Je viens de recevoir ce tout petit bouquin (dans la collection Mettre en scène chez Actes Sud-Papier qui est, en soi, fort intéressante) qui donne la parole à Robert Lepage.
Il est l'un des grands metteurs en scène contemporains et cet entretien d'une soixantaine de pages (qui va de ses débuts jusqu'à l'ouverture du Diamant et ses projets de 2018 et années suivantes) nous permet de saisir son parcours et les contours de sa vision et de sa pratique:
[...] Le fond n'est rien sans la forme. Parfois les deux cohabitent de manière égale. Pendant longtemps, on pensait que je ne m'intéressais qu'à la forme. Or, je m'intéressais autant au fond. Peut-être que la forme était maladroite et qu'on ne voyait qu'elle? Peut-être qu'elle était tellement nouvelle qu'on ne voyait que le nouveau gadget qui avait été utilisé? Sans doute, avec le temps, suis-je juste un petit peu plus habile à faire dialoguer la forme et le fond. (p.45)
[...] Je crois en l'acteur-inventeur ou l'acteur-créateur. L'acteur-interprète ne m'intéresse pas. Je ne travaille pas à l'interprétation, mais j'essaie de travailler à l'invention. (p.48)
[...] Un spectacle est fixé seulement le jour où on ne le joue plus. On perçoit le théâtre comme une chose sacrosainte qu'on ne peut pas retoucher. Or, tout spectacle vivant est retouché. (p.58)
[...] Le théâtre est un métier d'humiliation. On se casse la gueule, mais on n'en meurt pas. (p.61)
[...] Quand on crée un spectacle, on invente des règles, des limites, pour que le public comprenne ce qu'on fait, mais il ne faut pas qu'elles nous emprisonnent. Il faut les établir mais dire aussi qu'on a le droit d'en sortir. (p.63)
[...] J'essaie toujours d'accueillir les idées saugrenues, lancées comme une farce, quelque chose qui n'est même pas une proposition. Alors, j'essaie de les mettre en pratique et souvent nous trouvons là la réponse à ce que l'on cherchait! (p. 65)
C'est une lecture stimulante. Inspirante.
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