samedi 23 juin 2012

Vicky et ses cochons


Vicky Côté continue sa route et sa récolte de prix et de reconnaissances. Elle a remporté, jeudi dernier, à Montréal, lors du 4ième Gala des Cochons d'Or - organisé par les Cartes Prem1ères et récompensant des productions et des artistes de la relèves théâtrales (ce qu'on appelle le théâtre émergeant) - deux prix (et je prends leur nomenclature sur sa page Facebook):

Le Cochon plastique, pour la meilleure conception décor, que le jury a unanimement tenu à donner aux trois concepteurs scénographie/costumes/accessoires (Vicky Côté, Louise Boudreault et Stéphan Bernier) parce que les conceptions étaient trop cohérentes pour être scindées.

Le non moindre
Néo-Cochon, remis pour avoir démontré le plus d'audace et d'innovation dans la création.
 
Bravo à elle, à son équipe, au Théâtre À Bout Portant!

Le Code du théâtre


Tiens... ce matin, je fais une petite promenade entre les pages de ce Code du théâtre, publié en 1882 par Charles Le Senne, avocat à la cour d'appel et membre de la Société des auteurs compositeurs dramatiques. Dans ce recueil (trouvé sur Google Books) écrit à la manière d'un dictionnaire alphabétique, il y a des dizaines et des dizaines de points d'informations sur (et le sous-titre l'indique!) le théâtre, ses lois, ses règlements, sa jurisprudence, ses usages... Le feuilleter permet de découvrir parfois de drôles de consignes...





Bien que je ne sois rendu qu'à la lettre G, je me demande à quoi ressemblerait notre propre code... et quelle(s) pratique(s), pour nous très normale(s), paraîtrai(en)t grotesque(s) pour un lecteur du futur?


jeudi 21 juin 2012

Suivi du second «Forum sur le théâtre au SLSJ»


Nous étions une trentaine de participants, réunis tout l'après-midi, pour discuter de la saison théâtrale régionale («régionale» à défaut d'un terme plus consensuel...), de voir les outils et les moyens que nous pouvions mettre en place pour son articulation, sa promotion.

Après une brève entrée en matière de ma part pour resituer cet exercice du Forum dans sa continuité , resituer les enjeux dégagés l'an dernier, le comité organisateur de cette année (Lyne L'Italien, Réjean Gauthier, Véronique Villeneuve, Marilyne Renaud et moi-même) a laissé une place aux divers comités mis en place depuis la première édition pour un bref suivi: le comité «carte privilège», le comité «cachets de publicité», le comité «cartes blanches», le comité «organisme de services» et le comité «plan d'action». 

Puis il y a eu une première étape à la discussion: la présentation (et bonification) du calendrier de la saison prochaine (2012-2013). Ce portrait global (projeté en direct sur grand écran) permet de voir la diversité de productions à venir et les plages achalandées du calendrier. Cet outil - qui pourrait être en ligne tel que proposé - pourrait permettre, d'une part, sur consultation, aux compagnies de programmer leurs activités en toute connaissance de cause... D'autres part, si il est parfois impossible d'éviter la surcharge de l'offre, le calendrier peut d'ores et déjà cibler avec qui les compagnies doivent se tourner pour établir des partenariats en vue, par exemple, d'une promotion conjointe...

Cette discussion, fort utile, a débordé, inévitablement, sur les problèmes de locaux et de disponibilités des lieux de diffusion. Problème récurrent. Diverses pistes émergent... comme un lieu de création à l'image des ateliers Touttout... un projet de longue haleine, il va sans dire...

Comment chacun peut-il y trouver son compte? Difficile à dire. Chose certaine, la concertation ne nuit pas.

Un outil pour les créateurs, donc, mais qu'est-ce qu'on en fait par la suite? Peut-on définir une saison théâtrale? Ce fut là le sujet de la seconde partie de l'après-midi. Quel(s) moyen(s) prendre pour faire connaître et reconnaître le théâtre d'ici? 

Un premier questionnement: s'il y a promotion, il y a promotion de quoi? De chacune des compagnies? De l'ensemble? En ce cas, quelle image donner à celui-ci? Il a été suggéré de prendre le temps de faire une campagne publicitaire (après consultation d'experts en marketing)... une campagne ciblée. Parce qui cherche-t-on à atteindre? Le milieu culturel déjà sensibilisé? Le grand public?

Après plusieurs minutes d'échanges (je prends là un raccourci!), l'idée retenue est de concevoir un dépliant où chque compagnies et regroupements (selon une grille tarifaire à venir) pourrait inscrire sa programmation (et son créneau). Un objet promotionnel pour tous... imprimé à 10 000 exemplaires. Je m'occuperai de la collection des informations pour le Saguenay et Réjean Gauthier de celle du Lac. Ce premier essai (qui sera réalisé par Christian Roberge) devra être lancé à la mi-septembre.

Il s'agit là d'un premier pas vers une campagne de plus grande envergure. À quoi ressemblera-t-elle? L'avenir le dira.

Il a été convenu, enfin, qu'un troisième (et d'autres!) Forum viendra... à chaque troisième vendredi du mois de juin. Avec un autre sujet. Les agendas peuvent donc être déjà bloqués!

(En attendant, si un participant qui lit à quelque chose à ajouter ou une précision à apporter, il peut le faire via les commentaires!)

Vers le second «Forum sur le théâtre au SLSJ»






Le second Forum sur le théâtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean débutera dans quelques heures (de 13h à 17h) à la Salle Pierrette-Gaudreault (Jonquière). Combien serons-nous? Dix? Vingt? Trente? Plus encore? 

Que proposons-nous au cours de cette séance de travail? Une quête pour des outils, des moyens, du concret! Tout pour faire connaître et reconnaître le théâtre d'ici.

mardi 19 juin 2012

De la confiance du metteur en scène...

 
Le metteur en scène doit toujours être sûr de lui en répétition. Mieux vaut faire des fautes, en se trompant audacieusement, que ramper de manière mal assurée vers la vérité. On peut toujours, le lendemain matin, renoncer à une erreur, mais on ne peut jamais retremper la confiance que l'acteur aurait perdue en face d'un metteur en scène qui hésite et qui doute.

Ce credo - de Meyerhold (plus précisément tiré de la page 324 du tome IV de ses Écrits sur le théâtre) - me plaît particulièrement... et ça m'étonne de ne pas en avoir déjà fait un billet! Du moins, je n'en retrouve pas... Mais peu importe. Je crois profondément en ce principe et le relire (ou le réécrire...) me le rappelle avec force.

Une nuance est importante à faire, je crois. Il ne s'agit pas de faire se faire une carapace ou une façade si fausse qu'elle ne donne rien. Il faut juste rester sûr de soi dans les propositions qu'on fait... en étant bien confiant (et conscient!) que la modification est possible et qu'on peut se le permettre.


lundi 18 juin 2012

De la voix de l'auteur... et de son peu d'importance selon Schechner


 Décidément, mon week-end fut schechnérien... et j'y retrouve, finalement - moi qui n'a jamais accroché au théâtre américain - des points de vue que je partage somme toute assez facilement. Comme celui-ci, expliquant (toujours dans Performances - Expérimentation et théorie du théâtre aux USA, page 39), en quelques termes simples, que la fonction de la mise en scène n'est pas de correspondre à la vision, la voix de l'auteur:

Le travail de mise en scène consiste à redonner une vision scénique à la pièce, non pas en essayant de retrouver celle de l'auteur, mais en cherchant en quoi les circonstances immédiates révèlent le texte. Il est de toute façon généralement impossible de retrouver la vision de l'auteur de la pièce. Cette vision peut être inconnue, comme c'est le cas de la plupart des écrivains prémodernes; ou alors la pièce est montée dans un contexte culturel différent de celui d'origine, ou encore les conventions et l'architecture du théâtre rendent cet objectif impossible. Redonner une vision scénique à la pièce est un processus incontournable, car la matrice socio-culturelle de la vision originelle change rapidement. La vision originelle est liée a la matrice originelle et se perd en même temps qu'elle. À mon avis, même la première mise en scène d'un drame n'a pas une position privilégiée à ce égard, à moins que l'auteur lui-même soit aussi le metteur en scène, et ce privilège disparaît avec l'auteur.


dimanche 17 juin 2012

«Orphée aux enfers» [Carnet de mise en scène]

Affiche de la seconde version de l'oeuvre produite en 1874
 
Nouvelle catégorie de billets; nouveau carnet de mise en scène... 

L'annonce a été faite il y a quelques jours (voir ici) par Martin Boucher, directeur artistique de la Société d'Arts Lyriques du Royaume: je serai le metteur en scène de la prochaine opérette présentée cet hiver, dans un Auditorium-Dufour rénové...

L’œuvre choisie est Orphée aux enfers d'Offenbach... la version courte de 1858. Ce sera la troisième fois que l'organisme la produit. Mais comme je ne l'ai pas vue, je n'ai aucune préconception de laquelle je dois me départir... Mais beaucoup, beaucoup d'airs connus et une histoire, parodie de la mythologie grecque, qui ne m'est pas étrangère...

Je dois donc, dans les mois à venir, me plonger dans le coffret que je me suis procuré pour écouter et assimiler et l'intégral musical et le livret tout en peaufinant une ébauche de conception esthétique que je soumettrai à l'équipe à la toute fin de l'été (une première proposition très préliminaire ayant été déposée il y a quelques temps)... Mettre les chanteurs et la musique en valeur dans un cadre théâtralisé... Des idées, j'en ai. J'y reviendrai dans un billet subséquent...

Un gros projet en perspective... avec un orchestre, un choeur et des chanteurs professionnels... à la suite de tout le travail fait par Éric Chalifour au cours des dernières années... Un défi stimulant.

L'Ordre du Bleuet


Hier soir avait lieu le Gala de l'Ordre du Bleuet où de nouveaux membres ont été intronisés... Chaque année, ils sont près (parfois un peu plus) d'une dizaine, issus du milieu culturel, à faire leur entrée au sein de cette confrérie qui se donne pour mission de reconnaître ces gens qui ont contribué à l’essor de la vie culturelle du Saguenay–Lac-Saint-Jean, soit par leurs actions démontrant un engagement exceptionnel, soit par la grande qualité de leurs œuvres et de la pratique de leur art ou encore par leur rayonnement (voir le site de l'Ordre).

Par les années passées, plusieurs sont venus du milieu des arts de la scène (de la danse, de la musique ou du chant lyrique)... mais seuls Ghislain Bouchard et son épouse ont été nommés pour le théâtre... du moins jusqu'à hier où deux nouvelles personnalités ont obtenu cette reconnaissance.

Le premier (selon l'ordre alphabétique) est de Roberval. Il s'agit de Réjean Gauthier, du Théâtre Mic Mac.  Depuis plusieurs années, il y a officié à titre de comédien, de metteur en scène (dont leur dernière production, en avril dernier, d'Albertine en cinq temps), de concepteur (notamment pour les costumes, les coiffures et les maquillages). Un collaborateur méticuleux, enthousiaste et dynamique quand il fait partie d'une équipe de création! Il faut aussi mentionner que son implication dépasse le seul cénacle du Mic Mac alors qu'il siège à la table de la culture de Roberval (bon, le nom n'est pas précis) en plus d'animer sa propre compagnie de formation et de création, La Valise Animée

Le second est Rodrigue Villeneuve, de Chicoutimi... dont le principal fait d'arme est peut-être d'avoir été à la source, comme professeur en théâtre à l'UQAC, l'initiateur d'un véritable milieu régional (alors qu'il a formé la majorité des praticiens actuels). En parallèle, toute son action artistique avec les Têtes Heureuses (qu'il a cofondé avec Hélène Bergeron et Marielle Brown) est à souligné tant par sa cohérence que sa rigueur scénique. Une culture imposante. Une mine de savoir.

Bravo à eux deux.




samedi 16 juin 2012

Une histoire étymologique du théâtre


 Bien que je ne sois pas un grand fan (du moins, un grand connaisseur) de l'école de pensée théâtrale américaine, je dois reconnaître que la lecture de l'un de ses éminents avant-gardistes, Richard Schechner (et son ouvrage Performance - Expérimentation et théorie du théâtre aux USA, réussit à m'intéresser à chaque fois. (D'ailleurs, lors de l'atelier sur la recherche-création en milieu universitaire qui s'est tenu au début du mois de juin, on m'a chaudement recommandé d'approfondir cette voie américaine dans la redéfinition de la théâtralité/performativité...)

Feuilletant donc ce bouquin à la recherche d'un passage que j'avais noté dans mon carnet, je tombe sur celui-ci  en page 468 qui, en quelques lignes, donne la mission fondamentale du théâtre en passant par l'étymologie (qui aurait pu être écrit par le professeur de La leçon de Ionesco!):

Avant d'aller plus loin, revenons sur la notion occidentale de théâtre. Le terme «théâtre» s'apparente à théorème, théorie, théoricien et autres termes du genre, issus du grec theatron, de thea (une «vue») et de theastai («voir»), aussi apparenté à thauma («quelque chose qui attire le regard, une merveille») et theorein («regarder»). Theorein  est apparenté à theorema, «spectacle» et/ou «spéculation». Ces termes auraient pour racine l'indo-européen dheu ou dhau («regarder»). La racine indo-européenne de Thespis, nom du légendaire initiateur du théâtre grec, est seku, qui signifie «remarque» ou «adage», et sous-entend une vision divine. De seku viendraient les termes anglais see («voir»), sight («vue») et say («dire»). Ainsi, le théâtre grec, et tous les théâtres de type européen qui en dérivent, sont des lieux où l'on va pour voir et dire, et d'où l'on voit et dit. Ce type de théâtre, tout comme le cinéma et la télévision qui en sont des dérivés, est caractérisé par sa spécularité, ses stratégies du regard.

C'est là l'un des paradigmes essentiel du théâtre... mais, comme je l'ai déjà écrit quelque part (pour être plus précis), certains - comme Castelluci - le surpasse pour faire du théâtre contemporain non plus un lieu où l'on voit mais plutôt le lieu où l'on montre...

vendredi 15 juin 2012

Le théâtre, art du faux?

 
Les planches?... je ne connais pas les planches. 
Je connais le gazon que foulent Roméo et Juliette; 
je connais le sable qui crie sous le pas furtif de Don Juan; 
je connais les piquants d'éteule sur lesquelles trotte le barbet de Faust; 
je connais le marbre où se traînent les sandales d'Oedipe; 
je ne connais pas les planches!

Ces mots sont tirés du discours d'Edmond Rostand - l'auteur de Cyrano de Bergerac - lors de son entrée à l'Académie française au début du XXième siècle. Ils soulignent bien tout le paradoxe théâtral: faire vrai avec du faux.

jeudi 14 juin 2012

Le mystère du rythme scénique...


Comment un comédien, en jeu, peut-il avoir connaissance du rythme? Comment sait-il que le temps laissé entre deux répliques n'est ni trop long, ni trop court? Comment sait-il que le temps qu'il met à faire une action ou un déplacement ne ralentit pas l'ensemble scénique? Comment sait-il jouer avec le temps (je devrais plutôt dire les temps: le temps réel de l'acteur sur les planches, le temps réel du dialogue avec la salle, le temps fictif de l'intrigue... comme définit dans ce billet) de façon efficace?

Ces questions (que je me suis posées alors que j'assistais, comme spectateur, à une répétition de La Marmite hier matin), je les trouve fascinantes... et aussi terriblement embêtante quand vient le temps de les aborder avec des interprètes en tant que metteur en scène. Il s'agit là d'un sujet sans consistance... Pour moi, cette notion, le rythme, est aussi insaisissable que celle de la présence. Cet autre élément ésotérico-théâtral. Impossible à décrire parfaitement mais si facile à ressentir de la salle... Conceptuel, abstrait... mais pourtant terriblement concret et physique!

Peut-être le comédien l'a ou ne l'a pas... C'est, en d'autres termes, le fameux sens du timing... Bien sûr, il peut compter mentalement, oui, pour arriver à un résultat potable... mais ça restera toujours une béquille un peu figé dans un carcan temporel... 

Le véritable sens du rythme est improvisé.

Une seconde de trop ou une en moins, et l'effet s'effondre... même s'il est toujours là. Plusieurs en trop, plusieurs en moins et il disparaît complètement. Le contrôle de la durée (que je qualifierais de scénique) est essentielle (tout comme le sont le contrôle de la voix, du corps, de l'espace)... particulièrement le cadre d'une comédie où le rythme est souvent à la base de tout.

Un cours de théâtre

Légèreté du jeudi matin...