Hier, j'ai publié un petit article publié en août 1931 où le Censeur Municipal des théâtres donne les grandes lignes de son encadrement. Et cette lettre est signé J. P. Filion. Qui est-il?
Joseph-Philéas Filion est un grand nom de l'histoire du théâtre au Québec qui revient constamment: acteur réputé, il fait partie de nombreuses troupes dans cet âge d'or du début du XXième siècle, belle époque du mélodrame et du théâtre à la chaîne. Il participe à de très nombreux spectacles et y côtoie les autres grands noms: Julien Daoust, Palmiéri, Blanche de la Sablonnière, Fred Barry, Albert Duquesne, Léon Petitjean, Paul Cazeneuve. (Une biographie complète se retrouve ici.)
Le 26 février 1930 survient un scandale de moralité comme en témoigne ce reportage paru le lendemain dans La Presse (pour plus de détails, retour sur mon blogue):
Suite à cet événement, la Ville de Montréal crée, via son service de police (où il y a une Escouade de la moralité depuis 1909), le poste de Censeur Municipal pour les théâtres pour éviter toute autre attaque à la bonne vertu du peuple par le biais de la scène! La Patrie du 28 mai 1930 annonce que le premier (et seul, nous le verrons!) titulaire sera Filion qui passera ainsi de la lumière de la scène au côté obscur de la Force morale:
Le Devoir du 9 juillet 1930 confirme cette nomination:
Plein de bonnes intentions, Filion y va, dans Le Devoir du 24 juillet 1930, de ses objectifs:
Filion ne perd pas de temps et s'applique à la tâche. Le Devoir du 23 septembre 1930 annonce la fermeture d'un théâtre comme réprimande:
Pour plus de détails sur cette fermeture, il faut lire L'Illustration du 11 novembre 1930:
Le 29 novembre 1930, Filion publie, dans La Presse une lettre où il explique son travail selon son point de vue (je ne publie ici que cette partie en omettant la longue introduction où il raconte l'histoire de la censure à remontant à Philippe LeBel!):
La Presse du 9 février 1932 rappelle, en dix points qu'il faut lire comme les dix commandements de la vertu!, ces nouvelles mesures qui s'appliquent aux théâtres de la Ville (un peu dans la lignée de l'article publié hier) et qu'il faut, selon La Patrie du même jour, afficher dans les théâtres, sur la scène et dans la salle et respecter sous peine sévère:
Ses activités de censeur laisse à Filion assez de temps pour s'occuper de la mise en place d'une bibliothèque dédié au théâtre tel que le rapporte La Patrie du 12 novembre 1932:
... mais il semble que son travail ne soit pas au goût de tous et certains osent le critiquer comme le rapporte L'Ordre du 24 mars 1934:
Voici un autre sujet à débat - et pas des moindres puisqu'il s'agit de la pièce la plus jouée à l'époque! - que nous rappelle Le Devoir des 9 et 10 juillet 1934:
Mais ça semble grenouiller autour de Filion. Voici ce qu'en dit L'Ordre du 19 septembre 1934 (et plusieurs autres journaux publient des articles similaires):
Filion restera en poste. Respecté en tant qu'artiste renommé, respecté comme censeur, il participe au fil des années à de nombreuses manifestations artistiques, donnant des conférences et des entrevues sur différents sujets touchant le théâtre. Le 2 décembre 1939, Radiomonde publie une entrevue où il donne son opinion sur le milieu théâtral d'alors (la fin des années '30 coïncide avec la remise en question d'un fonctionnement épuisant qui alignera ce milieu hyperactif vers une professionnalisation):
Le 6 novembre 1940, il passe l'arme à gauche. Parmi les articles sur cette disparition, voici celui de La Patrie, le lendemain:
Pendant dix ans, il aura occupé ce poste de Censeur Municipal des théâtres... poste qui ne lui survivra pas si l'on se fie à La Patrie du 8 novembre 1940:
La disparition de ce poste ne signifie évidemment pas la fin de la censure. De nombreux autres cas surviendront dans les années suivantes (les plus importants seront en 1967 avec les Saltimbanques et les Ballets Africains) mais ils reviendront à l'Escouade de la moralité (créée en 1909) au sein de la Police de Montréal.
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