samedi 26 décembre 2009

Un théâtre «automatique» en LEGO

Voici une petite vidéo pour tous les amateurs de LEGO... Il s'agit, en fait, d'un toy theatre, d'un castelet miniature. La partie de ce vidéo qui montre les mécanismes est la plus intéressante!



Ce que j'aurais aimé avoir ce type de jouet plus jeune!

jeudi 24 décembre 2009

À tous...



En ce jour de réveillon, je souhaite à tous ceux qui me lisent ou qui tombent sur cette page par erreur un très joyeux Noël! À la semaine prochaine!

mercredi 23 décembre 2009

De retour à Boileau...


Gravure reproduite dans l’ouvrage d’André Degaine,
Histoire du théâtre dessinée, Paris, Saint Genouph, 1992, p. 167.

De retour dans l'Art Poétique de Nicolas Boileau. Il me fallait bien, par devoir de bonne conscience, m'y pencher un peu... Aujourd'hui, donc, quelques petits vers qui terminent le troisième chant... une mise en garde... un avertissement... un parti pris!

J'aime sur le théâtre un agréable auteur
Qui, sans se diffamer aux yeux du spectateur,
Plaît par la raison seule, et jamais ne la choque.
Mais pour un faux plaisant, à grossière équivoque,
Qui pour me divertir n'a que la saleté,
Qu'il s'en aille, s'il veut, sur deux tréteaux monté
Amusant le Pont-Neuf de ses sornettes fades,
Aux laquais assemblés jouer ses mascarades.

mardi 22 décembre 2009

Du théâtre et des jeunes...

Voilà, c'est fait.

Depuis hier soir, je suis en vacances... depuis la tenue de la piécette du groupe Éveil (8-9 ans) du Théâtre 100 Masques, À la poste.

1ière photo: Dahlia (la postière); 2ième photo: Gabriel (le jeune garçon);
3ième photo: Félix (le Maire), Dahlia, Gabriel et Mélodie (la chef de bureau).
Photographies: Carol Émond.


Les quatre enfants avaient, pour mission, de faire une petite création collective sous la direction de Sarah Bernard. Du coup, nous avions, sous les yeux, une postière trop curieuse qui ouvre toutes les lettres... dont celle confidentielle adressée au Maire et la désignant comme une mauvaise employée; un jeune garçon qui veut se poster pour aller embrasser sa grand-mère le jour de sa fête; une chef de bureau hystérique et un Maire bon enfant qui décide de redécorer le bureau de poste. Près de vingt minutes bien tenues...

La semaine dernière, mercredi, le groupe Expression (10-12 ans) présentait, pour sa part, le résultat de ses ateliers de gumboots théâtral avec Jonathan Boies.


Sur la photo: Mélody, (?), Marika et Élodie

À partir d'une chanson des colocs, Belzébuth, elles ont tenté de marier rythme et texte dans un petit numéro chorégraphié en douze semaines.

La reprise des ateliers, pour la prochaine session, est le 18 janvier. D'ici là... zzzz... zzz...

lundi 21 décembre 2009

Elle a toujours voulu être une fille hirondelle...


Ai assisté, hier après-midi, à la dernière représentation de J'ai toujours voulu être une fille hirondelle, un spectacle pour enfant écrit et mis en scène par Johanna Lochon dans le cadre la fin de ses études à la Maîtrise en art de l'UQAC (maîtrise qu'elle a, par ailleurs, et avec raison, reçue avec une mention d'excellence!).

Comme il était indiqué dans le communiqué, ce spectacle raconte l'histoire d'une jeune fille dont le seul rêve est de s’envoler derrière les océans et de découvrir ce qui se cache derrière l’horizon. À la maison, reste la mère nous racontant son difficile travail de maman devant laisser son petit papillon s’envoler. À travers un dialogue mère et fille, nous découvrons l’histoire d’une jeune fille téméraire à la conquête du monde, affrontant l’inconnu et arpentant la jungle, la folie de la ville et la démesure des montagnes pour découvrir ce qui se cache vraiment au fond de son cœur. J’ai toujours voulu être une fille hirondelle c’est l’aventure initiatique d’une jeune fille qui cherche son chemin dans une véritable explosion de paysages, de couleurs, de rencontres et de vie.

Il est toujours un peu embêtant de parler ou d'écrire sur ce type de spectacle, résultat d'une recherche, d'une élaboration théorique qui nous est, généralement inconnue. Les points importants, les grands axes de création, les tenants et aboutissants de ces mois de travail manquent à une opinion éclairée. Toutefois...
____________________________________

J'ai toujours voulu être une fille hirondelle révèle, chez Johanna Lochon, une écriture fine et poétique... qui s'adresse avec intelligence aux enfants. Une maturité qui s'exprime avec lucidité et fluidité. Et bien que parfois le lyrisme renvoie la fable au rôle d'accessoire, on y retrouve facilement la trame de la quête, de la recherche d'autonomie, de liberté. Une quête flamboyante qui ne plie pas devant des dictats réalistes (car je rappelle que cette enfant part dans le monde à peine âgée de douze ans et parcourt, seule, la jungle avec la bénédiction de cette mère insouciante!) et moralistes souvent inhérentes aux œuvres pour enfants. Un fort beau texte.

Les personnages sont généralement bien définis et bien dirigés. Sur scène, principalement, deux interprètes. Carolyne Gauthier (étudiante en troisième année du B.I.A., si je ne m'abuse) incarne la petite fille maladroite, rêveuse qui s'envole vers l'inconnu. Douce exaltée, espiègle et impétueuse, touchante et aventureuse, elle donne le ton à ce spectacle. Sa mère, jouée par Caroline Tremblay, outre le fait de raconter son expérience maternelle, donne, (je crois!), quant à elle, le leitmotiv de celui-ci: il faut prendre son temps... Du moins, c'est ce que j'ai compris. Prendre le temps de vivre, d'apprivoiser ses craintes et ses peurs, de grandir. Pour ma part, cette relation mère-fille (à sens unique, je dirais... la fille ne se commettant que fort brièvement sur celle-ci), n'arrive toutefois pas à acquérir une importance aussi grande que le motif de la quête malgré le talent des deux comédiennes. Mais est-ce le but? Doit-elle être un pilier de cette production? Il faut également souligner la présence, à leur côté, de Marilyne Renaud qui prend, manifestement avec plaisir (et pour celui des spectateurs) en charge les rôles utilitaires: la voisine, l'optométriste, le toucan, le mexicain, les vendeurs du marché, etc. Des petits caméos qui égaient avec brio ce spectacle.

L'espace se résume en deux éléments principaux mis en valeur par les éclairages de Marilyn Tremblay (qui semble prendre de plus en plus d'assurance) et par la conception sonore de Patrice Leblanc. Le premier, en arrière-plan, est constitué d'un module compact - avec tréteau, bibliothèque, palier et escalier - représentant le cocon familial. D'une utilisation efficace, il permet des images intéressantes. Le second lieu, tout l'avant scène, est vide... disponible pour recevoir qui des jeux de lumières marquants (les nuages, l'eau, la jungle), qui des accessoires mobiles (à lesquels les personnages de Marilyne sont très souvent associés) synecdotiques amusants dénotant un véritable sens de l'image: un siège pour un avion, un cadre de cabine téléphonique, un mur d'hôtel, quelques arbres en cartons... et un écran de rétroprojections (un moyen d'illustration cher à Johanna!).

Du coup, dans le second espace, la mise en scène sert principalement à mettre en place ces images, ces effets théâtraux, ces explorations scéniques. Pourtant, dans ce va-et-vient effréné, on délaisse un peu le fil du spectacle pour se délecter et s'amuser de leur apparition. Une utilisation justifiable, certes... accrocheuse, assurément... mais qui demanderait encore un peu de raffinement (notamment en ce qui concerne l'écran de rétroprojections) dans leur déploiement. afin de participer à un tout plus homogène. Et se poserait alors la question de la forme: la forme pour le contenu ou le contenu pour la forme?

Malgré ces commentaires, J'ai toujours voulu être une fille hirondelle demeure, pour moi, un beau moment de théâtre qui s'adresse à l'enfant qui sommeille en chacun de nous (bon, c'est convenu comme remarque, je sais!)... et donne un avant-goût prometteur des futures réalisations de Johanna Lochon qui, souhaitons-le, fera sa marque dans le théâtre-jeunesse!

dimanche 20 décembre 2009

To be or not to be...


À la suite du Sommet de Copenhague, le caricaturiste Garnotte puise, dans l'édition d'hier du Devoir (19 décembre 2009), dans la tradition théâtrale et utilise la célèbre tirade de l'Hamlet de Shakespeare afin d'illustrer le déshonneur canadien fossilisé.

La semaine théâtrale (du 20 au 26 décembre 2009)

Ça sent résolument la fin de la saison théâtrale! À ma connaissance (mais elle n'est pas omnisciente!), il ne reste qu'un rendez-vous à inscrire à l'agenda... et il est aujourd'hui:

Aujourd'hui - 20 décembre 2009
Petit Théâtre de l'UQAC, 14h

Johanna Lochon présente son projet de fin de maîtrise, un spectacle pour enfant intitulé J'ai toujours voulu être une fille hirondelle.

Voilà, c'est tout pour cette année... à moins qu'il ne reste quelques représentations des Amis de Chiffon?

Pour ma part, je mets un terme à ces semaines théâtrales... jusqu'à janvier! Et probablement perdrai-je un peu de ma constance dans les prochaines jours... festivités obligent!

samedi 19 décembre 2009

Saint-Saëns en action

Il y a quelques jours, j'écrivais ici à propos de la Danse Macabre de Saint-Saëns que j'aime beaucoup. En fouillant un peu sur Youtube (il est des jours, comme aujourd'hui, où l'inspiration manque!), je suis tombé sur ce petit vidéo du Maestro capté en pleine action, dirigeant d'une main de maître... et, plaisir suprême, le réalisateur (à l'origine) et commentateur (quelques années plus tard) de celui-ci n'est nul autre que Sacha Guitry. Il s'agit là d'un extrait de son fabuleux Ceux de chez nous tourné en pleine Première Guerre qui présente également Sara Bernhardt, Auguste Rodin, Auguste Renoir, Edmond Rostand, etc.!



Voilà.

vendredi 18 décembre 2009

Une Histoire en vers...


En 1674, Nicolas Boileau publie son Art poétique (le fameux texte qui résume ainsi la règle des trois unités: Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli) qui édicte (pour ne pas dire qu'il enferme à double tour!), en quelques sortes, le cadre du classicisme français qui aura cours jusqu'à la révolution romantique (bon... je bouscule un peu l'histoire, mais...).

Dans cet essai écrit en vers se trouve, au troisième chant (à partir du vers 61), une histoire du théâtre en quelques lignes (32... pour être plus précis) que j'aime bien:
La tragédie, informe et grossière en naissant,
N'était qu'un simple choeur, où chacun, en dansant,
Et du dieu des raisins entonnant les louanges,
S'efforçait d'attirer de fertiles vendanges.
Là, le vin et la joie éveillant les esprits,
Du plus habile chantre un bouc était le prix.
Thespis fut le premier qui, barbouillé de lie,
Promena dans les bourgs cette heureuse folie ;
Et d'acteurs mal ornés chargeant un tombereau,
Amusa les passants d'un spectacle nouveau.
Eschyle dans le choeur jeta les personnages,
D'un masque plus honnête habilla les visages,
Sur les ais d'un théâtre en public exhaussé,
Fit paraître l'acteur d'un brodequin chaussé.
Sophocle enfin, donnant l'essor à son génie,
Accrut encor la pompe, augmenta l'harmonie,
Intéressa le choeur dans toute l'action,
Des vers trop raboteux polit l'expression,
Lui donna chez les Grecs cette hauteur divine
Où jamais n'atteignit la faiblesse latine.
Chez nos dévots aïeux le théâtre abhorré
Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré.
De pèlerins, dit-on, une troupe grossière,
En public, à Paris, y monta la première ;
Et, sottement zélée en sa simplicité,
Joua les Saints, la Vierge et Dieu, par piété.
Le savoir, à la fin dissipant l'ignorance,
Fit voir de ce projet la dévote imprudence.
On chassa ces docteurs prêchant sans mission ;
On vit renaître Hector, Andromaque, Ilion.
Seulement, les acteurs laissant le masque antique,
Le violon tint lieu de choeur et de musique.

Un jour, il faudra tenter d'écrire la suite de façon aussi concise pour se rendre jusqu'à aujourd'hui!

jeudi 17 décembre 2009

Le critique, «artiste impressionniste»... l'acteur, «artiste expressionniste»

Le banc des amateurs - Honoré Daumier

Pour poursuivre dans la lignée du dernier billet, voici une réponse à la question posée par le Théâtre Périscope (dans le cadre du concours Acte critique 2007-2008) à Jean St-Hilaire, critique dramatique (jusqu'à l'été dernier) au journal Le Soleil (Québec):

Qu'est-ce qu'une bonne critique de théâtre?

Un préjugé tenace entoure la critique théâtrale. On veut qu’elle applaudisse aux bons coups, oui, mais surtout qu’elle sanctionne sans merci les faux pas, ce en quoi on la réduit à un négativisme stérile.

Donner son opinion, dire qu’on a aimé ou pas ne suffit pas à faire une critique. La critique est un acte de second regard, la condition même de l’avancement de la pensée, et ce, de tout temps et dans toute société. La démocratie ne serait pas advenue sans elle. Elle est née parce que des philosophes, des écrivains, des acteurs publics ont critiqué l’obscurantisme et les injustices qui la voilaient au regard des humains.

La critique théâtrale, elle, ne se substitue pas au spectacle, elle le prolonge. Elle n’est pas « vérité révélée », mais tentative d’approfondissement. Équilibrée, nuancée et sincère, elle documente et enrichit la rencontre des artistes avec leur public, et par extension avec leur société, la tradition et l’avenir en marche du théâtre.

L’éminent critique savant George Steiner fait ressortir bien à propos que la critique est « un commentaire sur le commentaire », une appréciation de la critique première du monde qu’est toute oeuvre d’art. Car en comédie comme en tragi-comédie et en tragédie, c’est d’un aspect ou l’autre de la condition humaine que toute pièce un tant soit peu structurée et inspirée traite. Entre la scène et nous, public, un fragment d’humanité respire. Les créateurs donnent une forme et un souffle à ce fragment ; au critique de voir s’il en émane cohérence, force d’expression, poésie et originalité. Ce dernier mot a son importance car l’art véritable n’imite pas, il est le regard unique posé sur un enjeu, une situation, fussent-ils familiers ou extraordinaires. Il existe une telle chose qu’une pièce ou un spectacle bien fait qui divertit, mais ne réinvente rien. La création véritable, elle, génère ses propres critères et produit du neuf. Et il ne faut jamais perdre de vue que la nouveauté féconde est une petite bête qui quémande apprivoisement…

Voilà un long détour pour en venir à la question qui brûle toutes les lèvres : qu’est-ce qu’une bonne critique ?... À vrai dire, je ne suis pas sûr de pouvoir y répondre avec pertinence. Je préfère penser qu’il y a plusieurs chemins vers la critique vivante. Celle-ci allie la vivacité du conteur à l’acuité de l’analyste, l’observation personnelle à la prise en compte des exigences de la scène qui, soit dit en passant, ne sont pas réductibles aux objectifs du cinéma ou de la télé. Osons quand même une définition. Oh, je n’ose pas fort, je me rabats sur des mots relevés jadis, mais dont j’ai perdu la source. Cette définition dit à peu près ceci : la critique est l’expression raisonnée de son sentiment devant les productions de l’esprit.

Raisonner son sentiment, là réside le défi cardinal de la critique. Et pour ce faire, il faut décrire avec toute la précision dont on est capable. La fable (l’histoire), l’esthétique visuelle et sonore du spectacle, à commencer par le jeu des acteurs, l’effet produit. Car si on décrit mal, ou pire, on ne décrit pas, comment votre lecteur ou auditeur se représentera-t-il ce que vous jugez ?...

Plus que d’une recette, c’est de curiosité, de discipline intellectuelle, d’originalité et de sincérité dont l’aspirant critique et le critique ont besoin. Il y a du vrai dans ce qu’Oscar Wilde disait : le critique est « un artiste impressionniste » et l’acteur, « un artiste expressionniste ». Mais avant tout, il y a une question fondamentale que l’aspirant critique et le critique doivent se poser : qui suis-je ?

Quel est mon schéma du monde et quelle place me vois-je dans ce schéma pour oser juger des créations d’autrui ? Si mon but ultime est de réduire le monde aux clichés et préjugés du jour plutôt que de chercher à l’agrandir, mieux vaut m’engager sur une voie moins publique. Car la critique dramatique est un acte public, une médiation entre ceux qui font le théâtre et ceux qui, avec leurs frères et soeurs humains, essaient de se reconnaître dans la représentation. Un acte public, donc civique, qui ne tolère pas la paresse. À l’instar du ressentiment, la paresse vous épaissit les lunettes et vous assèche le regard. Elle déforme l’objet observé…

mercredi 16 décembre 2009

En matière de critique...


Je veux qu'[elle] soit sincère, grave, profond[e],
se sachant investi[e], à l'égard du poète, d'une fonction créatrice,
digne de collaborer à la même oeuvre que lui
et de porter, comme lui, la responsabilité de la culture.

Jacques Copeau

Jonquière... il neige. Il fait froid... C'était hier.

Une treizaine de praticiens se sont réunis au Côté-Cour pour entendre, échanger, pendant deux heures, avec les quatre invités du Théâtre C.R.I. et du Théâtre 100 Masques dans le cadre du troisième Rendez-Vous Théâtre: Philippe Belley (chroniqueur culturel à CBJ), Paule Therrien (animatrice à CBJ et à CKTV), Michel Lemelin (disons... spectateur critique) et Denise Pelletier (journaliste émérite au Quotidien et blogueuse).

Que retirer de ce Rendez-Vous Théâtre ayant pour thème Autour et au tour de la critique animé de belle façon par François Tremblay (aussi chroniqueur à CBJ)?

Petit compte-rendu qui, dressant les grandes lignes abordées, ne rendra malheureusement pas compte de la richesse des discussions.

D'emblée, une définition de la critique s'impose... et tous rejettent celle inscrite sur le communiqué (celle de Jacques Copeau mise en exergue plus haut) , ou du moins, affirment qu'elle ne peut s'appliquer dans un milieu comme le nôtre (et ici, je tique encore et encore!). La critique, c'est, selon Lemelin (et il redéveloppe son argumentation sur son blogue), une affaire de discernement (par rapport au contexte, au moyens, aux artistes impliqués). C'est une position de spectateur privilégié pour les autres. La critique , au sens où on l'entend (pensons aux Robert Léveques, Jean St-Hilaire, Michel Bélair) existe-t-elle au Saguenay?

Dans notre contexte, aucun des invités ne se considère comme critique. Vu l'espace qui leur est accordé, vu le cadre fixé par les employeurs, vu aussi le caractère généraliste de leur métier. La spécialisation inhérente à une véritable analyse critique fait défaut. Et pourtant, il y a tout de même émission de commentaires, de brèves analyses... parfois plus détaillée. L'expérience aidant, le journaliste peut s'exprimer avec plus de facilité. Par conséquent, il y a, en quelques sortes, critique! Dès lors, on parle de critique médiatique... de critique s'adressant, par médias populaires, à un public précis qui ne recherche, par ailleurs, guère un essai analytique mais plus une description et une appréciation. Selon les uns, ces commentaires ont peu d'influence (et pourtant!)...

On distingue aussi le rôle de la critique conventionnelle (l'utopie de Copeau) avec celui de la critique médiatique qui, outre le fait de donner un compte-rendu de l'oeuvre, se confond également avec celui-ci (peut-être plus primordial) de la promouvoir...

Alors, se sentent-ils à l'aise d'aborder franchement les points négatifs d'un spectacle? Encore une fois, la petitesse du milieu est évoquée avec ce qu'elle peut supposer de relations incestueuses entre les journalistes et les praticiens. On apprécie le fait de pouvoir suivre l'évolution des artistes, on se sent capable de pointer, dans une oeuvre, les questions... de situer une oeuvre dans une démarche. Mais on se sent difficilement en droit de critiquer négativement... Peut-on parler, dans ce cas, d'une production qui ne plaît pas? À moins de la détester (et dans ce cas, on s'abstient), il y a toujours quelque chose à dire sur celle-ci... et des nuances à apporter dans le commentaire (sur le contexte de réception, les moyens utilisés, les tentatives de recherche, etc.).

Que fait le milieu pendant ce temps? Est-il capable de prendre la critique (d'ailleurs, sur ce point, on déplore que cette formulation présuppose qu'il y est fondamentalement réfractaire... et je maintiens celle-ci... surtout dans le cas d'une critique négative!)? La question ferait, à elle seule, l'objet d'un débat enflammé. Ouverture? Frilosité? Les opinions divergent selon qu'on soit assis derrière un micro, un ordinateur, une scène ou qu'on soit praticien.

Donc, en bref, le véritable travail critique doit se faire dans les revues spécialisées, pour un public spécialisé. Elle doit cependant se faire aussi (et surtout!) entre praticiens, dans un échange interpersonnel (l'espace public - comme le blogue - étant un peu malsain selon certains). Il serait important de créer un espace critique. D'ailleurs, on se prend à rêver d'une formule où, dans le cadre d'une journée (par exemple!), tous les praticiens se réunissent pour discuter, selon une horaire précise, de toutes les productions ayant eu cours durant l'année, pour poser des questions aux créateurs, évaluer les démarches, etc.

La discussion fut des plus intéressantes... et pourtant, je reste encore avec l'idée que cette non-existence de la critique (dans son sens premier) dans un milieu (particulièrement comme le nôtre) freine l'évolution de la culture.

mardi 15 décembre 2009

D'un pouvoir de suggestion...

Je m'éloigne un peu du théâtre (même si ce billet est directement relié à mes activités de l'hiver) pour présenter ce... ce... ce truc (d'emblée, je m'excuse: il est en anglais... mais complet!) qui m'inspire terriblement...



J'adore cette Danse Macabre de Saint-Saëns. J'adore l'idée du poème symphonique (voir ici, en lien, le poème originel de Henri Cazalis et la mise en scène musicale de celui-ci). J'adore la faculté qu'a cette oeuvre de créer des images que par la musique... cette puissance d'évocation. .. Et ce, malgré toutes mes résistances envers la musique... C'est vers ce type d'évocation directe et pourtant suggestif que je tend dans mon travail... et là est tout le défi!