dimanche 23 février 2020

Crash Course Theater and Drama


Je publie ici (après qu'on me les ai fait connaître il y a quelques semaines), toute une série de capsules-vidéos (sur une chaîne Youtube) portant sur l'histoire du théâtre: Crash Course Theater and Drama... Notez qu'il y a des Crash Course sur plein d'autres sujets!

Bon, c'est en anglais (et le mien est plutôt précaire), mais c'est vraiment instructif et fort bien fait.

Il y a, au total (je ne sais pas si la série est évolutive ou si elle est terminée), cinquante-deux capsules d'une quinzaine de minutes, chacune sur un thème bien précis: de la naissance du théâtre au futurisme, en passant par la commedia dell'arte, le classicisme, le théâtre shakespearien jusqu'aux genres un peu plus marginaux comme les minstrel show et le Grand Guignol. À chaque fois, un animateur fait les liens, donne les informations... le tout présenté avec humour et moult images et documents.

Voici à quoi ressemble la surprenante playlist:






C'est une source documentaire à découvrir. Pour passer des heures en visionnement ou juste pour consulter la playlist, le lien est ici

samedi 22 février 2020

Quand la vitalité théâtrale du SLSJ surprend la métropole...

Lorsque le milieu théâtral d'ici se réunit - que ce soit pour des rencontres de concertation ou lors de rencontres dans des instances plus officielles - nous aimons nous targuer d'être le troisième pôle théâtral en importance au Québec.

Et les justifications sont nombreuses: nombre de compagnies, nombre d'artistes locaux impliqués, reconnaissances, etc.

Nous ne sommes pas les seuls à nous en réclamer!

Déjà, en 1969, une telle constatation émanait du Devoir (dans son édition du 1er novembre) et de son journaliste et important critique théâtral, Michel Bélair (peut-être la lecture sera plus facile à même l'édition en ligne, ici, p.11):


Comme quoi le foisonnement théâtral dans notre région n'est pas affaire de nouveauté...

vendredi 21 février 2020

Des expositions virtuelles...


Le site web de la Société d'Histoire du Théâtre (en France) présente, en ligne, de nombreuses expositions virtuelles intéressantes qui mettent en valeur de beaux documents d'archives:

  • Molière à la Société d'Histoire du Théâtre;
  • Un théâtre par ses archives: le Théâtre de la Madeleine;
  • Gravures de théâtre;
  • Regards sur le public;
  • L'improvisation en archive;
  • Miniatures de théâtre;
  • Stanislavski à la SHT;
  • La mode au théâtre;
  • et plusieurs autres.
Il est possible de les visiter en suivant ce lien

mercredi 19 février 2020

Les enjeux de l'actualisation d'une pièce de théâtre

Mon champ de prédilection, comme metteur en scène, réside principalement dans les textes du répertoire (plutôt général)... avec un attrait particulier pour les textes de l'Antiquité, les farces médiévales, le théâtre russe, le théâtre de boulevard et le vaudeville français, le Grand Guignol... et tant d'autres! 

À chaque fois que je me replonge dans la lecture d'une pièce, avec en tête la quête de la prochaine production, revient les mêmes questions: que dit-elle? que me dit-elle? comment résonne-t-elle aujourd'hui? que montre-t-elle du monde actuel? quel est l'écart entre le passé et le présent? quel sens prend son discours?  Pourquoi la monter encore?

Je crois fortement en la valeur des textes de toutes les époques et de leur voix singulière pour dire le monde d'aujourd'hui. 

Mais vient toujours la mise en scène. Se pose alors une grande problématique: comment transposer ce texte ancien? comment faire comprendre la justesse du choix? comment le rendre clair? 

Bref, comment l'actualiser?

En lisant, par temps morts, mon bouquin sur Thomas Ostermeier (dont il était question ), j'ai souligné ce passage (p. 151... de l'auteure de l'ouvrage Jitka Pelechovà et non pas d'Ostermeier) qui représente bien tous les enjeux de ce principe d'actualisation:

Soumettre les textes anciens à une actualisation consiste à les transposer dans notre époque contemporaine selon un mode plus ou moins réaliste. C'est un travail qui se répartit selon une frontière souvent poreuse entre la dramaturgie et la mise en scène [...]. Or, cette épineuse question de l'actualisation soulève trois enjeux majeurs. Le premier est de faire face à la difficulté de trouver des analogies crédibles, subtiles et sensées, entre les faits relatés dans une pièce du passé (les situations, les objets, les costumes, etc., tout un univers visuel et sonore et sa matérialisation) et ce que pourrait être leurs équivalents actuels. Le deuxième, d'éviter de porter par là un regard réducteur sur notre société, ce qui mènerait à un aplatissement à la fois de la pièce et de la réalité actuelle. Le troisième, de ne pas faire dire à un auteur classique ce que l'on voudrait qu'il dise,  en lui faisant tenir certains propos, en  lui prêtant des intentions - c'est-à-dire en se servant de son oeuvre à son détriment.

C'est là, je trouve une belle réflexion... comme une mise en garde.

mardi 18 février 2020

Directeur de théâtre = éducateur et moralisateur...!

Je poursuis ma quête à propos de l'(im)moralité de notre théâtre! Les archives des années 20-30 regorgent de débats sur la question! Des débats qui sortent un peu de l'interdiction religieuse et de la menace pour poser d'intéressantes (et bon, quand même un peu dépassées!) questions sur le rôle de l'art et du théâtre. 

Voici donc, ce matin, un article paru dans La Libre Parole (un journal de Québec), en ce 30 mars 1912:


dimanche 16 février 2020

Une nouvelle peste!

Au Québec, l'histoire théâtrale de la seconde moitié du XIXe siècle est marquée principalement par les grandes tournées américaines (qui présentent également des troupes britanniques et françaises) qui feront défiler, sur les quelques scènes disponibles (propriétés du capital anglophone), les plus grands noms de l'époque... dont Sarah Bernhardt, Lucien Guitry, Réjane et plusieurs autres. À chaque fois - et mon blogue en témoigne! - la moralité se déchaîne dans les journaux.

Quand en 1885, des promoteurs (canadien-français) s'unissent et font des démarches pour créer une scène (francophone) capable de recevoir les tournées françaises voire d'installer une troupe française à Montréal, le bouchon saute!

Mais heureusement, les bons gardiens de la conscience veillent et mettent en garde la population en danger! Le journal La Vérité y va alors, en ce samedi 11 novembre 1885, d'une belle comparaison empreinte de menaces de châtiments divins:




samedi 15 février 2020

Quand le Progrès du Saguenay (de 1929...) se mêle de morale théâtrale...

Le lundi 5 novembre 1929, le directeur du Progrès du Saguenay (et aussi avocat) Eugène L'Heureux y va d'une critique théâtrale pour un spectacle qui s'est tenu quelques jours auparavant. 

Si la première section publiée ici laisse plutôt indifférent le lecteur d'aujourd'hui (parce qu'il est impossible de savoir de quoi il s'agit exactement), la seconde section prend une tournure beaucoup plus intéressante: L'Heureux questionne fortement la moralité de théâtre et la place que doit prendre son journal. 

En plein le genre de littérature qui me plaît: drapée dans la vertu et la convenance!




mercredi 12 février 2020

Une autre montée de lait épiscopale...

Oh. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas donné le plaisir de publier une autre fronde ecclésiastique contre le théâtre! Je remédie à cette longue trêve pour ressortir  des souvenirs (et de la BaNQ) une autre montée de lait épiscopale. Cette fois, elle est tirée de l'édition du 3 décembre 1886 du Journal des Trois-Rivières:


Ainsi, pas de théâtres immoraux... et pas de glissoires publiques! Tiens donc. Mais surtout, quelle belle ingérence dans les affaires de la municipalité. L'homme d'Église qui s'accorde ces droits (divins) devrait être, si je me fie au site web du Diocèse des Trois-Rivières, son second évêque, Monseigneur Louis-François Riché-Laflèche:


Il était, selon Wikipédia, le chef des ultramontains, à l'instar de son collègue, Monseigneur Bourget (l'une des vedettes incontestées de ce blogue!). C'est donc dire qu'il n'avait pas le théâtre en odeur de sainteté...

dimanche 9 février 2020

Quand le théâtre se donne à l'UQAC...

C'est un euphémisme de dire et penser que l'Université du Québec à Chicoutimi a joué un rôle majeur dans la constitution, l'évolution, la consolidation, la professionnalisation de notre milieu théâtral (et culturel dans son ensemble). 

Sans être une école de ''spécialisation'' (comme les Conservatoires, l'École Nationale ou les collèges qui dispensent une formation technique), l'UQAC a permis a de nombreuses cohortes d'artistes (dont plusieurs sont très actifs de nos jours) de réfléchir à la chose théâtrale, de peaufiner des démarches, de faire des recherches formelles. Ceux qui n'y ont jamais mis les pieds sont peu nombreux... 

Le théâtre a fait officiellement son entrée dans le cursus de l'UQAC à la session Hiver 1978. Avant cette date, l'art dramatique n'était pas inexistant. Loin s'en faut. Il était soit desservi par le service socioculturel (animé pendant longtemps par Ghislain Bouchard), soit abordé d'un point de vue littéraire par les Lettres. 

Voici comment, le 20 novembre 1977 (dans le Progrès-Dimanche), Rodrigue Villeneuve, initiateur et titulaire du programme, présente le tout nouveau Certificat de théâtre, quelques semaines avant le premier cours, :


Il est assez intéressant de voir que dès le départ, ce programme se destine à stimuler le milieu théâtral régional qu'on espère voir se profiler à l'horizon, à devenir un catalyseur d'une pratique riche en expériences de toutes sortes. Et le dernier paragraphe qui pose des objectifs à longs termes nous permet, de nos jours, de juger du chemin parcouru... 

En 1989, ce programme en théâtre sera intégré au tout nouveau Baccalauréat interdisciplinaire en art (qui fera école et se démarquera par son approche) pour devenir l'une des six concentrations (théâtre, cinéma, design, sculpture, peinture, histoire de l'art).

C'est là que j'ai fait mon bacc. (1997-2000) et ma maîtrise (2003-2005)... et c'est là que je donne, depuis 2006, des charges de cours (principalement en histoire du théâtre au Québec et en création) en plus de faire quelques supervisions.

samedi 8 février 2020

Le théâtre, héros de notre temps?

Thomas Ostermeier, metteur en scène allemand (né en 1968), a une vision précise du théâtre... du rôle du théâtre dans la société. De l'espace que celui-ci occupe... qu'il devrait occuper. Voici comment, en quelques mots, il exprime la dualité théâtrale d'aujourd'hui, dans Le théâtre et la peur (assemblages d'entrevues, de discours et de de conférences), paru en 2016 chez Actes Sud:


[...] Le théâtre n'a pas mérité d'être le héros de notre temps. Il n'a rien fait pour l'être. Au contraire, le théâtre a tout fait pour cesser d'exister. Il a abandonné sa source vitale et essentielle, que sont les auteurs, et il a abandonné la formation de l'acteur, l'art de l'acteur n'est plus important aujourd'hui. Le théâtre a donc tout fait  pour ne pas être un héros de notre temps. Mais en même temps, la société a tout fait pour que le théâtre devienne le héros de notre temps, parce que c'est le dernier endroit d'une véritable liberté. Tous les autres médias sont entre les mains des grosses boîtes de production, tandis que le théâtre subventionné peut encore être un endroit de rêve et de liberté. Dans notre société, il y a de moins en moins de rencontres véritables entre les individus. [...] Dans un monde dominé par le virtuel, on se retrouve tout d'un coup avec une représentation réelle et virtuelle à la fois. Et c'est ça la beauté du théâtre, dans le monde d'aujourd'hui qui nous confronte sans cesse à des médias bidimensionnels.

C'est, d'une part, un regard sévère (ou rigoureux?) porté sur le théâtre... mais aussi un profond engagement envers ce médium. Et tout l'intérêt d'Ostermeier se retrouve dans ces et ses contrastes: de la haine à l'amour des planches, du retour constant aux classiques aux codes du théâtre contemporain,  de sa position d'artiste à celle du gestionnaire, de sa position établie à une recherche permanente de renouvellement. 

vendredi 7 février 2020

À quoi tient la gloire?

Notre bon Progrès du Saguenay (du 2 août 1906) nous révèle un grand secret théâtral... à savoir: à quoi tient la gloire? Question complexe. Cette gloire tient-elle du talent? De la présence? De l'effort? Des heures et des heures de répétition? Que non! C'est bien plus simple! Elle vient du bon et tonique vin St-Michel! Car tous connaissons les bienfaits de l'alcool sur le jeu, la mémoire et la rigueur! 


La belle époque des réclames! Et des témoignages tous plus sincères les uns que les autres... ancêtres de nos bonnes info-pubs!

Par ailleurs, mes premières recherches - sommaires, j'en conviens - ne m'ont pas permis de trouver beaucoup d'informations sur ce pourtant favori tant sur la scène qu'en dehors, et qui a créé nombre de rôles fameux... Qui est-il? (J'imagine que c'est son portrait qui illustre l'annonce...)

Ce n'est pas trop clair... Il semble qu'il fasse partie de ces acteurs français, nombreux au tournant du XIXième siècle, à tenter leur chance dans ce Nouveau-Monde... du moins, si je me fie aux quelques articles que j'ai trouvé annonçant ses départs pour la France et ses retours... Mais il se peut aussi qu'il soit canadien... Dur à dire.

La Presse du 2 juillet 1902, le fait partir pour l'Europe... retour chez-lui ou non?... dur à dire : 


Puis, ont leur fait des adieux, toujours dans La Presse, quelques années plus tard, le 1er juillet 1905:


Revient-il par la suite? Aucune idée. Les archives se taisent. Tout ce que je sais, c'est qu'entre les deux, les choses ne semblent pas avoir particulièrement bien tourné... puisqu'il y a cette toute petite brève (qui porte bien son nom) parue dans Le Nationaliste du 23 juillet 1905:



jeudi 6 février 2020

Quand une critique passe mal...

Les critiques de théâtre exercent un métier dangereux... car oui, les mécontents sont souvent nombreux: parce que trop floues, trop brèves, trop incomplètes, trop dures, trop vague, trop à côté de la track. Trop. Ou pas assez. 

Mais personne, je l'espère, ne réagira comme cet homme dont il est question dans le Devoir du 14 octobre 1913: