jeudi 28 mars 2024

Petit moment de recul



Depuis quelques jours - beaucoup depuis le budget provincial... beaucoup depuis hier, Journée Mondiale du Théâtre... ce matin encore dans le Devoir (ici) - le discours ambiant du milieu théâtral est de se déclarer en mode survie. 
 
D'emblée, posons le diagnostic: il y a un cruel sous-financement culturel (comme dans plusieurs autres sphères de la société). Vrai. Plus que vrai. Mais est-ce que ça a déjà été facile? Quand les conditions l'ont-elles été? Au point d'être en mode survie? Vraiment?
 
Bien sûr qu'il faut de l'amélioration... et la balle est peut-être aussi en partie dans notre camp.

Et si c'était plutôt le moment, le signal, pour repenser radicalement notre fonctionnement (mais vrai, ici aussi, qu'il faudrait repenser, au passage, tout le mode d'attribution des subventions), de répondre autrement aux besoins de ce milieu? Comme un coup de pied dans une façon de faire qui a atteint sa limite? Qui sait...
 
Une chose me semble pourtant claire. Crier à la crise, c'est un peu crier au loup. C'est préoccupant, vrai. Plus que vrai. Mais ce fatalisme est aussi terriblement épuisant, démotivant.
 
Réclamons. Dénonçons. Transformons. Représentons. Bref, agissons avec un objectif précis: améliorer la situation. Cenne par cenne s'il le faut. Dollar par dollar. Pouce par pouce. De concertation en mutualisation. De reconfiguration en nouveaux projets.
 
Mais au final, ô surprise, ce sera quand même un éternel recommencement... parce que le théâtre, dans son essence même, se nourrit peut-être de ces crises permanentes et de l'adversité.

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Je termine en citant Meyerhold (citation qui est sur le mur de mon bureau en permanence):  Si le théâtre d’aujourd’hui ne meurt pas, c’est qu’il recèle encore des sèves vivifiantes. Qu’on l’achève s’il est condamné mais qu’on le ranime s’il est viable!

Et Ionesco: La crise du théâtre existe-t-elle? Elle finira par exister, si l'on continue d'en parler. On pense qu'un théâtre ne peut pas exister dans une société divisée. Il ne peut exister que dans une société divisée. Il ne peut exister que lorsqu'il y a conflit, divorce avec mes administrateur ou mes administrés (ce qui dépasse la notion de classes sociales), ma femme ou mon amante, mes enfants et moi, moi et mon ami, moi et moi-même. Il y aura toujours division et antagonismes. C'est-à-dire qu'il y aura division tant qu'il y aura de la vie. L'univers est en crise perpétuelle. Sans la crise, sans la menace de mort, il n'y a que la mort. Donc: il y a crise au théâtre seulement lorsque le théâtre n'exprime pas la crise. Il y a crise de théâtre lorsqu'il y a immobilité, refus de recherche; pensée morte, c'est-à-dire dirigée.

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