dimanche 9 mai 2010

L'Assemblée des femmes [Carnet de notes]

L'une des choses qui m'a fait choisir L'Assemblée des femmes d'Aristophane comme prochaine production estivale est tout le discours politique qui s'y cache (peu subtilement, en fait!)... et qui près de 2500 ans plus tard trouve une résonance quasi parfaite dans le contexte actuel!

Le combat entre l'individualisme et le bien de l'état. Le combat entre la soumission aux lois et l'intérêt particulier. Le combat entre l'intégrité et le cynisme. Ça ne rappelle rien?

Voici quelques lignes tirées du discours (sorties de leur contexte comique) de Praxagora (Erika Brisson), le personnage principal de cette pièce qui pourrait fort bien sortir textuellement de la bouche d'une autre femme célèbre, Pauline Marois:

Photo: La Presse Canadienne /Jacques Boissinot

Citoyens ! Ma patrie m'est chère autant qu'à vous, mais je souffre et je m’indigne de tous les désordres qui s’y commettent ! Je vois qu’en fait de chefs, elle choisit successivement ce qu’il y a de plus mauvais; s’il en est un qui soit honnête durant une seule journée, il est mauvais les dix jours suivants. S’est-on tourner vers un autre? Il fera encore plus de dégâts! Il est difficile de corriger votre humeur chagrine; vous redoutez ceux qui vous aiment, et vous vous prosternez aux pieds de ceux qui vous trahissent. Il fut un temps où nous n'avions pas d'assemblées; alors nous pensions tous qu'Agyrrhius était un malhonnête homme; maintenant qu'elles sont instituées, celui qui y reçoit de l'argent pense que tout est pour le mieux, mais celui qui n'en reçoit pas, déclare digne de mort quiconque vend son suffrage. Citoyens, c'est vous qui êtes cause de tout le mal. Trafiquant des affaires publiques, chacun considère le gain particulier qu’il en tirera; aussi l'État s'en va boitant comme un vieillard. Mais écoutez-moi, et vous serez sauvés une fois de plus. C'est aux femmes, je le déclare, qu'il faut remettre la direction des affaires; car ce sont elles qui administrent et règlent nos ménages. C’est aux femmes qu’il faut se fier! C’est aux femmes qu’appartient l’avenir!


1 commentaire:

  1. Et on croit encore parfois que c'est Aragon qui a dit que «la femme était l'avenir de l'homme».
    On vérifie encore, comme les Classiques, que les Grecs ont déjà tout dit.

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