Dire que le milieu théâtral d'ici est petit est un bel euphémisme... Un milieu petit et enchevêtré alors que chacun a, à un moment ou à un autre, croisé professionnellement la route d'un autre. Un milieu petit qui offre pourtant un nombre de productions relativement élevé impliquant, du coup, de nombreux collègues. Des productions en tout genre. Qui s'adressent à tous les publics... incluant, bien sûr, le public des praticiens de la région.
Pourtant, cette dernière frange spectatrice fait souvent défaut: manque de temps pour cause d'autres répétitions, de représentations simultanées, de tournées; fatigue; manque d'argent; désintérêt pour le sujet ou la forme...
Nous (je m'inclus dans cette catégorie) avons tous connu ce dilemme entre le «J'y vais!» et le «Ça ne me tente pas!». Et nous avons tous, à un moment ou un autre, penchés vers la seconde option qui nous installe ailleurs que dans une salle de spectacle.
Cet état de fait ne change malheureusement rien à l'affaire: à chaque spectacle, nous scruterons les cahiers de réservations... et au bilan, nous ferons tous la liste de ceux qui ne sont pas venus en supputant les causes de cette désaffection.
Alors, la question se pose. Faudrait-il, comme praticiens faisant partie de ce milieu, tout voir? Sommes-nous moralement tenus de tout voir? Un tel engagement envers le théâtre saguenéen (et jeannois) serait d'une lourdeur sans pareil! Tout voir? Je ne pense pas.
À mon avis, notre devoir - le terme est peut-être un peu fort... responsabilité conviendrait peut-être mieux! - est d'un autre ordre: se tenir informer... et littéralement devenir les portes-voix de ce qui se trame sur nos scènes et ce, dans nos familles, dans nos réseaux, dans nos milieux de vie respectifs (incluant les espaces virtuels). C'est là que devrait se jouer, à mon avis, la solidarité des créateurs saguenéens et jeannois. Pas dans les présences (bien que souhaitables) à tout crin dans les salles (en quel cas le théâtre d'ici deviendrait rapidement tautologique), mais dans les efforts concertés pour faire rayonner les informations auprès de nos différents publics en espérant les ouvrir aussi à ce que font nos collègues.
Vision un peu romantique de la chose, peut-être. Mais j'y crois.
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