes et rongeantes deviennent le théâtre d'un enjeu mordant: la définition de la femme selon le point de vue de chacun des hommes présents - la déesse, l'épouse, la mère, la putain, la dominatrice, la soumise, etc.

Du théâtre comme on en voit rarement sur les scènes québécoises...

Pour mettre en scène cette pièce qui suinte la haine, la misogynie et la cruauté, le metteur en scène Yves Desgagné a privilégié une esthétique inspirée de Edward Hopper (ce dernier, considéré comme le «peintre de la solitude, de l'aliénation et de la mélancolie, figure notamment des personnages anonymes et archétypaux, dont le visage ne trahit aucune émotion, comme si le décor ou la situation le faisaient pour eux. Pourtant, de ses toiles se dégagent diverses impressions : le silence, la tension, l'exclusion, la mélancolie... recouvert d'un immobilisme malsain): un intérieur clos, tout en lignes droites pour créer différents plans, sombre et étouffant, confiné à représenter la désuétude de cette famille corrosive. Outre la patine un peu déficiente (mais peut-être est-ce voulu), l'effet d'asphyxie, d'étranglement, est particulièrement réussi... et pour une fois le T.N.M. donne un bel exemple d'une scénographie qui se veut le parfait miroir de ses habitants...

Le jeu des comédiens laissent toutefois entrevoir une faille importante due peut-être à la traduction et/ou la direction d'acteur. Une persistante impression de voir différents niveaux et de langage et de jeux sur la même scène dérange le spectateur (disons le spectateur professionnel...). Dune part, Marcel Sabourin profite de chacune de ses tirades pour exulter dans un jeu gestuel proche de La Ribouldingue alors que de l'autre, Patrice Robitaille et Noémie Godin-Vigneau jouent avec une austérité désarmante, que Jean-François Pichette se téléromanise et que Benoit Girard, tout aussi bon soit-il, passe comme une ombre...

Bien que je souhaite souligner l'intérêt des reprises de chaque tableau où les comédiens tiennent une pose véritablement picturale pendant quelques secondes, je dois avouer que la mise en scène (meilleure, à mon avis, dans la seconde partie!) se perd quelques fois dans des numéros, si le terme peut s'accoler à ces moments, qui dénaturent un peu le propos. Je pense particulièrement à ces étranges déplacements à reculons qui rendent perplexes ou à ces cloches qui résonnent dès qu'une lumière s'allume...

Plus de retenue de la part du principal protagoniste (Sabourin) et de la mise en scène et une plus grande homogénéité du jeu aurait probablement donné une plus grande tension à ce chef-d'oeuvre de la littérature dramatique.


Une semaine de théâtre

Du théâtre il y en a toujours... faut dire que nous sommes particulièrement choyés sur notre territoire avec toutes les compagnies et diffuseurs qui s'y trouvent (voir d'ailleurs à ce propos l'article de Anne-Marie Gravel à la page 36 du Progrès-Dimanche, Le milieu théâtral en ébullition... relation du premier Rendez-vous théâtre de mercredi dernier...). Alors, pour les quelques jours qui viennent, quelques dates à ne pas manquer!

Mercredi, 28 janvier 2009, 19h30
Message de Guylaine Rivard: À tous ceux qui ont communiqué avec moi pour confirmer leur présence au premier CRI du Choeur (NDLR: rencontres-laboratoires sur le jeu choral...) du 28 janvier, c'est à dire pour assister à la première représentation de La Rubrique, je vous informe que j'ai donné la liste des nom à La Rubrique hier (vendredi 23 janvier). Si parfois vous avez oublié de me confirmer votre présence, je dois malheureusement vous informer qu'il est trop tard maintenant. J'espère que vous serez quand même parmi nous lors du prochain CRI du CHOEUR, mercredi le 4 février à 18h30 au CEGEP du Chicoutimi. Pour le 28 janvier, j'invite donc tous ceux qui ont confirmé leur présence, à arriver 30 minutes avant la représentation de 20h, afin que nous puissions ensemble préparer notre CHOEUR de Bravo!!! (cette rencontre se fera dans l'atelier de formation au 2ième étage). Notez que pour l'occasion, nous serons tous regroupés dans la salle Pierrette Gaudreault, tel un véritable CHOEUR.

De mercredi à samedi, du 28 au 31 janvier 2009, 20h
(en fait, la pièce joue jusqu'au 13 février...)
Pour fêter leur trentième anniversaire de fondation, le Théâtre La Rubrique lance sa toute dernière (co-)production, Une maison face au Nord... un texte de Jean-Rock Gaudreault mis en scène par Jacynthe Potvin.


Chicoutimi, 2005. Henri Simard et sa femme Anne-Marie ont élevé trois enfants. Ils ont bâti leur existence de leurs mains – au propre comme au figuré. En faisant l’inventaire de sa vie de col bleu et de son atelier, Henri se sent coincé comme au bout d’une impasse : le patrimoine qu’il a constitué et le pays dont il a rêvé perdent inexorablement leur sens et leur avenir. Entre un fils exilé à Boston et poursuivi pour fraude boursière, un jeune ouvrier Guatémaltèque et un vieux Polonais, il entreprend stoïquement de contempler l’effondrement de son monde sous le regard lucide de sa femme qui se rend compte qu’aucun de ses enfants ne lui donnera de descendance. Avec entres autres Louisette Dusseault, Guy Migneault, Éric Chalifour et Sara Simard.

samedi 24 janvier 2009

Déclaration théâtrale


Il ne faut pas être amoureux du théâtre...
il faut l'adorer. Ce n'est pas un métier,
le théâtre, c'est une passion!

Sacha Guitry
Le comédien
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Le comédien raconte la vie du grand comédien Lucien Guitry. Depuis son enfance jusqu'à sa fin, sur scène, le soir de la répétition générale de L'amour masqué, une opérette de Sacha... A travers une évocation des souvenirs de Sacha à propos de son père et de la pièce Le comédien, le film est aussi une réflexion sur la grandeur et la servitude du métier d'auteur. (http://www.geocities.com/Hollywood/Set/8100/frcomed.html)

vendredi 23 janvier 2009

Un zeste d'acidité


Il y a parfois certaines discussions qui laissent un goût amer... ou qui, pour faire plus juste, procure une montée d'acidité incontrôlée... une déception intense.

Comme lorsqu'un praticien (ou un artisan) de talent aspire à autre chose, à un autre ciel... Ambitions justifiables, certes. Ambitions à encourager, certainement. Ambitions ambitieuses? Tant mieux!

Toutefois, là où le bât blesse (et me fait grincer des dents), c'est lorsque celles-ci se font en réaction à un déni de la professionnalisation théâtrale saguenéenne, à son questionnement (que j'appuie pourtant généralement...) jusqu'à son dénigrement, à un abandon de la lutte pour une reconnaissance, un renoncement dans l'avancement de la pratique sur le territoire.

La réaction est épidermique, je sais... hystérique peut-être... mais bon. Tant pis. Je l'assume et refuse de laisser toute la place à l'indifférence.

Non pas que le milieu théâtral d'ici soit sanctifié et intouchable. Loin de là! Il mérite encore quelques bons coups de pieds, quelques bons coups de gueules! Rien n'est parfait et beaucoup reste à faire. Mais il faut y croire.

Que de l'extérieur on doute est une chose... que de l'intérieur on trouve le combat inutile est autre chose...

jeudi 22 janvier 2009

"Je ne suis pas Parisienne"

Petite vidéo d'une chanteuse que j'aime bien - Marie-Paule Belle - qui chante, en 1977, année de ma naissance, La Parisienne, dans une émission de variété... et qui dit variété dit aussi chorégraphie, mise en scène, costumes et décors... et interprétation! Petits sourires du jeudi soir.