samedi 14 mai 2016

Les Pageants: l'histoire mise en scène


L'une de ces avenues trop longtemps laissée dans l'oubli est le pageant, communément appelé pageant historique. Fort apparentée à la fête et à l'esprit du carnaval ou du festival, cette forme de spectacle à grand déploiement apparaît offrir tous les signes distinctifs d'une théâtralité totale. Pourtant, bien qu'elle ait connu une grande vogue au Québec, elle a peu attiré l'attention des chercheurs intéressés à la théâtralisation de l'histoire.


Cette citation provient d'un article (Le phénomène des pageants au Québec, qu'on peut lire ici), publié sur internet, par Rémi Tourangeau, auteur-chercheur qui y définit l'origine du pageant et dresse d'intéressants liens avec les mystères médiévaux. 

C'est le même auteur qui publie, dans le trente-cinquième numéro de Cap-aux-diamants, la revue d'histoire du Québec, l'article dont j'emprunte le titre pour coiffer ce billet. 

Évidemment, comme le titre l'indique encore, il y sera question de ce genre théâtral à grand déploiement, particulièrement en vogue entre les années 30 et 60, qui raconte, en une immense fresque, des pans entiers de l'histoire.

Ici, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, le pageant tel qu'on l'entend peut trouver écho, d'une certaine façon, dans La Fabuleuse histoire du Royaume... mais c'est faire abstraction d'un autre événement marquant de l'histoire culturel cinquante ans plus tôt: celui organisé en 1938, toujours à La Baie, pour marquer les célébration du centenaire de la région. 


Et Tourangeau en parlera dans son article Les pageants: l'histoire mise en scène (ici). Ainsi que le fera cet autre article publié l'an dernier. Par ailleurs, pour les visuels, de nombreuses autres photos témoignent du caractère grandiose de l'entreprise (notamment l'installation scénique!) dans la photothèque de la Société Historique du Saguenay (ici).

vendredi 13 mai 2016

Retour en 1985...

J'aime bien retourner dans le passé pour voir comment le théâtre s'est développé au fil des années... que ce soit l'histoire du théâtre universel ou celle du Québec... ou encore celle, plus locale, du Saguenay-Lac-Saint-Jean dont nous faisons partie. 

Bien que ce soit un peu cliché comme slogan, c'est un devoir de mémoire.

À la suite des recherches et des lectures, il est intéressant de voir les liens se tisser entre les différents artisans, entre les différentes compagnies. De voir l'évolution des différents enjeux, entre les naissances et la mort des compagnies, l'arrivée en scène du Module des arts de l'UQAC et la professionnalisation. 

À ce titre, voici, en lien, un article écrit par Hélène Bergeron, Le Saguenay-Lac-Saint-Jean: entre l'essoufflement et la persévérance (qu'on peut lire ici). 

L'intérêt de celui-ci est multiple.

D'abord, il a été publié en 1985 (il y a donc 31 ans!) dans le trente-sixième numéro de Jeu: revue de théâtre et trace le contour de l'écologie théâtrale - somme toute effervescente! - de l'époque. Du coup, dans  le corps du texte et la (seule) note de bas de page, il y va d'une nomenclature de compagnies importantes aujourd'hui disparue. Enfin, il évoque aussi les tiraillements - de tous ordres - d'un milieu en construction. 

Comme le souligne aussi un autre cliché, connaître le passé permet de faire comprendre le présent... 

Sur certains points, notamment quand il est question de cette vitalité qui peine pourtant à survivre, nous pourrions croire que ce texte ne date que de quelques semaines, quelques mois, quelques années... Alors, essoufflement ou persévérance?

(Bientôt, à partir d'articles de journaux, je ferai un billet sur l'arrivée du CALQ et des conséquences sur les différentes organisations.)

mercredi 11 mai 2016

Se montrer...

J'aime particulièrement un article (Le théâtre ou l'exhibition du monstre) publié par Bénédicte Boisson dans le trente-septième numéro de l'Annuaire Théâtral. Un passage que je trouve franchement inspirant. Un passage qui ouvre passablement sur la dimension corporelle de la scène et qui pousse à la réflexion.

Étrangement, il semble que je n'y ai fait référence qu'une seule fois sans jamais vraiment y revenir... alors voici cet extrait:

Le corps des comédiens apparaissent en scène et ce lieu, parce qu'il est exposé aux regards et qu'il est le lieu de la représentation, leur confère un statut particulier. La scène peut être en effet considérée comme un lieu monstrueux par essence, c'est-à-dire comme un lieu d'exhibition où «ceux qui viennent dire ces mots et qui se montrent (montrare en latin)» pour les dire quittent forcément le régime de la normalité.

[...] Pour l'acteur, il ne s'agit pas alors de jouer mais d'être en scène, de vivre la contrainte de la scène et de s'exhiber.

[...] Le théâtre est un lieu d'exhibition et plus il exploite cette réalité, plus il a de chances de proposer aux spectateurs une véritable expérience.

Ce petit passage revient à une autre assertion théorique de Castelluci qui me plaît bien parce qu'elle opère un beau changement de paradigme... et dont j'ai aussi sûrement parlé quelque par sur ce blogue: le théâtre n'est plus ce lieu d'où l'on regarde mais bien lieu d'où l'on montre... 


mardi 10 mai 2016

Une (autre) histoire de perruque!

Les histoires de perruques qui tombent en scène ont toujours fait rire et continuent, de nos jours, de faire se bidonner les spectateurs. De tous temps. Comme en témoigne, d'une certaine façon, cette anecdote du 18e siècle tirée de l'ouvrage (vive Google Books!) Le Théâtre d'autrefois, publié en 1842:



lundi 9 mai 2016

De la tradition...

La tradition, on le sait, n'est plus ce qu'elle était: on ne peut plus l'imaginer et elle est suspecte. Mais chaque artiste, qu'il le veuille ou non, réexamine son rapport à cette tradition. 

C'est ce que dit Patrice Pavis dans La mise en scène contemporaine. Pour ma part, je me considère comme un metteur en scène somme toute traditionnel (et j'imprime immanquablement cette marque au théâtre que je dirige) et je m'en réclame.

Ce qui ne signifie pas que je ne sois pas au fait de ce qui se passe dans le théâtre contemporain. Je continue de lire, de tenter de comprendre les mutations. D'avoir une vision théâtrale la plus large possible... bien que dans ma pratique, je reste, oui, rattaché à une vision classique.

Au fond, je crois tout autant à l'efficacité de l'écriture contemporaine pour dire le monde d'aujourd'hui qu'à l’importance de tendre, pour le spectateur, le miroir percutant et questionnant du répertoire qui, par le recul des décennies et des siècles, prend de toutes nouvelles dimensions.
J'aime explorer les textes connus mais aussi moins connus, à la recherche d'un écho de notre société.

Et pourtant, parfois, cela est vu comme étant un manque d'innovation, un manque d'interdisciplinarité (ce critère postmoderne hors duquel ne sont que le passéisme et le ringard)! Comme si travailler à l'intérieur des paramètres de cette tradition n'impliquait aucune recherche, aucune exploration contemporaine... 

Le préjugé est parfois tenace. 

dimanche 8 mai 2016

Au théâtre, cette semaine! (du 8 au 14 mai 2016)


Petite semaine théâtrale... qui ressemblera à beaucoup d'autres jusqu'à la reprise des activités estivales... 

Dimanche, 8 mai 2016
Théâtre du Palais municipale (La Baie), 20h

Diffusion Saguenay reçoit, une sempiternelle fois (parce que c'est devenu le Broue des année 2000) Ladies Night.  Après plus de 400 représentations à guichets fermés partout au Québec, LADIES NIGHT est de retour! Pour notre plus grand plaisir et pour celui de nos sympathiques chômeurs, la troupe reprend du service. Ils n'ont toujours pas le physique de l'emploi, on dit même qu'ils l'ont encore moins qu'avant, mais ils sont habités plus que jamais par cette même volonté de séduire, au risque de faire rire!

Mardi, 10 mai 2016
Théâtre du Palais-Municipal (La Baie), 19h30

Présentation du spectacle Le Projet IMPACT qui vise à sensibiliser les jeunes contre l'alcool et la drogue au volant. Suite à un après bal de finissants bien arrosé, 3 jeunes quittent en voiture pour retourner à la maison. Malheureusement ils ne peuvent éviter la catastrophe. Venez vivre avec nous l’ensemble des conséquences, sociales, légales et familiales qui accompagneront cette mauvaise décision. Les textes sont d'Annick Martel et la mise en scène de Louis Wauthier. 

Mercredi, 11 mai 2016
IQ L'atelier (Alma), 19h

Un évènement incroyable se prépare à Alma ! Le jeune collectif de théâtre d'improvisation IkRea convie la population pour une soirée où le rire sera à l'honneur. Lors de cette soirée, les IkRéateurs éplucheront diverses brochures journalistiques afin de vous faire vivre une incursion dans le monde des faits divers. De sources sûres, le jeune collectif et IQ L'Atelier voudraient profiter de cette soirée pour lancer lors d'une conférence de presse éclatante un mystérieux projet : le projet K**** (seule information dont nous disposons pour le moment). Les curieux sont invités à se présenter lors du « 5 à 7 de presse » s'ils veulent davantage d'informations. Ils pourront choisir les meilleures places pour ensuite assister au spectacle « Cohérence de presse ! » qui débutera dès 19h.

samedi 7 mai 2016

Trio de farces médiévales [Carnet de mise en scène]


Aujourd'hui, nous entamons la véritable mise en scène de la première des trois farces au programme: La Farce du Pâté et de la Tarte. La plus longue (peut-être un peu plus qu'une demie-heure)... écrite (auteur anonyme), selon les spécialistes, autour de 1420-1422. 

Quatre personnages s'entrecroisent: le pâtissier (Gervais Arcand) et son épouse (Sophie Larouche), pétris de radineries et de suspicions... et un couple de mendiant rusés (Eric Chalifour et Mélanie Potvin) qui voient leur chance tourner à leur désavantage. 

Une farce classique dans son écriture, avec, en prime, une bastonnade en bonne et due forme! Une farce assez proche, dans le thème, de la Farce de Maître Pathelin.

Le rythme est rapide. Les scènes sont nombreuses (il y en a 16!). Il y a là tout un travail scénique à faire pour que le tout s'enchaîne de façon cohérente, fluide, efficace. Et surtout, drôle!

vendredi 6 mai 2016

Les obsèques de Mademoiselle Raucourt

La tombe de Mlle Raucourt au Père-Lachaise

Mademoiselle Raucourt (détails biographiques ici) a été l'une des grandes comédiennes de l'histoire du théâtre en France (l'égale de la Dusmenil, de la Clairon, de la Duchesnois ou de Mlle George). Une tragédienne hors-pair (et avec un constant parfum de scandale autour d'elle!) dont le talent s'est déployé à la fin du 18ème et au début du 19ème siècle. 

Comme pour faire suite à cette vie sulfureuse (qui enchaînait amants et surtout maîtresses), sa mort a été le lieu d'un vif soulèvement populaire alors que l'Église, en la personne de l'abbé Marduel (nous sommes en 1815), lui refuse le repos éternel parce qu'elle n'a pas abjuré son vil état de comédienne:

Se ralliant à la majorité des avis, les amis de la défunte, résolus à soustraire sa dépouille au probable affront, décidèrent de la mener directement au Père-Lachaise. Le cercueil fut glissé dans le corbillard et on se mit en marche. Il était une heure. Mais, ignorant des dernières dispositions prises, le cocher se dirigea vers [l'église] Saint-Roch. Les ordonnateurs lui donnèrent l'ordre de suivre le boulevard. Il y eut un commencement de bagarre. Des furieux sautèrent aux brides des chevaux et les entraînèrent rue de la Michodière. Un vent de colère souffla sur la foule qui cria: «À l'église! À l'église!» La foule poussa le corbillard sur le parvis de Saint-Roch. Une députation se rendit auprès de l'abbé Marduel, le priant de se rendre aux vœux du peuple. Il allégua les ordres reçus et refusa. 

Alors, discrètement et craignant pour les suites de cette aventure, les comédiens donnèrent l'ordre au cocher de reprendre le chemin du cimetière. La foule, furieuse, arrivant par la rue Traversière, détela les chevaux et reconduisit le char funèbre à l'église. Malgré l'arrivée du commissaire de police et des agents, les portes furent enfoncées... Empoigné par cent mains, le cercueil de la morte fut apporté dans le chœur et déposé au pied de l'autel. Les briquets battus, tous les cierges flambèrent haut, tandis que, furieux et répétés, retentissaient les cris de: «Le curé! Le curé!»... L'abbé Marduel délégua un de ses vicaires pour dire l'office à la morte. En silence, les prières furent écoutées et, l'absoute donnée, le cercueil fut replacé sur le corbillard. La foule vida l'église. Le cortège passa devant la Comédie-Française et s'y arrêta. Un inconnu prononça un discours au milieu des larmes de tous les assistants. 

Le lendemain, aucun journal ne parla de ces incidents. Des ordres avait été donnés

C'est le témoignage de H. Fleischmann, comtemporain de l'actrice, relaté dans Grandes actrices - leur vie, leurs amours de Marcel Pollitzer.

jeudi 5 mai 2016

La maladie du toc


Le théâtre, nombreux sont ceux qui ne l'aiment pas en raison de ce que Roland Barthes diagnostiquait comme étant «la maladie» du toc. La maladie des tissus d'apparat bon marché, des toiles mal tendues, des verroteries clinquantes. Quelle preuve plus explicite pour attester la diffusion de la maladie et conforter la méfiance généralisée à l'égard du plateau et de ses parures que la devanture somptueuse d'un magasin dans le Marais où, pour décourager toute tentative d'effraction, la propriétaire avait posé une annonce: «ce sont des bijoux de théâtre»? La scène, pour ceux qui n'aiment pas la regarder, cultive le règne de la richesse trompeuse qui ne parvient pas pour autant à tromper. [...] Le toc, le cheap, mais les notions ne se recouvrent pas, leur rejet entretient encore le désamour auprès des gens qui ne fréquentent pas le théâtre en train de se faire mais se réfèrent à son image constituée, transmise, stéréotypée. Depuis, elle a connu des révisions et de radicales mutations. 

J'aime bien cette tentative d'explication du désamour du théâtre par certains. Elle est le fait de Georges Banu dans son petit ouvrage (fort intéressant... après tout c'est l'un des grands penseurs du théâtre) Amour et désamour du théâtre, publié en 2013 chez Actes Sud (dans la série Le temps du théâtre). J'aime la description de cette image qu'ont certains du théâtre, du costume, du décor. Une vision folklorique qui résiste à la contemporanéité. 

Pour ma part, je pense que le toc est aussi un art et derrière le faux et le simulé, il peut  y avoir une véritable recherche esthétique. Le problème du toc, c'est quand il se prend au sérieux (et ça arrive). Tant qu'il se sait théâtral (et non une recherche d'imitation de la réalité), il peut avoir sa raison d'être, avoir une efficacité scénique incroyable... 

mardi 3 mai 2016

«Comment se monte un Téléthéâtre»


Voici une (longue mais intéressante parce que d'une autre époque) description de la façon dont Radio-Canada montait un des éléments majeurs de sa programmation: les téléthéâtre. Un rendez-vous télévisuel incontournable dont il ne reste plus qu'un vague écho dans la captation d'une pièce  et la très rare diffusion de celle-ci sur les ondes contemporaines. Cette (longue mais fascinante) description a été publié en 1960 dans Le Livre de l'année 1960 (relatant les événements de l'an précédent...) publié aux Éditions Grolier de Montréal. Elle est le fait de M. Jean-Paul Ladouceur, directeur de la production à Radio-Canada

«Merci tout le monde». Les derniers mots du réalisateur envahissent l'intercom et vont rejoindre tous les collaborateurs, comédiens, musiciens, machinistes et techniciens. Le réalisateur retire son pouce de la clé du panneau de contrôle et le système de communication surchargé de directives depuis trois jours s'éteint graduellement. Le spectacle est terminé. Le «fade-out» traditionnel a été lancé sur le plateau. L'intensité des projecteurs diminue et l'ombre avant des coins du studio. Dans 30 minutes, la grande boîte grouillante d'activité deviendra déserte, obscure et silencieuse. Le réalisateur, bien qu'exténué, retourne cependant à son bureau pour y prendre le texte du prochain spectacle. Dans six semaines, il dirigera un autre téléthéâtre du studio 40.

Des mois avant la date de l'émission, l'oeuvre à jouer est choisie [...]. Le réalisateur achète un texte ou un script avec l'approbation de son superviseur et se met immédiatement au travail. L'auteur ou l'adaptateur travaille avec lui. Il faut couper ou allonger le texte à la longueur du programme (1 heure 29 minutes et 25 secondes de texte). Si le programme est commandité, on y retranche la longueur permise aux messages commerciaux. Le texte doit tenir compte de l'espace alloué au studio, du nombre des décors, du coût des décors, de la distribution des acteurs, des limites imposées par les problèmes techniques, des insertions sur film, des changements de costumes ou de maquillages et de la durée totale des répétitions [...] Ensuite, il (le réalisateur) prépare sa réunion de production où, avec le gérant de la production, il expose à tous les chefs de service (les concepteurs), les besoins de son téléthéâtre. [...] Des esquisses de décors et de costumes apparaissent sur la table, sont disséquées puis rejetées pour faire place à d'autres qui permettront ou un meilleur éclairage ou des déplacements plus faciles de caméra ou des espaces voilés rendant possible des angles d'images plus intéressants. L'Administration écoute attentivement, prononçant occasionnellement un veto sans appel sur une dépense jugée injustifiable. Le coordonnateur commercial surveille les intérêts du commanditaires et voit à ce que rien dans l'oeuvre ne vienne créer des conflits. Le directeur de la production clôt la réunion en acceptant ou rejetant la proposition budgétaire. [...]

Aussitôt la réunion terminée, la script-assistante [...] fait des listes complètes énumérant l'horaire des répétitions, la description de la plantation des du décor, le détail des costumes et des maquillages, la cédule du régisseur, de l'éclairagiste, du caméraman qui tournera les insertions, le contenu des titres et des crédits, l'approvisionnement des accessoires, meubles et tentures. [...]

[Après l'embauche des comédiens et la négociation des cachets] commencent les répétitions «à froid», c'est-à-dire les répétitions sans décors ou caméras. [...].

Puis l'équipe de menuisiers et de peintres se met au travail. Le trompe-l'oeil est nécessité de premier ordre. Tous les trucs sont acceptables s'ils reproduisent visuellement l'effet désiré. Un tube de carton devient colonne de vivoir et des blocs de mousse plastique se changent en lourdes pierres. Des rubans de cellophane montés sur un éventail électrique brillent nerveusement sous le feu d'un projecteur pour froidement s'installer à la place des flammes d'un foyer. 

Les accessoiristes, au volant de leur camionnettes, font la ronde des magasins de bric-à-brac, des musées, des collectionneurs afin de réunir les objets qui meubleront ce décor.

Les perruquiers fabriquent sur mesure les perruques poudrées pour les courtisans de la cour. À l'atelier de couture, les tailleurs, les couturières, les habilleuses dessinent et confectionnent les vingt robes et habits avec des étoffes choisies sous l'oeil de la caméra.

Les préposés aux effets spéciaux alignent les tuyaux perforés qui imiteront la pluie aux fenêtres entourées de tentures soyeuses qu'on est entrain de coudre. 

Le caméraman des insertions tournent en extérieur les paysages qui seront projetés derrière les écrans transparents pour servir d'horizon aux fenêtres sans vitre. 

Aux services techniques, la trame sonore, musique et effets, prend forme. Le bruiteur recueille sur disque ou ruban les coupures enregistrées ou procède à la collection des objets disparates qui serviront à fabriquer synthétiquement, en direct, les bruits commandés par le texte. 

[...]

Les répétitions «à froid» se terminent et tous envahissent le plateau. [...] Durant trois jours on répète avec les décors, les costumes et les maquillages [sous l'oeil des différents techniciens et caméramans]. Comme des athlètes qui deviennent habiles en pratiquant, tous les membres de l'équipe apprennent chacun un rôle bien minuté. [...]

Le jour de l'émission, on procède à la «générale», dernière répétition au point, qui se déroule avec tout le sérieux et la tension qu'on associe à l'émission même. D'ailleurs, cette générale est kinescopée, c'est-à-dire enregistrée sur film afin de servir de documentation. Elle est le point final qui permet à toute l'équipe de minuter exactement le spectacle. Si cette répétition révèle que le spectacle est trop court ou trop long, on procède aux corrections. La maquilleuse retouche un sourcil trop arqué. Le commanditaire fait corriger l'éclairage sur l'étalage de ses produits. [...]

Les aiguillent de l'horloge filent. Le réalisateur se précipite vers la salle de contrôle, presse le bouton «Attention 30 secondes, Stand-by». Le silence s'empare du contrôle. «Attention-5-4-3-2-1-fade-in, cue, musique». Le bruiteur met en mouvement le disque requis. La caméra UN cadre sur le baril des titres. Le réalisateur se tourne vers l'annonceur, lui fait signe. «Radio-Canada présente... le Téléthéâtre». Les moniteurs s'allument, chacun correspondant à une caméra. Le réalisateur et la script-assistante commandent les coupures et les disques, donnent des ordres aux régisseurs. Les sons viennent de plusieurs endroits et le mur d'en face est couvert d'images. L'intercom est nerveux et le long de son parcours des gens écoutent, attentifs et prêts à servir. Sur le plateau, pourtant, on n'entend que les comédiens. En silence se déplacent les caméras. Les machinistes marchent à pas feutrés et évitent se se montrer sous les lentilles. L'éclairagiste au contrôle passe d'une combinaison d'éclairage sombre à un déluge de lumière. La costumière attend l'ingénue qui devra passer de la robe de paysanne au manteau d'hermine. Les minutes passent, puis l'heure. «Merci tout le monde.»

lundi 2 mai 2016

La présences des femmes sur scènes... à Québec

Que des femmes soient sur scène et jouent des personnages nous semble aller de soi... Et pourtant. Il y eût tant de ces époques où celles-ci n'avaient pas le droit d'y monter... Ici même, au Québec, s'installa une tradition théâtrale toute masculine (particulièrement sous le règne de Monseigneur Bourget qui pourfendait la promiscuité des sexes)... 

Au point où un témoin, M. Jacques Auger (dans la revue mensuelle La nouvelle France, dont il est directeur, en mai 1881) affirme que ce tabou n'a été brisé... que le 22 avril 1853 (!), alors qu'était donnée la première représentation de L'Abbé de l'Épée (qu'on peut lire ici) un drame émouvant de Bouilly (plus d'informations ici):


Québec n'avait-elle jamais eu de femmes sur ses scènes auparavant? Je l'ignore, en fait... bien que je sache que de tous temps, de nombreuses règles de conduite interdisaient aux dames de se faire comédienne...

Ce même Auger, décrit, dans une édition ultérieure de la même revue, la façon dont on organisait les pièces dans les théâtre de société (à la mode à la fin du XVIIIième et au début du XIXième siècle) et, du coup, fait encore référence au fait que les femmes étaient excluses:



Quelle perte pour les publics de l'époque... 

dimanche 1 mai 2016

Au théâtre, cette semaine! (Du 1er au 7 mai 2016)


Il y a beaucoup de trucs, cette semaine... Pour tous les goûts! 

Voici ce que j'ai trouvé sur Facebook, ce qu'on m'a envoyé, ce qui se trouve sur la Vitrine culturelle du Saguenay et sur les sites des compagnies. Alors il se peut que j'en échappe. Restez à l'affût!

Aujourd'hui, 1er mai 2016
Salle Marguerite-Tellier (Chicoutimi), 13h

Le Théâtre À Bout Portant tient sa grande activité bénéfice annuelle aujourd'hui! Et c'est le Bingo Épique: L'occasion d'assouvir enfin votre envie folle de jouer au bingo, de gagner une multitude de prix palpitants, de rester suspendus aux lèvres de nos deux animateurs délurés Isabelle Boivin et Guillaume Ouellet et surtout de rire en bonne compagnie. Joueurs compulsifs en prime! Apportez vos pattes de lapin porte-bonheur. Et tout ça sous la présidence d'honneur de Keyven Ferland, de la Web Shop

Mardi et mercredi, 3 et 4 mai 2016 
Salle François Brassard (Jonquière), 19h30

Les étudiants en théâtre du programme Arts, lettres et communication du Cégep de Jonquière présentent leur production finale: une adaptation de la pièce Les Apatrides de Maryline Perreault (plus de détails sur la pièce originale ici), dans une mise en scène de Chantale Dubé. C'est gratuit.

Mercredi à samedi, 4 au 7 mai 2016
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h
DERNIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre du Faux Coffre nous revient avec une nouvelle production, L'Enterrement de GrossomodoÀ l'aide d'une quantité impressionnante d'archives, l'intellectuel Diogène revisite les événements troublants de l'été 1995 qui ont failli priver le monde des prouesses du clown noir Grossomodo. Documents inédits, correspondances émouvantes, archives audio, archives vidéo, reconstitutions, entrevues avec des témoins, vulgarisation avec des experts, tout sera mis à profit pour raconter avec justesse et rigueur ce drame terrifiant qui coïncide avec le tout premier rôle au théâtre du révolutionnaire Trac. Un travail journalistique époustouflant. À la tombée du rideau, vous aussi vous direz : c'est incroyable ! Pour réserver, il est possible de le faire par téléphone au 418-698-3000 poste 6561 ou via la page Facebook de l'événement. 

Samedi, 7 mai 2016
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonquière), 13h30

Le Théâtre La Rubrique reçoit le Théâtre Bouches Décousues et sa production pour enfants Papoul (texte et mise en scène de Jasmine Dubé, l'une des figures importantes du genre au Québec): Cocorico! Du chant du coq jusqu’à la berceuse, Papoul s’active. Tic! Tac! Entre la pouletterie et le travail ! Tic! Entre les courses et les rendez-vous d’affaires! Tac! Entre l’oeuf ou la poule, Papoul veille sur ses petits cocos. Heureusement, Grand-Papoul rythme les heures de la maisonnée. Heureusement, Mapoul reviendra bientôt… (Sur le site de la Rubrique, il est indiqué qu'il y aurait une représentation scolaire la veille.) Plus de détails ici.

Samedi, 7 mai 2016
Théâtre du Palais municipale (La Baie), 20h

Diffusion Saguenay reçoit, une sempiternelle fois (parce que c'est devenu le Broue des année 2000) Ladies Night. (Et comme c'est complet, une supplémentaire a été ajoutée le lendemain.) Après plus de 400 représentations à guichets fermés partout au Québec, LADIES NIGHT est de retour! Pour notre plus grand plaisir et pour celui de nos sympathiques chômeurs, la troupe reprend du service. Ils n'ont toujours pas le physique de l'emploi, on dit même qu'ils l'ont encore moins qu'avant, mais ils sont habités plus que jamais par cette même volonté de séduire, au risque de faire rire!