Voici, en ce sens, une partie de la description de l'objet de Anne Ubersfled dans Les termes clés de l'analyse du théâtre:
mardi 31 mai 2011
L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]
Voici, en ce sens, une partie de la description de l'objet de Anne Ubersfled dans Les termes clés de l'analyse du théâtre:
Bouger avec Meyerhold
portrait qui illustre, par ailleurs, la couverture de la biographie du Maître écrite par Gérard Abensour.
La description est de Béatrice Piccon-Vallin - spécialiste meyerholdienne s'il en est une! - dans l'un des tomes de la collection Les voies de la création théâtrale (une collection plus qu'excellente) consacré à Vsevolod Emilievitch Meyerhold, en page 54.
C'est, à quelques mots près, ce que j'essaie d'appliquer dans mon travail avec les acteurs... sans encore pourtant avoir atteint des résultats probants. Maîtriser avant d'aller plus loin ou ailleurs... tel est mon mot d'ordre.
lundi 30 mai 2011
L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]
VAUDEVILLE: Le mot vaudeville est ancien mais son acception a sensiblement évolué entre l'époque où le genre était tiré plutôt vers la chanson, et aujourd'hui où l'on a tendance à en faire un des cantons du théâtre de Boulevard. Le plus intéressant est la mécanique dramatique et stylistique qu'il met en branle, marquée au sceau de la folie, du côté des situations comme des personnages.
Historique
À l'origine, chanson bachique et satirique originaire du «Val» ou du «Vau-de-vire» et dont la tradition attribue la création, vers 1430, à Olivier Basselin. Le terme vaudeville, dont l'étymologie demeure contestée (il aurait pu aussi subir l'attraction paronymique de «voix-de-villes», recueil de chansons populaires), désire tour à tour des chansons gaies, grivoises et caustiques, puis les couplets chantés sur des airs connus introduits dans une comédie légère, enfin la comédie elle-même. Aujourd'hui, il désigne une comédie d'intrigues sans couplets, riche de complications (généralement amoureuses) nées de rencontres fortuites et de quiproquos.
[...] Toutefois, dans la plupart de ces innombrables pièces, qu'elles tirent vers la «folie», l'anecdote ou la farce grivoise, l'argument était mince et ne reposait souvent que sur quelques calembours et le talent de l'acteur. Le mérite de Scribe, qui domine le genre de 1815 à 1850, est de donner au vaudeville une charpente fortement construite où le suspens ménagé n'exclut ni sentiment, ni psychologie, ni critique sociale. Cette évolution conduit vers 1860 à la disparition des couplets chantés. Le vaudeville accentue encore la rigueur de sa construction sous l'impulsion de Labiche qui, à partir d'Un chapeau de paille d'Italie (1851), donne plus de tempo au mouvement, hypertrophie les procédés comiques, en particulier les répétitions, les méprises, et la logique des situations où sont jetés des personnages tétanisés.
Cet héritage sera repris par A. Hennequin (1842-1887) et surtout par Feydeau qui construit des pièces le plus souvent en trois actes où l'intrigue très complexe et méticuleusement agencée, après un quiproquo ou une rencontre inattendue, lance les personnages dans un monde où, avec frénésie, s'enchaînent des péripéties saugrenue et où règne la logique loufoque de l'absurde.
Après Feydeau, le genre s'affadit et s'apparente au théâtre de Boulevard, qu'il marque de son empreinte. [...]
Il est toujours bon de connaître l'historique d'un genre avant que de ne l'explorer...
dimanche 29 mai 2011
Au théâtre, cette semaine (du 29 mai au 4 juin 2011)
À l'écran radar de cette semaine, qu'un truc (si j'en oublie, on pourra les rajouter dans les commentaires)... enfin deux.
Pavillon des arts (UQAC), pm
SUR INVITATION SEULEMENT
Théâtre du Palais Municipal (La Baie), 20h
Diffusion Saguenay reçoit l'opéra-folk Les filles de Caleb (musique de Michel Rivard et livret de Micheline Lanctôt). Pour ceux qui sont intéressés, à 87.50$, d'entendre les Daniel Boucher, Luce Dufault et autres comparses pousser la note sur l'oeuvre marquante d'Arlette Cousture... Personnellement, cette mode de la chansonnette me laisse perplexe...
Voilà.
samedi 28 mai 2011
Dernier acte.
vendredi 27 mai 2011
Le mouvement décortiqué
le point de décision,
le point critique,
le point d'aboutissement,
le point d'amortissement.
Petit exercice de visualisation. Où se situeraient chacun de ses points si, par exemple, sur scène, un comédien assis à une table se penchait pour prendre une tasse?
Enfin, dernier petit commentaire, il est intéressant de constater que cette affirmation, ce schéma du mouvement reprend quasiment mot pour mot le schéma du théâtre classique.
jeudi 26 mai 2011
L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]
Généralement, tous les déplacements, gestes, mouvements, actions sont brusques. Il faut atteindre une fluidité et une précision en tout, un synchronisme lorsque nécessaire, une force motrice continue d'un bout à l'autre de la production.
L'espace réduit qui confine à une proximité continuelle, comme je l'ai à quelques reprises mentionné, ne supporte aucune faille, aucune improvisation, aucune hésitation. À ce titre, je n'attends rien de moins que la perfection scénique, la virtuosité de la part des acteurs.
Du coup, les comédiens ne peuvent se permettre de relâchement(s) en scène. Ils doivent maintenir leur corps en tension, en état de jeu constant, prêt à réagir au quart de tour.
La calme doit régir le travail de jeu. Avec cette histoire de faux-fuyants, d'urgence, de crainte, de frayeur, de terreur, il est facile de tomber dans l'incontrôlable et l'incontrôlé, le criard, le cabotinage. Cette production est très physique. L'essoufflement, l'émotion ne doivent en aucun cas devenir le canevas de construction du personnage.
Tous les apartes doivent être revus. Ces moments où le comédien doit marquer la complicité avec le public doivent se faire plus clairement.
Le langage doit être plus châtié ou, du moins, un peu plus homogénéisé d'un acteur à l'autre. C'est toujours un problème avec les textes français (dans le sens de «venus de France») et leur mise en bouche d'un comédien à l'autre.
Enfin, tout doit encore être travaillé... peaufiné... nuancé... précisé... amélioré... dynamisé... rehaussé.
mercredi 25 mai 2011
Variations sur la théâtralité...
Patrice Pavis, dans l'ouvrage Vers une théorie de la pratique théâtrale réédité en 2007, à partir de la page 267, y va non pas d'une seul définition mais plutôt d'une série d'assertions à partir d'une série de spectacles qu'il a vu en 1998 pendant le Festival d'Avignon. Une série d'assertions (argumentées) qui, chacune ouvre une nouvelle voie sur le concept, le déconstruit, le retourne, le reconstruit... Comme elles sont nombreuses - dix-sept en tout! - je vais les publier ici en deux billets.
1. La théâtralité réclamée aujourd'hui consiste en une mise en spectacle des comédiens, elle ne se contente plus du regard porté sur une action dramatique intérieure, liée à la parole, et s'achevant dans la reconnaissance de la vérité. La théâtralité d'à présent est aux antipodes de l'antique regard sur la parole d'autrui. Elle aspire au spectacle.
2. Chassez la théâtralité, elle revient au galop.
3. La théâtralité montre l'intérieur des êtres, le fil ténu qui nous rattache à la vie et à l'amour, même avec un téléphone portable ou un appareil transplanté au cœur de l'action.
4. La théâtralité est un engin qui risque à tout moment de nous tomber dessus et d'étouffer la parole et la vie. C'est l'irruption de la fiction dans la réalité.
5. Théâtralité: façon d'atténuer le réel pour le rendre esthétique, ou érotique.
6. En intensifiant la théâtralité, que ce soit la fureur de dire ou la persuasion d'être, on risque toujours de se perdre ou de tourner en rond.
7. Théâtralité: choc des régimes de fiction. Attention: une théâtralité peut en cacher une autre.
8.Théâtralité: le réel du réel. Réel: la théâtralité de la théâtralité.
9. Toute théâtralité n'a de sens que pour qui sait la réfléchir aujourd'hui.
10. Théâtralité: la vitesse supérieure du couple, dans ses conflits, ses échanges, ses scènes de ménage.
11. La théâtralité du conteur: une parole linéaire et tendue mais qui revient toujours à son point de départ.
12. Théâtralité de la mise en scène: lorsqu'on n'est plus en mesure de distinguer le texte et la scène, l'origine du résultat, la parole du corps, lorsque les matériaux s'accordent et se consomment, mais sans se consumer dans un sens ultime, lorsque la scène est littérale.
13. La théâtralité consiste, dans un premier temps, à ouvrir un chantier, sans savoir si on aura les moyens de finir les travaux. Elle s'achève et se réalise lorsque les matériaux s'organisent en un système idéal qui complète et parachève l'extraction des matériaux. Ce système a pour nom: «mise en scène».
14. La théâtralité est une thérapie de choc pour connaître le réel, y compris politique.
15. La théâtralité ne peut se penser hors d'elle-même: l'envers de la théâtralité n'est encore que de la théâtralité.
16. La théâtralité ne se laisse pas transformer en une catégorie anthropologique universelle. Elle préfère s'effacer devant d'autres formes de performativités qui sont à découvrir dans les culturels extra-européens, ou dans des activités spectaculaires non liées à l'art.
17. Théâtralité: faculté de changer l'échelle, de suggérer et de fabriquer le réel avec la voix, la vue, les vocables, les sonorités, les images et autres bouts e ficelle. Théâtralité: parole incarnée.
Intéressant... Laborieux pour le mental... mais intéressant.
mardi 24 mai 2011
Tableau comparatif
Bien entendu, la réalité n'est pas si manichéenne et il peut y avoir une certaine perméabilité entre les deux. Mais dans les grandes lignes, ça passe...
DÉMONSTRATION | MONSTRATION |
Théâtre conventionnel, théâtre dramatique | Théâtre post-moderne, post-dramatique |
Théâtre = lieu où l’on voit (où il y a incarnation) | Théâtre = lieu où l’on montre (les quatre principes performatifs de Schechner : 1-being, 2-doing, 3-showing doing, 4-explication) |
Texte spectaculaire | Texte performatif |
Création du sens (unique) sur la scène transmis vers le public (réception collective) | Création du sens (pluriel) dans le public à partir de ce qui est sur scène (réception individualisée) |
Règne du sens | Règne de l’expérience |
lundi 23 mai 2011
Un dur constat
... Je souffre parfois de voir le théâtre tomber pour ainsi dire en désuétude. Non, cette plainte n'est pas celle de celui qui a fait profession de l'art dramatique et qui, tel le petit commerçant voyant avec effroi s'installer à cinq mètres de sa boutique une «grande surface», se sentirait écrasé par la ruine et l'injustice, non, cette plainte n'est pas celle de l'archaïque devant l'industriel, cette plainte n'est pas nostalgique, fermée; au contraire: elle est ouverte vers le futur, elle est politique.
Depuis quelques années [...], le théâtre va mal. Le public le déserte, ou croit qu'il le fait, les médias l'ignorent ou le colonisent, la presse lui consacre une part de plus en plus restreinte, bien pis: les hommes et les femmes de théâtre eux-mêmes commencent à reculer, à obéir, recherchent les stars de cinéma ou de télévision, font des spectacles à durée standardisée; et le théâtre «populaire» - je le dis sans aucunement dénier les qualités intrinsèques et les vertus politiques de ce qu'on a parfois nommé ainsi - se transforme plus que jamais en grands shows qui miment les rassemblements populistes, en images qui singent celles de la pratique publicitaire.
[...] Non, non: il ne s'agit pas là de «la mort du théâtre», que l'on annonce périodiquement, annonces qui sont la scansion même de sa respiration, le bruit que fait son cœur; car c'est de toujours être sur le point de mourir que le théâtre vit, c'est sa faiblesse extrême qui fait sa force infinie. («Comment le théâtre pourrait-il mourir, lui qui n'a jamais été pleinement vivant, comment pourrait-il disparaître, lui qui n'est jamais tout à fait présent?» Comment un spectre pourrait-il mourir?)
Pourtant, aujourd'hui plus que jamais, [... alors qu'] il reste une activité, immémoriale, qui joue de la vérité comme on joue du couteau, qui annonce avant tout le Vide et l'Ouvert, qui est l'art de l'écoute avant d'être celui de la parole, et qui est le théâtre - aujourd'hui, donc, plus que jamais, cet art est minimisé, ridiculisé, ou pire, célébré à la manière de l'industrie cinématographique, c'est-à-dire colonisé, annoncé comme un produit marchand, et montré sous un jour amateur et folklorique [...] ou bien comme une vieillerie légèrement archaïsante et nostalgique [...].
Un constat dur, disais-je?
dimanche 22 mai 2011
Parlant de productions estivales...
Voici, en vrac, les productions estivales à venir.
Les premiers à monter sur les planches seront les gens du théâtre du Complexe Touristique de la Dam-en-terre à Alma, avec leur pièce dans la plus pure tradition du genre, Un 18 trous pour quatre.
Suivra l'entrée en scène de La Fabuleuse histoire d'un Royaume pour un autre tour de piste après quatre ans de remisage (si ce n'est de quelques sorties anglophones...).
Par la suite, coup sur coup, quatre productions prendront l'affiche.
Ça commencera par Couples, au Théâtre d'été de St-Félicien, un texte de Frédéric Blanchette mis en scène par Christian Ouellet.
Viendra ensuite, à trois jours d'intervalles (et pour marquer le centenaire de la naissance de l'homme) La Légende d'Arthur Villeneuve, une production de Ville Saguenay (de la Pulperie, en fait) confiée au Théâtre C.R.I.. Le texte est de Martin Giguère alors que Guylaine Rivard en signera la mise en scène.
Le surlendement, ce sera au tour du Théâtre 100 Masques de déployer sa production 2011, L'Affaire de la rue Lourcine, une incursion chez le maître du vaudeville, Eugène Labiche.
Quelques minutes plus tard, le Collectif À Tour d'Rôle, en collaboration avec le Côté-Cour de Jonquière, en sera à son troisième cabaret estival, Le Oh! Cabaret, une nouvelle création par rapport aux deux années antérieures.
Quand les productions de juillet s'épuiseront, le Théâtre du Faux Coffre s'amènera dans la salle Murdock pour une série de représentations. Qu'est-ce que nous y verrons? Les paris sont ouverts.
J'imagine qu'à travers ces «grandes» productions, d'autres plus petites viendront. Il y aura notamment l'animation sur le site de Val-Jalbert.
Au théâtre, cette semaine! (du 22 au 28 mai 2011)
Salle Murdock (Chic.), 20h
DERNIÈRE REPRÉSENTATION
C'est tout je crois...
samedi 21 mai 2011
Du potentiel événementiel
Une notion assez proche, dans les faits, de la biomécanique meyerholdienne.
Chaque geste de l'interprète fonctionne un peu comme la foudre. Il se construit par l'accumulation d'une charge, le potentiel événementiel. Ce potentiel crée un horizon d'attente chez le spectateur. Du coup, l'intérêt de toute action (ou inaction) se concentre dans celui-ci, dans ce qui peut ou non advenir, dans ce qui advient et n'adviendra jamais.
Le potentiel événementiel agit donc comme un ressort qui créera, tant chez le comédien que chez le spectateur, une tension de plus en plus palpable jusqu'à son dénouement soudain. Dès qu'il se réalisent, le geste et l'action perdent aussitôt leur force d'impact jusqu'à la remise en place d'un nouveau potentiel.
vendredi 20 mai 2011
Jouer.
c'est s'engager
au nom d'une vérité immédiate
qui ne peut plus se taire,
qui doit se dire et faire entendre.
Georges Banu, Solitude du dos et frontalité chorale*
________________________________________________
*article paru dans Alternatives théâtrales no.76-77
jeudi 19 mai 2011
Vers le premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»
Nous comptons sur les réponses - rapides! - pour mettre en place les derniers besoins (notamment pour commander le dîner). Nous comptons aussi sur le bouche-à-oreille pour que l'information circule.
La table est mise pour les discussions que nous espérons nombreuses, fortes, efficaces, dynamiques, franches.
Nous vous y attendons.
De formation en formation
Avant de prendre le taureau par les cornes, un détour par deux périodes d'explorations intensives.
Après trois jours de formation avec Philippe Lambert, vocalist (ou performeur vocal ou compositeur-improvisateur du son) de son état et dont la mission était d'aborder l'improvisation sonore (j'y reviendrai quand j'aurai mis de l'ordre dans mes notes!), les participants-collaborateurs-chercheurs sont, à partir d'aujourd'hui, confié aux bons soins de Éric Létourneau, performeur qui lui aura à explorer les possibilités des objets sonores à travers le hasard et l'imprévu.
Déjà, la matière est abondante et n'attend qu'un peu plus d'attention. Des questions se posent. Des réponses surgissent. Et pendant ce temps... J'y viendrai bientôt.
mercredi 18 mai 2011
Le calomniateur calomnié
L'extravagante nouveauté
Qui, triomphant de la police,
Profane des Français le spectacle enchanté.
Dans ce drame effronté chaque acteur est un vice:
Bartholo nous peint l'avarice,
Almaviva, le séducteur,
Sa tendre moitié l'adultère,
Et Doublemain un plat voleur.
Marceline est une mégère;
Basile un calomniateur;
Franchette l'innocente est trop apprivoisée
Et le page d'amour, au doux nom Chérubin,
Est, à vrai dire, un fieffé libertin,
Protégé par Suzon, fille plus que rusée;
Pour l'esprit de l'ouvrage, il est chez Bridoison.
Mais Figaro?... Le drôle à son patron
Si scandaleusement ressemble
Il est si frappant, qu'il fait peur;
Et pour voir à la fin tous les vices ensemble,
Le parterre en chorus a demandé l'auteur.
mardi 17 mai 2011
L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]
Cette première étape étant franchie, à compter de la semaine prochaine, chacune des scènes sera revue en profondeur, avec, en tête, les dernières trouvailles pour chacun des personnages, la dynamique globale de la production. Une par une, elles seront revisitées, améliorées, ajustées, nettoyées, précisées, ciselées. Un travail de minutie... comme l'horloger qui se penche sur ses délicats mécanismes.
Une pièce de corps, de rires et d'accessoires!
Pendant ce temps, le matériel pour la scénographie arrive.
lundi 16 mai 2011
Nouveau départ.
Pour cette fois, j'y suis, avec, comme mandat, d'assister au travail en cours et d'y réfléchir, de construire autour de lui une pensée théorique et de le rendre éventuellement. Ce sera, pour moi, une première parce que je suis habitué de bâtir un argumentaire autour de ma propre recherche.
J'y reviendrai sûrement dans les jours à venir.
dimanche 15 mai 2011
De répétitions.
Parfois, je me sens un peu coupable de ne pas m'astreindre à cet exercice pour vite me convaincre de son inefficacité pour moi...
À ce titre, les numéros 52-53 et 54 d'Alternatives théâtrales (déc. 96 et jan. 97) consacrés aux répétitions d'un large éventail de metteurs en scène est une source de belles réflexions, où les conceptions et les modes de création diffèrent de l'un à l'autre. Voici celle d'Antoine Vitez qui (sur papier du moins!) me ressemble davantage:
Si je voyais des gens assis autour d'une table, à lire, je n'aurais rien à leur dire que quelques remarques philologiques. En revanche, dès que je les vois en chair et en os, debout, à quelque distance, le phénomène théâtral s'opère. [...] C'est au metteur en scène de ne pas perdre de temps et d'oser; le véritable travail du metteur en scène, c'est d'oser dire ce qu'il ressent, tout de suite. Savoir qu'il faut oser le faire. Avec, quand je suis en face des acteurs, l'immense angoisse de me tromper définitivement, et d'oser dire des choses absurdes ou qui blessent.
Bon.
Au théâtre, cette semaine! (du 15 au 21 mai 2011)

(et Dimanche - 22 mai 2011)
Salle Murdock (Chic.), 20h
SECONDE ET DERNIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS
Je pense que les étudiants du Cégep de Chicoutimi donneront aussi leur production de fin d'année cette semaine... mais peut-être que je me trompe.
C'est pas mal tout. Si j'oublie des choses, il est possible de les indiquer dans les commentaires.
samedi 14 mai 2011
L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]

Théâtre des Célestins, 26 septembre au 15 octobre 2006 (j'ignore toutefois le nom du photographe)
Toujours est-il que le travail en chantier dure près de cinquante-cinq minutes... Lorsque seront travaillées les dernières scènes et le rythme général, j'estime que le tout durera une heure et quart, une heure et vingt.
L'exercice vaut aussi, je crois, pour les comédiens qui peuvent dès lors avoir une vision objective (si tant est que cela se peut!) de l'œuvre en cours, acquérant une certaine confiance dans l'efficacité de leurs répliques et de leur personnage. Nous rions beaucoup...
L'enchaînement s'est surprenamment bien déroulé. Sans trop d'anicroches ni bogue majeur. Une fluidité somme toute assez convaincante. Bien sûr, il reste une somme colossale de travail à effectuer, du travail de découpage scénique, de mise au point des personnages, de précision visuelle et précision d'intention, de peaufinement des actions-réactions, de constance et d'aisance dans les mouvements fort chorégraphiques... du moins, j'espère qu'ils le deviendront. D'autant plus qu'avec cet esprit de rigueur se juxtapose un écueil de taille: la petitesse de l'espace confinera le regard du spectateur en un seul et unique point, minuscule dans la salle, comme si les comédiens étaient sous microscope.
Ici, la focalisation (telle que définit par Anne Ubersfeld(1) : travail du spectateur choisissant un élément de l'espace, un détail de la représentation, un acteur, pour faire porter son attention sur cet élément, et éventuellement le suivre dans son évolution) ne pourra qu'être unique et globale - voire obligée! - et commandera, du coup, une perfection. Bon. Le terme est fort. Disons donc qu'il faudra une virtuosité de chacun des participants à ce projet (ce qui implique aussi bien le metteur en scène, les comédiens et les concepteurs).
Ce qui, d'autre part, illustre bien ce que j'écrivais dans le dernier paragraphe du billet du 12 mai dernier (ici).
(1) dans Les termes clé de l'analyse théâtrale paru aux éditions du Seuil, Paris, 1996.
vendredi 13 mai 2011
L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]
- Faire vivre/dynamiser l'espace... par la mise en place et par leurs déplacements et leurs relations avec les accessoires et avec le décor;
- Avoir une conscience accrue de l'image qu'ils projettent... et chercher, par là, une perfection esthétique dans la pose, le geste;
- Faire comprendre les enjeux... tant par la voix (les intentions) que par le visage et le corps;
- S'inscrire dans un rythme soutenu et constant... alors que tous participent au même spectacle.
jeudi 12 mai 2011
Le choc des conceptions
Pour un adepte comme moi du théâtre disons fondamentaliste (caricaturé par un texte, un acteur, un spectacteur), ce foisonnement de dialogues interdisciplinaires en travers la trame du texte, cette ouverture du sens et son éclatement bousculent mes propres conceptions théâtrales centrées principalement sur le focus scénique (sur le jeu, notamment) que je qualifierais presque d'intégriste (alors qu'il y a une réduction minimale voire une absence de la technique - lumière, son-, de décors...). Un choc de visions. Des remises en questions qui ne pourront, au final, qu'être bénéfiques pour un art en constante évolution.
(1) SCHECHNER Richard, Performances, expérimentation et théorie du théâtre aux USA, Éditions Théâtrales, 2008 (Introduction, par Anne Cuisset, p. 118)
mercredi 11 mai 2011
Jusqu'à tout récemment...
Au même titre que les concubins, les usuriers et les sorciers, les comédiens sont, par décision de certains évêques, au milieu du XVIIième siècle, exlcus de la communion de l'Église catholique.
C'est une conséquence directe du changement de statut des comédiens: de saltimbanques, ils sont devenus professionnels. Pour des raisons économiques, les femmes montent, alors, sur scène. Elles ne manquaient pas d'être victimes du harcèlement sexuel des spectateurs privilégiés: c'en est fait de leur réputation qui retombe sur la profession toute entière. Il faudra attendre 1922 pour que le pape Pie XI, sur la demande de Georges Le Roy, comédien et professeur au Conservatoire (Gérard Philipe fut son élève), obtienne la suppression de l'excommunication.
Cette petite notice vient du petit ouvrage Le Théâtre: ses métiers, son langage, paru en 1994 sous la plume de Agnès Pierron.
mardi 10 mai 2011
Vers le premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»
Dans les jours à venir partiront les communiqués aux médias de même que les invitations et le document préparatoire (avec les thèmes et les pistes de réflexions) pour les participants.
Bien sûr, l'intérêt de la chose repose essentiellement sur la présence d'un plus grand nombre possible de gens du théâtre, du haut du Lac au fin fond du Saguenay, des petits jeunots aux vieux de la vieille, des universitaires aux artisans sur le tas, des administrateurs de compagnies aux praticiens de tout ordre (concepteurs, metteurs en scène, comédiens, auteurs).
Il y un milieu théâtral dans la région, c'est indéniable. Un milieu dynamique... et surtout, étonnamment diversifié. Un milieu très grand. Un milieu tout rose et tout beau? Peut-être... et peut-être pas. À coup sûr, il cependant de l'entretien. Et si nous pouvions l'améliorer?
Tous ceux qui font du théâtre sur le territoire sont concernés. Toutes les opinions, les commentaires, les impressions, les propositions sont nécessaires... qu'ils soient positifs ou négatifs.
La Rubrique recherche...

Ça donne envie d'appliquer, non?
lundi 9 mai 2011
L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]
Anne Ubersfeld, dans Les termes clés de l'analyse théâtrale définit bien ce vaudeville: Genre de comédie légère avec musique et chansons, dont l'origine un peu incertaine est très ancienne (et sans doute liée à des fêtes populaires), mais qui trouve sa vogue à la fin du XVIIIième siècle et dans la première moitié du XIXième siècle. Comédie «morale» (on peut y amener des enfants), elle se charge d'incidents burlesques, de quiproquos et de reconnaissances . La musique y joue un rôle très important: rarement originale, elle se nourrit d'airs populaires anciens ou contemporains. [...]
Ces dernières lignes définissent bien également la structure de L'Affaire de la rue Lourcine: un texte (relativement court) entrecoupé de plusieurs airs qui ont une importance dramaturgique réelle. Toutefois, les airs, bien qu'indiqués, ne se retrouvent guère. J'ai donc fait le choix de remplacer ces morceaux musicaux (et parodiques) anciens par des équivalents très contemporains... disons très années '70-80-90. Des airs populaires, oui... dont le kitsch des paroles (un peu revues pour les ajuster au contexte) et de la mélodie se marient très bien avec l'action scénique et l'intrigue.
_____________________________________
Les textes de cette période théâtrale (entre 1850 et 1920) me plaisent particulièrement. J'aime bien leur côté bien fait, leur perfection stylistique, dramaturgique et scénique. Des textes qui délaissent généralement la psychologie pour la caricature où souvent les personnages se définissent par leur nom ou leur métier. Des textes denses qui utilisent abondamment les diverses ressources pour faire surgir les rires. Des textes trop souvent négligés - voire méprisés - alors qu'ils demandent pourtant, aux metteurs en scène et interprètes, une technique, une virtuosité, un contrôle constants et sans faille.
dimanche 8 mai 2011
Au théâtre, cette semaine! (du 8 au 14 mai 2011)
Salle François-Brassard (Jonq.), 19h30
Au Sous-Bois (Café Cambio, Chicoutimi), 20h
(et dimanche - 15 mai 2011)
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h
PREMIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS
Voilà. Si j'oublie des trucs, on peut les ajouter dans les commentaires.
samedi 7 mai 2011
L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]
Déjà, le travail effectué tourne autour d'une petite demie-heure.
Le plan de travail est toujours de mise. Si la précision et la rigueur ne sont pas nécessairement au point, les rires fusent cependant et je crois que l'on a, entre les mains, une comédie efficace, aussi drôle que physique! Si je m'en tiens au calendrier, un premier enchaînement complet devrait avoir lieu d'ici deux petites semaines (le 21 mai pour être plus précis). Alors, nous aurons une vue d'ensemble sur la pièce, son rythme, ses personnages, ses dynamiques.
Pour cette production, le texte est pris comme matière de base qui peut se voir (et se voit!) modifié, d'abord pour accommoder la distribution en terme de personnages masculins et féminins, revu et corrigé pour lier des situations, des gestes, réécrit pour réintégré des répliques chantées (chose commune dans les vaudevilles). Au final, L'Affaire de la rue Lourcine, version Théâtre 100 Masques, ne sera pas de mais d'après Labiche, la partie originale couvrant peut-être 75-80% de l'oeuvre scénique.
D'ailleurs, dans la même veine, il me faudrait retrouver la source de cette citation qui me convient fort bien et que j'endosse: je ne joue pas un texte je joue avec un texte.
Maintenant, il nous faudra nous concentrer sur toute la recherche esthétique de cette production: scénographie, costumes, lumières, accessoires.
vendredi 6 mai 2011
Tautologie
L'envers de la théâtralité
n'est encore que de la théâtralité.
Patrice Pavis, Vers une théorie de la pratique théâtrale
jeudi 5 mai 2011
Le texte comme une série de figures
Dans un cadre de recherche sur la théâtralité et la performativité, il m'apparaît essentiel de les aborder l'une après l'autre, de les définir et leur donner un contour précis.
En voici une liste (qui n'est peut-être pas exhaustive) établie par Michel Vinaver dans son ouvrage Écritures dramatiques, essais d'études de textes de théâtre paru en 1993 (pp. 901-903) aux éditions Acte-Sud:
1) FIGURES TEXTUELLES FONDAMENTALES S'APPLIQUANT À UNE RÉPLIQUE OU UNE PARTIE DE RÉPLIQUE: attaque, défense, riposte, esquive, mouvement-vers
2) AUTRES FIGURES TEXTUELLES S'APPLIQUANT À UNE RÉPLIQUE OU À UNE PARTIE DE RÉPLIQUE : monologue, récit, plaidoyer, profession de foi, annonce, citation, soliloque, adresse, discours composites
3) FIGURES TEXTUELLES S'APPLIQUANT À UN ENSEMBLE DE RÉPLIQUES: duel, duo, chœur, polyphonie
4) FIGURES TEXTUELLES RELATIONNELLES S’APPLIQUANT À UNE RÉPLIQUE DANS SA RELATION AVEC LE MATÉRIAU TEXTUEL QUI PRÉCÈDE : bouclage, effet-miroir ou écho, répétition-variation, fulgurance.
Ces figures participent à refonder le rapport au texte non pas sur la fable, l'intrigue mais sur sa forme, sa construction.
mercredi 4 mai 2011
Vision théâtrale
Ces mots sont de Jean-Luc Lagarce, dramaturge français (décédé à la fin du XXième siècle) dont l'oeuvre est constituée de pièces fortes et théâtralement efficaces. De beaux morceaux de théâtre... notamment Music Hall... où il ne s'agit pas de viser à un discours globalisant mais de frapper le lecteur phrase par phrase, sans souci de cohérence immédiate. Ils sont tirés d'une entrevue publiée en 1995 (quelque six ans après sa mort), dans le 125ième numéro de Mégaphonie.
Toujours est-il que la citation d'ouverture décrirait bien ma propre vision du théâtre comme non pas une imitation de la vie, mais comme une construction de codes et de conventions, un jeu qui doit s'assumer et se montrer. Par la forme, le contenu.
D'ailleurs, pour revenir à Music Hall, il faut dire que cette pièce fait partie du corpus (cinq textes) utilisé dans le cadre de mes recherches au doctorat.
mardi 3 mai 2011
Coup(s) de théâtre!
Pas théâtrale mais presque...
Avec des drames, des tragédies et, dans des cas précis comme l'élection dans Berthier-Maskinongé, de l'absurde... Les coups ont porté. La mise en place présumée en début de campagne s'est métamorphosée par un deus ex machina incontrôlé: la volonté populaire.
Dans un contexte d'un gouvernement conservateur majoritaire, qu'adviendra-t-il notamment de l'art et de la culture? Peut-être serait-il temps, maintenant, que le Québec se prenne réellement en main.
lundi 2 mai 2011
La Visite [Carnet de mise en scène]
Au centre: Sonia Tremblay, Joan L'Espérance et Emmanuelle Girard
Derrière: Luc-Antoine Cauchon, Gervais Arcand et Jean-Sébastien Montpetit
Enfin, je me repose. Le stress peut enfin laisser la place au recul et à l'analyse des résultats. Je suis sincèrement content que ça ait bien été avec cette production... du moins de ce que j'en ai vu et ce que j'en ai su. Parce qu'avec toutes les épreuves traversées en cours de travail (du jour de la distribution à la première), le plaisir et l'enthousiasme ont été constamment minés par des éléments extérieurs à la création... et pour la première fois, j'ai douté. Pire, j'ai crains!
Une belle équipe, oui. Des gens fantastiques, oui. De beaux moments, oui.
Et pourtant...
Même si, dans l'ensemble, le travail s'est fait dans les rires, avec engagement (quoique douloureux dans le contexte de cette année), cette production aura été, pour moi, celle des regrets et des déceptions, des contrariétés et des impuissances. Non pour ce qui a été fait (que j'assume encore parce que j'y crois) mais pour ce qui n'aura pu être. Pour le temps manqué (et ce n'est pas là une vaine plainte convenue!). Pour tout ce qui, après coup, aurait pu nourrir la création.
Au final, toutefois, le succès (parce que c'en fut un!) a pu atténuer ces impressions! Un succès unanime? Probablement pas. Mais après tout, ce n'est pas là la réussite. Celle-ci résulte dans ce qui, jour après jour en répétition nous manquait et qui, soir après soir en représentation, faisait que la pièce pouvait prendre son envol: l'esprit d'équipe et le plaisir. Les comédiens et les concepteurs ont fait là un travail honnête, exigeant, rigoureux... et, jusqu'à la première, fichtrement angoissant!!!
Mais voilà. Le rideau est maintenant tombé.